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Corvée d’eau dans les quartiers périphériques de Bamako : Une quête quotidienne, épuisante

Bamako, 23 avril (AMAP) A Bamako, certaines populations ont de la peine à s’approvisionner en eau potable, toute l’année mais, surtout, en cette période de grande chaleur. A Lafiabougou Talko, Bougoudani et Tchétchénie (quartier adossé à une carrière de pierre où le bruit de la dynamite rythme la journée, comme les tirs d’armes lourdes en Tchétchénie, pendant la guerre), il est courant de voir des attroupements ou des files devant les rares bornes fontaines, pour se ravitailler en eau potable.

Dans ces localités de la commune IV du District de Bamako, avoir un robinet chez soi est un privilège. C’est donc la ruée vers quelques bornes fontaines pendant la période de grande chaleur ou même durant toute l’année. Des populations passent plusieurs heures entre les points d’eau. Cette épreuve est le lot quotidien des femmes et des enfants de ces zones. Chaque famille a plusieurs bidons de 20 litres pour la réserve d’eau potable.

Dans la famille Diarra, à Lafiabougou-Talko, nous comptons une dizaine de récipients contenant de l’eau pour la consommation et les autres usages courants. « Le benjamin de la famille, âgé de 16 ans, s’occupe de la corvée d’eau. Chaque jour, vers 15 heures, il va remplir les bidons vides à la borne-fontaine située à près d’un kilomètre de chez nous », confie Mme Diarra Mariam Coulibaly, du haut de ses 65 ans, en train d’assister une de ses filles qui fait la lessive. Selon elle, se ravitailler en eau potable est un problème récurent dans son quartier.

« Il n’y a pas assez de robinets publics dans notre zone. C’est pourquoi, on a du monde ici », explique Ousmane Traoré, gérant d’une borne-fontaine à Lafiabougou Talko, au milieu des clients.

Une scène pénible à Tchétchénie. A la borne-fontaine, à côté du marché, deux jeunes filles, de 6 à 7 ans, se démènent pour pousser une brouette contenant des bidons de 20 litres remplis d’eau. Alors que l’une pousse, en tenant les manches, l’autre tire par devant. « C’est pour notre maman…Nous apportons cette eau à la maison », nous répond la plus grande, essoufflée.

« Ici, c’est le seul point d’eau qui sert les habitants des environs », soutient le gérant Daouda Bouaré. Selon lui, la localité connait une pénurie d’eau au mois d’avril de chaque année. « En cette période, on peut attendre 24 heures sans voir la moindre goutte d’eau tomber du robinet. Les femmes n’arrivent pas à s’approvisionner pendant la saison chaude à cause des coupures intempestives des robinets », témoigne Bouaré, entouré de bidons jaunes de 20 litres, de clientes et de revendeurs-distributeurs d’eau.

Son enfant au dos, une dame fait signe au gérant pour l’aider à porter sur sa tête sa bassine d’eau. « On se demande quand est-ce que cette corvée d’eau sera un mauvais souvenir pour nous. Chaque année, c’est le même triste sort », nous lance-t-elle, en partant.

De son côté, Mahamadou Dembélé, distributeur-vendeur d’eau, nous dit passer, souvent, des jours entiers au cours desquels le robinet peut être coupé de midi jusqu’au lendemain matin. Lui, son métier, consiste à charger des bidons de 20 litres pour vendre à des clients à domicile. Il charge sa brouette de 8 bidons de 20 litres pour faire le vendeur ambulant. « Je cède un bidon d’eau de 20 litres à 75 Fcfa. Des clients m’appellent, souvent, sur mon téléphone pour je leur livre de l’eau », dit-il. A Tchétchénie, tout comme lui, beaucoup de ses collègues gagnent leur pain quotidien avec ce travail.

Toujours dans le même quartier, au flanc de la colline, des femmes passent la moitié de la journée, l’après-midi en général, à se ravitailler à partir du château d’eau d’un forage réalisé par un particulier. Là-bas, les femmes se bousculent jusqu’au crépuscule pour apporter de l’eau dans leur maison.

A la Société malienne de gestion de l’eau potable (SOMAGEP), qui ne gère pas les bornes-fontaines, on soutient de ne pas connaître de pénurie d’eau. «Il peut y avoir des raretés d’eau, suite à des perturbations de distribution », soutient Abdoul Karim Koné, chef du département communication de la société qui rappelle que « c’est la mairie qui gère les installations de bornes-fontaines».

Tout le monde peut installer une borne fontaine publique dans les quartiers populaires, sauf les porteurs d’uniforme (militaires et paramilitaires). Il y a des instructions à respecter. Selon Bakary Fané, le responsable de la Brigade urbaine de protection de l’environnement (BUPE) de la mairie de la Commune IV, celui qui est intéressé doit adresser au maire une demande d’autorisation d’installation de borne-fontaine.

A ce niveau, quatre services sont chargés de faire le constat de la zone afin de s’assurer que le lieu indiqué est adéquat pour un robinet public. La mairie, après son constat, envoie le dossier à la police la plus proche du quartier pour enquête de moralité sur le demandeur.

« Les frais de constat à la mairie sont de 12000 Fcfa, dont 3000 Fcfa par service concerné, pour effectuer le déplacement sur le terrain », informe M. Fané.

Après l’avis favorable de la police, le dossier sera encore renvoyé à la mairie. « Lorsque la police nous retourne le dossier avec son accord, on paie 18000 Fcfa à la mairie comme frais d’autorisation. Ainsi, le dossier d’installation de la borne fontaine sera transmis à la SOMAGEP », a expliqué le responsable de la BUPE en Commune IV. Au terme de cette procédure, la SOMAGEP va installer la borne fontaine au lieu indiqué.

OD/MD (AMAP)

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