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Coupe du monde : Le déclin du football africain

Les équipes africaines engagées au mondial africain ont déçu les attentes du public sportif. Primes, contre-performances, conflits d’intérêts, égos exagérés… Telles sont, entre autres, les raisons de ce naufrage footballistique qui a vu le Nigéria et l’Algérie se tirer d’affaire.

Des éléphants qui n’y arrivent pas !

La Côte d’Ivoire était l’équipe la plus médiatisée du tournoi au plan africain. Hélas ! La bande à Didier Drogba échoue encore à la porte des  1/8ème  de finale comme ce fut le cas en 2006 et 2010. Cette troisième participation successive est d’ailleurs la dernière sortie de Drogba avec la sélection.

Face au Japon, le bateau ivoirien a eu du répondant pour finalement renverser la vapeur et l’emporté (2-1). L’entrée de Drogba devenu joker de luxe a permis de mettre lq pendule à l’heure. Contre toute attente, la mayonnaise n’a pas pris face à la Colombie (1-2) et la Grèce (1-2). Ironie du sort, la Côte d’Ivoire est éliminée suite à un penalty imaginaire vivement condamné par la Fif (Fédération ivoirienne de football). Si l’instance dirigeante du football ivoirien a fustigé l’arbitrage, notamment le référé équatorien Carlos Vela, elle a annoncé  son intention de déposer une plainte. Ce scénario est bien connu des ivoiriens puisqu’en 2010, face au Brésil, un penalty flagrant n’a pas été sifflé poussant les Eléphants à la sortie de la compétition qui se tenait alors en Afrique du Sud. Cette fois le contexte est bien différent puisque la poule C où était logée la sélection ivoirienne était valablement à sa portée. Un seul joueur aura retenu l’attention : Gervinho le milieu de la Roma. Virevoltant et en permutation avec Kalunho, il a été décisif en plus d’être le dépositaire du jeu. Malheureusement, le milieu mancunien, Yaya Touré, n’a pas été tonitruant comme l’attendait le public sportif africain. L’actuel Ballon d’Or du continent n’était pas dans de bonnes dispositions puisqu’il était à la fois meneur et récupérateur.

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N’oublions pas que pendant la rencontre avec la Colombie, il a perdu son jeune frère, lui aussi footballeur. C’est dire que la compétition n’a pas été de tout repos. La Côte d’Ivoire a dominé tous ses matchs avec une forte possession du ballon mais, la réalité du tableau d’affichage aura été toute autre. Le numéro 2 Ivoirien avait effectué le déplacement pour la circonstance. Porteur d’un message du président ivoirien, Guillaume Soro a annoncé que la prime de match qui est de 50 millions de nos francs serait doublée en cas de victoire face à la Grèce. Au finish, la Côte d’Ivoire reste au 1er tour avec,  dans la foulée, la démission du sélectionneur Sabri Lamouchi.

Guillaume Soro  a reconnu sur les réseaux sociaux que «découragement était bien ivoirien». Le président du parlement ivoirien n’a pas manqué de décrire la frustration au sein du groupe des internationaux ivoiriens qui ont du mal à se remettre de cette déconvenue.

Gervinho a d’ailleurs émis un appel du pied à son capitaine emblématique Didier Drogba. Il souhaite continuer avec la sélection car il estime que lui et les jeunes joueurs du groupe apprennent beaucoup à ses côtés. On sera situé dans les semaines à venir.

Un Ghana entreprenant, mais inconsistant

Les Blacks Stars participaient aussi à la messe du mondial pour la 3e fois successive. Sauf que pour ce rendez-vous brésilien, le Ghana avait hérité de la poule de la mort puisqu’il était logé avec le Portugal et l’Allemagne. Hélas ! Les Blacks stars n’ont pas réédité l’exploit de la dernière édition en se hissant en ¼ de finale. La revanche face aux Usa n’a pas été favorable avec une défaite (1-2) contre des Américains décidés à laver l’affront de 2010 qui avait hissé le Ghana au sommet. A l’époque, ils ont atteint le mythique niveau des ¼ de finale que le Cameroun (1994) encore moins le Sénégal (2002) n’ont pu dépasser.

