À la suite de Lancéni Balla Keïta, Dr. Choguel Kokalla Maïga vient, à
son tour, de lancer une accusation gravissime aux couleurs de
parjure contre Ibrahim Boubacar Keïta. Dans une réaction datée du
11 février courant, destinée au public, aux Maliens pour être plus
précis, le président du MPR et ancien ministre indexe l’actuel chef
de l’État au coeur des manœuvres traîtresses visant à achever la
partition programmée du Mali.
Véritable pavé dans la marre, la communication de Dr. Maïga, qui passe
pour un connaisseur attentif de la vie politique nationale et un fin
analyste aux idées claires et cohérentes, a été lue et relue dans tous les
milieux où l’avenir du Mali est évoqué, circonstanciellement ou en
permanence.
Les éléments servis à l’attention des citoyens sont d’une historicité
traçable et d’une chronologie limpide. Tout concorde à prouver que le
président de la République, IBK, a pactisé avec les ennemis du Mali.
L’on serait même fondé à croire dur comme fer que sa seule motivation
pour assumer les plus hautes charges de l’État, devenir président et agir
comme tel, n’avait d’autre justification, aucune autre motivation, que
mettre en œuvre le plan ourdi par la France et ses suppôts irrédentistes,
à savoir procéder à une révision constitutionnelle à la faveur d’un
référendum, pour légitimer le délitement du Mali. On se souviendra
utilement qu’il y a quelques mois, l’ancien ministre et ancien député,
Lancéni Balla Keïta, avait fait une sortie fracassante relayée dans les
médias et sur les réseaux sociaux, dans laquelle il démontra, avec force
détails, qu’IBK a trahi en acceptant certaines clauses de l’Accord d’Alger
au grand étonnement, précisait-il de ses pairs africains eux-mêmes de
notre sous-région. Il avait réussi à convaincre l’opinion publique
nationale avertie que toute l’action d’Ibrahim Boubacar Keïta vise
seulement à vendre son pays d’origine, le Mali, à son pays d’adoption, la
France, dont il a toujours la nationalité. Tous les problèmes actuels du
Mali sont nés de l’Accord d’Alger qu’affirmait sentencieusement Lancéni
Balla Keïta. Le temps a passé, mais les scrutateurs n’ont pas chômé.
Des signaux sont apparus progressivement. Pour accepter de venir aux
assises du Dialogue National Inclusif (DNI) auquel IBK tenait comme à la
prunelle de ses yeux, les mouvements irrédentistes, autonomistes et
indépendantistes ont reçu d’abord l’assurance directement de IBK et de
la France, que l’Accord d’Alger ne sera pas à l’ordre du jour, qu’il ne sera
donc point question d’en modifier une ligne, ne serait-ce que d’un iota,
dans ses dispositions. Tant pis pour les agitateurs qui en avaient
néanmoins parlé au cours du DNI! Quand même ! Tant pis pour eux s'ils
n’avaient pas compris avant que l’Accord d’Alger a pour IBk valeur du
saint Coran et que ses formulations ne peuvent jamais être modifiées! Le
chef de l’État s’en fout de tout comme de l’an 40! Le chien aboie, la
caravane passe. Advienne que pourra, il poursuivra allègrement, avec
une sérénité tout olympique, sa marche vers l’indépendance
programmée de l’Azawad. C’est ce sur quoi Dr. Choguel K. Maïga vient
d’attirer à nouveau les intelligences. Premier extrait : Le contingent de
l’Armée dite reconstituée ne va-t-il pas être, comme par le passé,
cantonné dans une clôture ou dans un camp à Kidal-ville, interdisant du
coup aux soldats de faire des patrouilles militaires dans la ville de Kidal
et ses alentours ? Et, pourquoi pas, des patrouilles de longue portée
dans toute la Région dans le cadre de la lutte contre le terrorisme? Si le
contingent de l’Armée dite reconstituée doit être simplement cantonné
dans la ville de Kidal, l’opération n’aura été qu’une action politique
symbolique pour servir la communication et la propagande du
Gouvernement et des Mouvements séparatistes, mais surtout pour
donner au peuple malien l’illusion de l’exercice de l’autorité de l’État
dans toutes les Régions et, donc, sur la totalité du territoire national,
permettant ainsi de préparer les esprits à accepter, voire imposer la
RÉVISION CONSTITUTIONNELLE rejetée par les Maliens. Le
deuxième extrait de la communication de Dr. Maïga montre la perfide
démarche en action, qui vise à désintégrer la patrie : Par ailleurs, il
reste des questions de fond que le peuple malien tout entier est en droit
de se poser et qui nécessitent des réponses claires et précises pour
donner un minimum de crédibilité à ce qui ressemble plus à une
opération politique de vassalisation prononcée de l’État malien, et qui,
dans les faits, prépare ( dans quelques années ) la mise en place,
méthodique et par étapes, des outils et instruments militaires,
institutionnels et politiques pour rendre irréversible et inéluctable sa
partition programmée. Le troisième extrait que nous choisissons
dévoile, sans ambiguïté, le deal, la traîtrise demeurée cachée pendant
des années : Nous constatons que ce bataillon de l’Armée dite
reconstituée a été composé conformément aux closes secrètes
convenues entre IBK et les dirigeants des Mouvements séparatistes, le
20 juin 2015, afin que ces derniers acceptent de parapher l’Accord
d’Alger ( APR ) préalablement signé à Bamako le 15 mai 2015, et qu’ils
avaient refusé catégoriquement de parapher ce jour. Ces clauses
secrètes sont demeurées confidentielles pour le peuple malien ( et
même pour les autres membres du gouvernement dont j’ai fait partie
entre 2015 et 2016) pendant près de 5 ans. Elles n’ont été rendues
publiques, officialisées et formalisées que pour être mises en œuvre, et
ce, à la faveur de la dernière session du CSA tenue le 19 janvier 2020.
Ces trois extraits et l’ensemble de la communication de Dr. Choguel K.
Maïga, lequel texte mérite d’être un bréviaire pour les Maliens,
corroborent totalement ce que l’ancien ministre Lancéni Balla Keïta avait
rendu public il y a quelques mois. Et, mieux, ils éclairent le travail de
sape entrepris par IBK depuis son accession à la magistrature suprême
en 2013 pour parvenir à ses fins, c’est-à-dire réussir au grand
contentement de la France, la révision de la constitution malienne pour
déclencher l’indépendance de l’Azawad qui, on le sait, a ses armoiries et
encore. L’empêchement de son référendum constitutionnel en juin 2017
a retardé son coup, mais il ne l’en a pas dissuadé. Sa démarche, pour
savante qu’elle soit, est maintenant sue de tous. Même l’Accord politique
du 5 mai 2019 n’a d’autre finalité qu’affaiblir les courants contestataires
de son futur référendum, en réduisant en peau de chagrin l’opposition et
la société civile. L’entrée au gouvernement de Tiébilé Dramé comme
ministre des Affaires étrangères, hier pourfendeur acharné de la révision
constitutionnelle et sans doute demain défenseur attitré de la même
velléité, procède du démantèlement du Mali. Mais Dieu n’a pas dit son
dernier mot.
Mahmoud Garba Touré
Source: lecombat