Le virus responsable de l’épidémie de Covid-19 vient d’infecter une première personne en Égypte. Si les infrastructures du pays ont permis la prise en charge du patient, les autres nations du continent africain ne disposent pas forcément des mêmes avancées. Un travail de modélisation réalisé par une équipe de l’Inserm a déterminé quels sont les pays les plus vulnérables face à l’épidémie.
L’épidémie de Covid-19 n’épargne désormais plus aucun continent. Un premier cas sur le continent africain a été identifié le 14 février 2020 en Égypte. Le patient est en quarantaine à l’hôpital Al-Negila de Matrouh, à l’ouest du pays. Au 20 février 2020, l’épidémie touche 75.752 personnes et 2.130 en sont mortes.
Une étude, publiée dans The Lancet et menée par des chercheurs français de l’Inserm, détaille la vulnérabilité des pays africains face à l’épidémie de Covid-19. En prenant en compte les infrastructures de santé mais aussi la démographie de chaque pays en lien avec la Chine, les scientifiques ont pu déterminer lesquels sont les plus menacés par l’épidémie mondiale.
Algérie, Égypte et Afrique du Sud sont les plus exposés
Les scientifiques ont identifié les trois pays les plus exposés au risque d’importation du virus : l’Algérie, l’Égypte et l’Afrique du Sud car ils entretiennent tous des échanges aériens soutenus avec les provinces infectées en Chine. Néanmoins, leur score Spar et IDVI très élevés font penser qu’ils sont en mesure de détecter et de contenir efficacement l’épidémie.
En revanche, des pays comme le Nigeria, l’Éthiopie, le Soudan, l’Angola, la Tanzanie, le Ghana ou encore le Kenya ont beaucoup moins de risques de voir un cas d’importation arriver sur le territoire. Mais leurs scores Spar et IDVI sont moins hauts. Si le virus arrive là-bas, il est possible qu’il ne soit pas détecté à temps et commence à se propager.
Le saviez-vous ?
Le Spar (State Party self-assessment annual reporting tool) est calculé à la suite d’une déclaration annuelle obligatoire de chaque pays à l’OMS. Celle-ci fait état des capacités du système de santé du pays et de sa capacité à combattre une maladie infectieuse. Il est noté de 0 à 100. À 100, les pays attestent des moyens nécessaires pour affronter une épidémie.
L’IDVI (Infectious Disease Vulnerability Index) prend en compte des paramètres indépendants des infrastructures de santé comme la démographie ou la stabilité politique. Il est aussi noté de 0 à 100 où 100 indique la vulnérabilité la plus faible.
En résumé, les pays avec des scores Spar et IDVI élevés sont les moins vulnérables aux épidémies et les mieux armés pour y faire face.
L’influence des aéroports chinois
L’importation de l’épidémie de Covid-19 ne se joue pas qu’en Afrique. En effet, l’évolution de l’épidémie dans certaines provinces chinoises clés pourrait bien changer la donne. C’est le cas par exemple dans la province de Pékin où de nombreux avions partent vers l’Afrique. La compagnie aérienne Ethiopian Airlines assure encore la moitié de ses trajets avec la Chine.
Les scientifiques ont réparti les pays en trois groupes en fonction de leur liaison aérienne avec la Chine. Ainsi, si l’épidémie prend de l’ampleur dans la région de Pékin, ce sont 18 pays du continent africain (listés ci-dessous) qui deviendraient plus vulnérables. Si l’épidémie grandit dans la province de Guangdong, ce sont 7 autres pays dans lesquels le risque d’importation du virus pourrait augmenter. La province de Hubei n’a pas été prise en compte puisque tous les aéroports et gares y sont à l’arrêt.
« Ce travail permet de se projeter en fonction de l’évolution de la situation en Chine. Il permet aussi d’alerter les pays les plus exposés sur la nécessité de se préparer à l’éventualité d’introduction du virus. Or, on voit bien la difficulté de détecter rapidement les cas importés à l’étranger, y compris dans les pays développés. Pour plusieurs pays africains ayant de faibles ressources pour gérer une épidémie, les risques sont importants de ne pas disposer de l’organisation et des infrastructures pour la détection, le confinement, la prise en charge des malades, ce qui fait craindre un risque d’épidémie sur le continent », conclut Vittoria Colizza, directrice de recherche à l’Inserm et à la tête de l’étude, dans un communiqué de presse.