Avec un milieu bien garni, composé de joueurs, tels que Mountari, Essien, Kevin Prince Boateng ou la coqueluche André Ayew, le Ghana a péché dans la finition. Misant sur l’eternel Asamoah Gyan devenu capitaine, les Blacks stars n’ont pu être réalistes devant les filets adverses. La réaction des poulais du coach Kwessi Appiah face à l’Allemagne (2-2) avait laissé paraître des espoirs de qualification. Finalement, c’est face au Portugal d’un certain Cristiano Ronaldo que le second espoir africain est tombé (2-1).

Sur les trois matchs, la sélection africaine se sera distinguée par des ratés indescriptibles, profitant des largesses défensives adverses pour scorer.

C’est ainsi que le capitaine Assamoah Gyan, aussi chanteur à ses heures perdues, a eu le record du meilleur buteur africain du mondial. En inscrivant son 6e but de la compétition, il est l’attaquant qui aura le plus touché le fond des filets dépassant le légendaire avant-centre camerounais Roger Milla. Ironie du sort, l’égalisation à son but de Klose sera celle du record de but dans la compétition. L’attaquant Allemand égale le Brésilien Ronaldo (qui s’était joué du Ghana en 2006) en inscrivant son  15e but.

Le Ghana sort par la petite porte miné par des problèmes internes qui ont fini par sortir de l’ombre. Une affaire de primes avait éclatée provoquant un boycott d’entrainements .Pire, à la veille du match contre le Portugal, Kevin Prince et Mountari sont exclus du groupe. Ils se sont bagarrés respectivement et au même moment avec le sélectionneur et l’émissaire du ministre des sports. Dans la foulée de l’élimination, le Ghana a été contraint d’envoyer les primes par avion spécial afin que les internationaux ghanéens les touchent. Le montant est de 3 millions de Dollars américains.

Le retour des joueurs a été mouvementé puisque le ministre des sports a été débarqué ainsi que le député en charge de la commission sportive suite à ce qui s’est passé. Le président John Mahamat compte prendre les choses en main et prévoit des états généraux avec la Gfa (Ghana football association).

Apres avoir été tenue en échec par le Burkina lors de la Can 2013 et sortie au 1er tour du mondial 2014, l’avenir de la sélection ghanéenne laisse à désirer.

Un Cameroun méconnaissable

Si l’on connaissait la mission compliquée pour les Lions indomptables, personne n’aurait imaginé pareil scenario. Déjà, avant de s’envoler pour le Brésil, les compagnons de Samuel Eto’o s’étaient faits remarquer par l’eternel débat des primes. Refusant de prendre le drapeau national des mains du président, ils étaient sur le point de ne pas rallier la compétition. En cause, le montant de leurs émoluments qui a fini par grimper de 30 à 50 millions CFA.

Pourtant, la 1ère sortie du Cameroun a étonné plus d’un. Le Mexique a eu le dernier mot l’emportant par le plus petit des scores (0-1). Bien que présents dans l’impact physique, les Camerounais n’ont jamais inquiété leurs adversaires. Manquant de fond de jeu et de percussion, ils ont fini par sombrer affligeant au foot africain sa plus grande humiliation à ce rendez-vous mondial du ballon rond.

Battus par la Croatie (0-4) où la défense a été laxiste, les Lions se sont faits dompter par le Brésil (4-1) avec pour bourreau le Barcelonais Neymar, star montante du pays organisateur.

