Indiquant être soucieux de la tournure des évènements dans presque tous les domaines (sécuritaire, politique, institutionnel, social…), le parti Convergence pour le Développement du Mali (CODEM) a fait des propositions en vue de décanter une situation qu’il qualifie “de plus en plus explosive. ” Ces propositions sont essentiellement basées sur trois axes à savoir : un message d’urgence du Chef de l’Etat à la nation, la tenue des législatives dans les délais avant toute autre élection, l’organisation d’un dialogue national inclusif qui conduira aux réformes sans aucune précipitation. Le parti de la “Quenouille” ajoute que cette piste de réflexion qui prend en compte le court, le moyen et le long terme se veut précis, concis et pragmatique au regard de l’urgence.
En vue de mieux comprendre les pistes de réflexion proposées par la CODEM, Mali Tribune rapporte en détails les trois axes qui constituent, selon le parti présidé par Housseini Amion Guindo, une urgence.
– Un message du Président de la République à la nation
“Au Mali comme dans tous les pays du monde, chaque époque draine son cortège de contestations, de revendications, d’interrogations et de difficultés auxquelles il appartient au Président de la République en premier d’apporter des réponses adaptées. En tant que garant de la constitution et de la cohésion sociale, il est naturellement du ressort du chef de l’Etat d’éclairer la lanterne du peuple sur les grandes orientations qu’il entend donner à la République pour répondre à leurs aspirations légitimes.
Aujourd’hui, le constat est véritablement inquiétant et le peuple malien dans toutes ses composantes est préoccupé par la recherche de solutions aux crises multiples qu’il connait.
C’est pourquoi nous croyons fermement qu’en pareil circonstance qu’il appartient au Président de la République, seul garant de la Constitution de rassurer les Maliens et de redonner confiance non seulement par les annonces mais aussi par les actes par lesquels il compte prendre les choses en mains comme il l’a déjà déclaré.
Pour une adhésion populaire aux mesures de décrispation par lui entamées à travers les rencontres avec les différentes composantes de la classe politique, il est plus que nécessaire d’associer l’opinion publique nationale à cette démarche salutaire à travers une vision claire et des objectifs qui seraient connus d’avance. Pour nous, cela passe par une explication détaillée de cette vision, mais aussi des attentes à court, moyen et long terme sur ce projet à travers cette adresse solennelle du Président de la République à la nation.
Concernant la Constitution, il est souhaitable également que le chef de l’Etat se prononce sur les raisons, les parties concernées et l’objectif recherché à travers ce changement en vue. Cette clarification permettra de dissiper l’amalgame qu’on observe à certains niveaux entre la reforme et la révision constitutionnelle.
Cette adresse est d’autant plus impérieuse au regard non seulement de la crise sécuritaire qui a tendance à se généraliser à travers le pays avec des niveaux particulièrement élevés dans le centre, mais aussi la crispation politique ajoutée à la crise sociale qui s’amplifie de jour en jour dans les secteurs d’activités extrêmement sensibles du Mali.
– Le retour a l’ordre constitutionnel
Avant tout autre scrutin, il est impératif, toujours dans le cadre de la décrispation politique, de retourner à l’ordre constitutionnel largement mis à mal par la prorogation du mandat des députés, à travers l’organisation des élections législatives dans les délais prévus. Pour nous, seule une telle démarche peut désamorcer le malaise que le mandat bonus illégitime et illégal offert aux députés a créé au sein de la classe politique, toutes tendances confondues. Le traitement diligent du problème de socle que constitue l’Assemblée nationale contribuera non seulement à éviter d’en rajouter à la crise, mais également à permettre les réformes ou la révision constitutionnelle souhaitée par le Président de la République dans une atmosphère apaisée et sereine. Ainsi, les épineuses questions comme l’accord d’Alger, la Cour des comptes et autres trouveront des solutions hors de contestations historiques.
– Dialogue politique national
Comme suite logique de la tenue des législatives, nous proposons le dialogue national qui pourra décider conformément aux orientations énoncées par le chef de l’Etat dans son adresse d’urgence à la nation du chemin consensuel à suivre pour une sortie définitive de la crise. Ce forum qui pourra regrouper l’ensemble de la classe politique, la société civile et les groupes armés dégagera des pistes et des solutions secteur par secteur à la crise multidimensionnelle que connait notre pays.
Ainsi, le projet de constitution ainsi que les pistes de solutions issues de ce dialogue national inclusif seront soumis à cette nouvelle Assemblée nationale investie de la légitimité et de la légalité indispensables pour de telles reformes rendues nécessaires au regard de la situation”.
Alassane Cissouma
Source: Mali Tribune