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Côte d’Ivoire : ce que l’on sait sur la double attaque qui a visé l’armée

TERRORISME. Deux attaques contre deux « positions des forces armées » près du Burkina Faso mettent en ébullition le pays désormais dans l’œil du cyclone djihadiste.

Côte d’Ivoire est-elle dans l’œil du cyclone djihadiste ? C’est une question qui mérite d’être posée alors que les attaques contre les « positions des forces armées » se multiplient, surtout depuis que les groupes armés affichent ouvertement leur volonté de s’implanter dans les pays du golfe de Guinée. D’abord espacées de plusieurs années, les attaques tendent à se rapprocher depuis le tragique attentat de Grand-Bassam, à Abidjan, en 2016. Dans la nuit de dimanche à lundi 29 mars, ce sont deux attaques visant des forces de défense dans le Nord qui ont eu lieu à intervalles très courts. La première attaque a été menée à Kafolo entre minuit et une heure du matin dans la nuit de dimanche à lundi. Selon l’armée, elle « est le fait d’une soixantaine de terroristes lourdement armés venant du Burkina Faso », qui précise qu’il y a également « quatre blessés côté ami » et que quatre assaillants ont été interpellés et « du matériel logistique saisi (armement, radio, munitions et motos) ». « Les Forces armées de Côte d’Ivoire ont repoussé les assaillants au terme d’une heure de combat intense et mis en œuvre une opération de ratissage » qui se poursuit, selon le communiqué signé du général Lassina Doumbia, chef d’état-major général des armées ivoiriennes.

Presque simultanément, « la deuxième attaque est survenue à Kolobougou, situé à 60 km au nord-ouest du département de Tehini faisant frontière avec le Burkina Faso, où un poste de gendarmerie a été la cible d’individus non identifiés », ajoute l’armée. « Un gendarme ivoirien a été tué et un autre est blessé. Aucune victime découverte côté ennemi pour l’heure », affirme-t-elle ce lundi midi.

La Côte d’Ivoire dans l’œil du cyclone djihadiste

Il y a un an déjà, dans la nuit du 10 au 11 juin 2020, une attaque contre l’armée ivoirienne s’était produite à Kafolo, dans laquelle 14 soldats avaient été tués. Attribuée aux djihadistes qui frappent dans plusieurs pays voisins – Burkina Faso, Mali et Niger –, cette attaque n’avait pas été revendiquée. La Côte d’Ivoire avait été frappée une première fois par une attaque djihadiste en mars 2016, dans la ville balnéaire de Grand-Bassam, près d’Abidjan : des assaillants avaient ouvert le feu sur la plage et des hôtels, faisant 19 morts.

Début février, Bernard Emié, patron du renseignement extérieur français, a affirmé qu’Al-Qaïda au Sahel développait un « projet d’expansion » vers le golfe de Guinée, en particulier la Côte d’Ivoire et le Bénin. « Ces pays sont désormais des cibles eux aussi et pour desserrer l’étau dans lequel ils sont pris et pour s’étendre vers le sud, les terroristes financent déjà des hommes qui se disséminent en Côte d’Ivoire ou au Bénin », avait-il dit. La France, qui dispose de 900 soldats sur sa base militaire en Côte d’Ivoire, déploie également 5 100 hommes dans cette région depuis le lancement de l’opération Barkhane en 2014.

Le gouvernement ivoirien, par la voix de son porte-parole Sidi Touré, avait estimé qu’il s’agissait d’une annonce venant « enfoncer une porte déjà ouverte : nous étions suffisamment alertés depuis plusieurs années sur la menace terroriste que subit notre sous-région ». « Depuis déjà des années, des dispositions ont été prises par l’État de Côte d’Ivoire pour faire face à quelque menace que ce soit (…) dans une coopération bien intelligente entre les services nationaux et internationaux », avait-il ajouté, affirmant que son pays « maintenait la vigilance permanente concernant cette problématique de terrorisme ».

En fait, les autorités se méfient en particulier du Malien prédicateur radical Amadou Koufa, le chef de la katiba de Macina implanté dans le centre du Mali et appartenant au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), principale alliance du Sahel affiliée à Al-Qaïda. L’an dernier, il a appelé tous les « Peuls », et notamment ceux de Côte d’Ivoire, à rejoindre son groupe. Pour de nombreux experts, le groupe s’est engagé dans une stratégie d’implantation sur le long terme. « La pauvreté attire le djihadisme. Les djihadistes font de bonnes propositions aux jeunes et ils sont tentés. Il faut leur expliquer qu’il n’y a pas de sous-métiers dans l’agriculture… Même si vous avez 100 000 FCFA (environ 150 euros) dans votre poche, vous ne pouvez pas acheter la vie de quelqu’un », avait alerté Koné Soungalo, président des jeunes de Ferké, ville collée à la frontière burkinabè. « On leur explique qu’un terroriste est une personne lambda qui est parmi nous et agit quand il peut ou veut », pointait alors Koné Soungalo, qui participe avec les autorités à des campagnes de sensibilisation. « Il ne faut pas que le chaos arrive ici. »

La digue ivoirienne ne cède pas encore, loin de là

Plusieurs attentats ont été déjoués grâce à la collaboration des services de renseignements ivoirien, malien, burkinabè et français, selon des sources sécuritaires ivoiriennes et françaises. « Nous avons renforcé la protection militaire à nos frontières », avait affirmé le président Alassane Ouattara à l’AFP fin octobre 2020, avant sa réélection, évoquant des actions dans « le domaine du renseignement et l’acquisition d’outils technologiques ». « Nous avons nettoyé la zone (de Kafolo), nous sommes prêts à faire face à toute menace éventuelle », avait-il assuré.

SOURCE: https://www.lepoint.fr/afrique

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