Le Cameroun aura été la sélection africaine qui a encaissé le plus de buts, 9 au total contre une symbolique réalisation. Samuel Eto’o n’aura jamais touché le fond des filets et la coordination entre le milieu et l’attaque n’a jamais existé. Passant plus par les couloirs, les attaquants camerounais n’ont pu avoir de but à se mettre sous les crampons. L’image du tournoi sera celle de l’altercation entre le défenseur Assou-Ekoto et le milieu. Le pays subit encore les conséquences de la fin de cycle née en 2004 lors de la Can tunisienne où le défi d’une relève s’annonçait déjà.

Les supporters camerounais ont lancé une pétition afin que les joueurs restituent leurs primes. Au vu des résultats, il ne peuvent pas concevoir que ces derniers s’en sortent financièrement à si bon compte. La Présidence n’est pas non plus restée indifférente. Le 25 juin dernier, Paul Biya s’est exprimé. Par le biais d’un communiqué, il a instruit à son Premier ministre de «faire des investigations sur les causes de l’échec afin de situer les responsabilités et procéder à une refonte totale du football camerounais». On en saura plus à la publication des résultats prévus dans un mois.

D’ores et déjà, le Fifa a suspendu la fédération camerounaise. Des responsables camerounais du sport  roi ont émis des critiques portant sur l’éventualité de matches truqués pendant le mondial. Autant dire que la préparation des éliminatoires de Septembre pour la Can 2015 en prendra un coup.

Super Eagles cueillis en plein envol

Le Nigéria avait une obligation de résultats pour la raison suivante : il est le champion d’Afrique en titre. Aussi, pour avoir été au mondial en terre africaine quatre ans plus tôt, il fallait faire un parcours plus honorable. Dans un groupe F plus ou moins équilibré, les boys de Stephen Keshi retrouvent un vielle connaissance : l’Argentine de Lionel Messi qui a cette fois-ci les galons de capitaine.

Le groupe Nigérian est le même que celui de la Can composé de locaux à 90 % encadrés par des expatriés comme Obi Michel, Moses, Peter Odewengue et le keeper capitaine Vincent Enyama qui évolue maintenant au club de Lille.

La 1ère rencontre face à l’Iran s’est soldée par un score nul et vierge (0-0). La piètre prestation  du détenteur de la Can n’a pas échappé aux critiques. Avec un jeu plus défensif, les attaquants ont pesé de leur poids sur la défense iranienne sans pour autant inquiéter le keeper adverse. Le jeu en avant développé lors de la Can 2013 qui a permit de se hisser en finale a été inexistant. Ce sera donc face à la Bosnie que les Supers Eagles empocheront les trois points avec un fond de jeu timide mais remarqué. L’emportant sur le score de (1-0), ils ont dû se surpasser face aux Argentins. Lionel Messi avait aussi un compte à régler avec le gardien Nigérian. En 2010, Vincent Enyama a été le 1er et dernier rempart à avoir accroché l’héritier de Maradona dans tous les duels de la rencontre.

Tirs cadrés, coup de pied arrêtés, tirs à bout portant, un contre un, Messi n’a pu trouver la faille, ce qui permit aux Super Eagles de partir avec un point (0-0). Sauf qu’avant le rendez-vous Brésilien, Messi a eu 3 ballons d’or et remporté deux champion’s league sans oublier les trophées raflés au plan national en Espagne. Ce Messi nouveau, mature et décisif, a fait du mal aux Naja-Boyz, allant jusqu’à inscrire un doublé. Score final, 3 à 2 pour l’Argentine mais la défaite a permis au Nigeria de se qualifier.

