Ce mercredi 8 novembre, à la CPI, le témoin Firmin Detoh Letoh, ex-commandant de l’armée de terre en charge des opérations sur Abidjan, a été amené à apporter des éclairages sur la répression de la marche pacifique des femmes pro-Ouattara le 3 mars 2011. Autre chapitre abordé, le bombardement du marché d’Abobo, le 17 mars 2011. Ce bombardement au mortier avait entraîné la mort d’au moins 25 civils et fait une quarantaine de blessés. Selon des enquêteurs des Nations unies, sur le terrain au moment des faits, six tirs auraient été initiés « à partir d’un camp militaire des forces loyales à Laurent Gbagbo ». Une information que dément ce témoin. Compte rendu.
La nuit du 16 au 17 mars 2011, le général Detoh Letoh reçoit un coup de fil, vers 23h. C’est un appel anonyme, précise-t-il. Une personne lui signale des coups de feu à Abobo. Detoh Letoh, qui habite près de ce quartier, se met sur sa terrasse et affirme entendre effectivement des tirs. Le militaire raconte avoir transmis cette information à son supérieur, le général Philippe Mangou, qui, explique-t-il, aurait appelé le commandant Jean Noël Abehi, afin de le dissuader d’intervenir. Ce dernier n’aurait selon Detoh Letoh, pas suivi les ordres du chef d’état-major des armées : « Je me suis adressé aux éléments qui étaient à l’université …. Ils m’ont dit qu’ils auraient vu le commandant Abehi avec un véhicule aller en direction d’Abobo. Mais le lendemain, comme tout le monde, nous avons appris que le marché d’Abobo avait été bombardé. »
« Je n’étais pas sur le terrain », insiste Detoh Letoh. Mais contrairement au compte rendu des experts de l’ONUCI, Detoh Letoh soutient que le bombardement au mortier n’a pas pu se faire depuis le camp d’Abobo, où étaient stationnés la plupart des éléments des Forces de défense et de sécurité. « Si des mortiers de 70mm devaient être tirés à partir du camp commando, ça n’aurait pas atteint son objectif. Parce que la distance qui sépare le camp du marché est au-delà de la portée du mortier. »
Pendant son audition, Detoh Letoh a par ailleurs insisté, sur le manque de moyens logistiques des FDS. C’est d’ailleurs ce qui l’a poussé à rejoindre Alassane Ouattara à l’hôtel du Golf le 31 mars 2011.
RFI