Le Premier ministre, Choguel Kokalla MAIGA, a rencontré la classe politique, ce jeudi, au Centre international de conférence de Bamako (CICB), pour échanger sur les réformes politiques et institutionnelles. Au cours de cette rencontre avec les chefs de parti, il a annoncé sa volonté de créer l’organe unique de gestion des élections, et cela, dans le délai prescrit par la transition.
«La décision que le Gouvernement voudrait partager avec vous, en espérant avoir l’adhésion massive de la classe politique, c’est de nous donner la main et de nous serrer les coudes pour franchir cette étape », a-t-il sollicité.
S’adressant à ces invités, le PM a rappelé que ça fait 30 ans que les élections sont contestées, avec comme conséquences plusieurs années de crise, des morts, des emprisonnements. Et même souvent les ruptures de l’ordre institutionnel.
D’ailleurs, il a rappelé que le point de départ du changement intervenu en 2020 était précisément la contestation des résultats des élections.
Aussi, notre ancien président (ATT) a dit dans sa dernière interview qu’aussi longtemps que seront d’organisées les élections comme par le passé, il y aura toujours des problèmes.
Pour le chef du Gouvernement de transition, il est toujours difficile de faire des reformes dans les secteurs où il y a un ordre établi, dans les domaines de souveraineté de l’Etat comme l’armée, l’administration, etc.
De son intervention, il ressort que la création d’un Organe unique est une demande claire et précise de la classe politique et de la société civile qui n’a pas n’a pu avoir une suite sous le début de la Transition, parce qu’une décision n’avait pas été prise.
«La décision que le Gouvernement voudrait partager avec vous, en espérant avoir l’adhésion massive de la classe politique, c’est de nous donner la main et de nous serrer les coudes pour franchir cette étape », a-t-il sollicité.
Pour justifier sa décision, le Premier ministre a fait savoir qu’il a demandé à des Maliens qui ont eu la charge d’organiser des élections pendant les 30 dernières années dans notre pays sur la faisabilité de l’Organe unique de gestion dans les délais.
«Quelques jours de réflexions après, ils m’ont donné une réponse positive », a-t-il dit.
Aussi, une séance de travail avec le ministre de l’Administration territoriale et son équipe a abouti à la conclusion générale qu’il faut qu’on aille vers la création de l’Organe unique.
Par ailleurs, il a souligné qu’il y a un atelier qui s’est tenu récemment à l’issue duquel une bonne partie de la classe politique a reconnu la nécessité de la création de l’Organe unique, tout en demandant si cela était possible dans le cadre du respect de la Transition.
Pour lui, la vérité c’est que pendant la première phase de la Transition, l’opportunité n’a pas été donnée d’arbitrer et de trancher sur la question.
Il y a aussi la malheureuse expérience de 1997 qui nous hante tous. A l’époque, nous nous sommes battus pour avoir une Commission électorale nationale indépendante comme aujourd’hui. A la fin, toutes les élections ont été annulées.
«Ç’a a été une catastrophe », a-t-il dit.
«C’est à nous maintenant, classe politique, Gouvernement, administrateurs, organisations de la société civile, autres forces vives de la nation, de déterminer la parcelle d’autorité que chacun doit exercer. Avec comme objectif qu’à la fin des élections, à défaut de toutes contestations, que celles-ci n’aillent pas plus loin que les contestations habituelles », a-t-il poursuivi.
En tout cas, la création de l’Organe unique s’inscrit dans la vision du président de la Transition qui au premier conseil des ministres a indiqué clairement les 5 missions du Gouvernement de transition. A savoir, l’amélioration de la sécurité sur l’ensemble du pays ; les réformes politiques et institutionnelles ; la bonne gouvernance ; la transparence et la réduction du train de vie de l’Etat ; la mise en œuvre intelligente et efficiente de l’Accord pour la paix au Mali issu du processus d’Alger ; l’organisation d’élections crédibles aux échéances prévues.
C’est pourquoi, dès sa prise de fonction, dit-il, il a fait le tour des forces vives de la nation en leur expliquant que la Transition repose sur trois piliers.
«C’est ainsi que nous pourrons baliser le chemin, pour faire réalité les réformes nécessaires à la Refondation du Mali», a-t-il affirmé.
Il s’agira essentiellement, pour Choguel Kokalla MAIGA, de créer les conditions d’une reforme consensuelle des textes permettant de garantir l’érection d’une administration professionnelle et moderne, de réadapter la politique de décentralisation pour une gouvernance locale plus efficiente, de réviser la Charte des partis politiques et la loi électorale afin de mettre un terme aux conflits postélectoraux récurrents.
Il a insisté sur le fait que dans le cadre de la création de cet Organe unique, les administrateurs ne doivent pas avoir l’impression qu’on les soupçonne, qu’on veut leur retirer des pouvoirs. Car, a-t-il reconnu, c’est un corps qu’il faut tout faire à ne pas frustrer.
Enfin, il a affirmé que le gouvernement s’attachera aussi à obtenir une trêve globale (politique, syndicale, sociale) afin de créer un climat d’apaisement, de sérénité et de confiance mutuelle.
PAR ABDOULAYE OUATTARA
Source : INFO-MATIN