L’Iran qui était aussi candidat aux 1/8ème de finale a été battu par la Bosnie (1-0). Le duel entre Vincent Enyama qui avait été aussi meilleur gardien de but de l’année en France  après avoir fait 3 mois sans prendre de but aura été accroché. Messi a eu toutes les difficultés mais a eu à faire face à un marquage serré. Offensivement, l’attaque nigériane a répondu présent créant le danger dans une défense argentine dépassée. L’impact physique imposé dans l’entre-jeu a permis aux champions d’Afrique de réagir aux buts de l’Albicelste. Au sortir des trois rencontres qui voient l’équipe africaine passer le 1er tour, on s’est aperçu que les poulains de l’ancien sélectionneur du Mali commençaient à monter en régime. Sauf qu’en  1/8 de finale, il était face à l’équipe de France de Karim Benzema d’origine Algérienne. Ce dernier est l’avant centre qui a le plus tiré au but à ce stade de la compétition pour 15 tirs cadrés contre 14 de Cristiano Ronaldo. Le public africain s’attendait à voir une victoire à l’image du Sénégal qui avait défait les bleus en 2002 alors champions du monde (0-1). Le Nigéria a lâché prise  dans les dix dernières minutes du temps règlementaire sur le score de deux buts à zéro. Dans la foulée, le coach Keshi a quitté son poste. Qui prendra l’héritage laissé avec un titre de champion d’Afrique à défendre ? Wait and see !

Fennecs et facteur chance

Les verts ont commencé la compétition sans certaines valeurs du football algérien. Pour indiscipline, le coach Vahid Halilhodzic ne prend pas les soucis d’égos à la légère.  Dans un groupe H très équilibré avec la Belgique, la Russie et la Corée, les fennecs avaient des chances de qualification. S’ils ont été entreprenant face aux Belges pour leur 1ère sortie, ils sont passés à côté de leur rencontre. Menant (1-0) jusqu’à la mi-temps, les Algériens ont cédé aux offensives adverses pour s’incliner (1-2) laissant filer les trois points.

Technique et organisé dans le compartiment offensif, le secteur défensif à été défaillant en seconde période facilitant les assauts d’Eden Hazard. La révolte sera sonné face à la Corée du Sud où l’Algérie l’emporta (2-4). Avec un  esprit de jeu différent et un football engagé, les protégés du coach Vahid mènent les débats. Malgré quelques frayeurs défensives, ils arrivent à venir à bout des Coréens qui avaient découvert tardivement la faille au niveau de la défense.

La qualification sera obtenue face aux Russes (1-1). Les fennecs profitent de la chute de la Corée pour se qualifier. L’équipe est sans reproche au plan technique mais laisse à désirer quand elle est face à une défense bien organisée. Hormis les erreurs défensives de la Corée, le secteur offensif a été accroché par les Russes et les Belges. Si face à de gros calibres, l’attaque verte ne peut s’exprimer, tout est à craindre lors des matchs à élimination directe. Pour le second tour, ils ont croisé le fer avec l’Allemagne.

S’ils ont  tenu le coup au plan tactique, physiquement ils n’ont pas pu se défaire de joueurs comme Khedira, Schweinsteiger ou même Muller qui en plus de peser physiquement sur les défenses a toujours eu le dernier mot inscrivant des buts à chaque sortie de la Manchafft.

L’Algérie sort du rendez-vous brésilien (2-1), concédant des buts dans les dix dernières minutes. Paradoxe, l’homme du match a été le gardien Algérien Rais Mbolhi qui a mis en échec l’artillerie allemande jusqu’aux derniers instants du match.

En dehors des supporters algériens qui les ont accueilli en héros, les fennecs ne font pas l’unanimité au niveau de la famille des  supporters africains. Certains joueurs ont laissé entendre qu’ils représentaient le monde arabe et cela n’a pas été du goût de tous.

Si au plan africain, notamment pendant la Can, pareils propos peuvent être tolérés, le mondial a une autre envergure.

La mobilisation autours des équipes africaines est sans faille et aucune distinction n’est faite car le monde sportif africain n’a qu’un seul but : voir les représentants atteindre les demies et augmenter leur nombre lors des prochaines éditions.

En attendant, c’est l’entraîneur Vahid qui fait la bonne opération puisque le président Bouteflika compte reconduire son contrat afin qu’il soit partant pour la Can 2015 avec les fennecs. A condition qu’il se débarrasse du Mali qui l’attend de pied ferme !

Idrissa Kéïta

SOURCE: Le Témoin
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