Boubou, Pantin, à la solde de QUI ?
L’avènement d’un ministre omnipotent, omniscient et déifié a vu le jour avec la formation du dernier gouvernement de l’ère IBK. Ce gouvernement consacre la suprématie d’un clan et l’émergence d’un ministre surpuissant doté des pouvoirs surhumains avec droit de vie et de mort sur les Maliens.
C’est le mercantilisme personnalisé qui est à l’origine du difficile accouchement de cet attelage gouvernemental qu’on présente par mimétisme sous le vocable de « Bouboutisme » incarné par la personne de Boubou Cissé. Il peut aussi s’agir du saupoudrage avec Boubou comme pantin façonné, taillable, corvéable et manipulable à merci comme un cobaye d’expérimentation. Cela est d’autant plus vrai que le jeune Premier ministre a amputé des départements ministériels de leurs services centraux ou rattachés lesquels sont venus grossir le lot d’un ministère déjà en embonpoint.
Le mercantilisme financier existe. Il a pour but de renforcer les finances d’un Etat en disgrâce en protégeant son économie. Ce fut le cas en France instigatrice des idées mercantilistes dans l’Hexagone, en Angleterre où les politiques mercantilistes ont été appliquées sous les périodes Tudor et Stuart avec Robert Walpole comme principal partisan, ou encore en Allemagne avec les thèses mercantilistes de Frédéric le Grand qui bâtira l’économie la plus rigide d’Europe et qui a conservé son influence jusqu’au 19 siècle…Même en Russie, Pierre le Grand tenta les idées mercantilistes sans trop de succès.
Au Mali, le protectionnisme de richesses tenté par l’actuel Premier ministre Boubou Cissé s’apparente au mercantilisme. Il ne peut pas en être autrement. S’il le fait au profit de la Nation, comme ce fut le cas ailleurs, alors il faut le soutenir. Mais c’est l’odeur d’un mercantilisme personnalisé qui est à craindre. Le mercantilisme renvoie à des politiques et pratiques d’Etats à la recherche de légitimité.
Haro sur le vol programmé !
Cela se passe au Mali : la question de cumul de fonction constitue toujours un débat récurrent. Au moment où tout le monde se démarque de cette pratique honteuse, nos autorités actuelles s’en accommodent et en imposent à un peuple corseté, meurtri et bâillonné par le diktat d’un Premier ministre inexpérimenté. A la formation du dernier gouvernement d’IBK le 5 mai dernier, Boubou Cissé le petit Prince, fut parachuté un soir à la Primature après la démission forcée de Boubèye lui aussi incapable d’insuffler une nouvelle dynamique à l’action gouvernementale. Faut-il croire que Boubou a perdu subitement sa bonne moralité et son sens élevé de la Nation qui lui auraient suffi de renoncer à ces deux fonctions ?
L’arbre ne cache t-il pas la forêt ? Comment un seul homme peut-il encaisser les fonds de souveraineté mensuels de la Primature et empocher en même temps, en sa faveur, le pourcentage annuel dû sur une année au titre des ressources générées par les finances, et gérés par le chef de ce département ? D’abord parce que le culte du cumul est rédhibitoire et fascinatoire, ensuite en raison du fait que ledit cumul entache la confiance du peuple en ses dirigeants. Cette situation met à nu la question de la déontologie de la vie publique en matière de gestion des ressources du contribuable malien. Le Premier ministre actuel doit se remettre en cause et se démarquer de la fonction dérivée pour éviter d’être le crachat du mercantilisme personnalisé. Pour une gestion des deniers publics plus responsable, transparente et efficiente, l’interdiction de fonction cumulative doit être de mise. La fonction de non cumul ne doit obéir à aucune condition fixée par une loi organique en ce qui concerne la Primature et le ministère des finances. C’est le vol organisé.
Le Mali doit s’inspirer d’un assemblage législatif érigé en Principes généraux intangibles du droit qu’on nous a enseigné dans les écoles supérieures pour éviter une telle posture rétrograde, volatile et mercantiliste. Si le fonctionnaire occulte l’intérêt général et la passion du service publique, il devient professionnellement inconscient et insouciant. Pire, le cumul de fonctions pose la problématique de l’absentéisme et du désinvestissement car il constitue le règne de la médiocrité. Boubou Cissié le sait bien…
Issiaka Sidibé
Le Matinal