La configuration diplomatique ayant trait au militaire n’est plus le même que ce qu’elle était au moment de la chute d’IBK. Exit l’ancienne puissance colonisatrice qui s’était installée au pays après une intervention militaire très salutaire à ses débuts. Place maintenant à la Russie, la coopération bilatérale affichée et, plus discrètement, des intérêts privés militaires qui aideraient l’armée malienne dans sa guerre contre le terrorisme. Un changement stratégique radical sur fond de rupture de plus en plus grandissante sur le plan diplomatique avec la France. Dès lors, la question qui se pose tout naturellement est si les tenants actuels du pouvoir ont fait le bon choix. Le tribunal de l’histoire est en marche, et il est connu de tous que son verdict est implacable.
Avant la chute du pouvoir d’IBK, très peu auraient pu prédire que Barkhane plierait bagages, et ce, à la demande des autorités maliennes. La présence militaire française au Mali était de plus en plus décriée au point de rendre le pays même impopulaire auprès de nombre de Maliens. Depuis, les relations franco-maliennes n’ont eu de cesse de se dégrader. Mais également les relations du Mali avec d’autres pays occidentaux, dans une moindre mesure.
Vraisemblablement, la Transition aurait fait le choix de surfer sur la vague d’émotions du moment empreinte de populisme, de nationalisme et du rejet de tout ce qui est occidental. La Transition s’enfle de ces trois ingrédients à satiété. Mais la recrudescence des attaques terroristes et l’installation de plus en plus grandissante de l’Etat Islamique au Grand Sahara fait craindre à beaucoup un choix stratégique militaire dicté beaucoup plus par l’émotion que par la raison.
S’enfler d’orgueil, de national-populisme pour un pays aussi démuni que le Mali assailli par tant de défis est une aventure incertaine. Surtout que ce même pays recherche désespérément depuis des années stabilité politique et institutionnelle.
Pour les plus sceptiques, il est à craindre que le pouvoir soit victime, selon la fable, du syndrome de la Grenouille qui se voulait aussi grosse que le bœuf. Ne sont-ils pas en train de tirer beaucoup trop sur une corde déjà très raide ?
Le pouvoir actuel serait en train de s’enfler encore et encore de tout ce mélange de populisme et de propagande au point d’atteindre une sorte d’overdose. S’enflera-t-il au point de crever ? Que nenni ! Qu’à Dieu ne plaise pour le bonheur des Maliens.
Ahmed M. Thiam