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Coronavirus: l’Afrique face à la pandémie le lundi 25 mai

L’Afrique comptait ce lundi 25 mai 112 290 cas confirmés de coronavirus. Le Covid-19 a déjà coûté la vie à 3 359 personnes sur le continent, selon le Centre pour la prévention et le contrôle des maladies de l’Union africaine. Les pays les plus touchés par l’épidémie sont l’Afrique du Sud, l’Egypte, l’Algérie et le Nigeria.

 

Seulement 1,5% des cas de coronavirus dans le monde en Afrique

Durant une conférence de presse sur l’état de la pandémie dans le monde, le directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé, Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, est revenu sur la situation du continent africain. 1,5% des cas confirmés de coronavirus dans le monde se trouve en Afrique, et seulement 0,1% des décès liés à la maladie. « Ces chiffres ne dressent pas un tableau complet. Les capacités de tests doivent toujours être renforcées, et il est probable que tous les cas n’aient pas été détectés. Cependant, l’Afrique reste pour l’instant épargnée par l’épidémie, comparée à d’autres régions du monde », a déclaré le directeur de l’OMS.

  • Réouverture des écoles du Grand Abidjan

En Côte d’Ivoire, les établissements scolaires d’Abidjan et de sa périphérie ont rouvert ce lundi matin, une semaine après la reprise des classes dans le reste du pays. Les élèves de primaire et du secondaire reprennent donc le chemin de l’école pour des cours qui se poursuivront jusqu’au 14 août prochain. Tous les enfants devront porter un masque, et une rotation d’un jour par groupe d’élèves est prévue afin d’assurer la distanciation sociale, a indiqué la ministre de l’Education nationale, Kandia Camara. Les établissements scolaires avaient fermé leurs portes le 17 mars.

L’Afrique du Sud continue à alléger ses mesures de confinement

Le président Cyril Ramaphosa a annoncé dimanche 24 mai le passage du niveau 4 au niveau 3 des restrictions, à partir du 1er juin. Les frontières du pays resteront fermées, mais le couvre-feu devrait être levé, les écoles secondaires rouvertes, tout comme la plupart des commerces. Les activités « à risque » comme les restaurants, les bars, les événements sportifs ou les salons de coiffure resteront en revanche fermés. L’assouplissement des mesures devrait permettre à près de 8 millions de personnes de retourner au travail. La vente d’alcool sera à nouveau autorisée, sous certaines conditions, mais la vente de tabac reste interdite. Le pays enregistre désormais 22 583 cas confirmés de coronavirus et 429 décès.

Mais ces annonces font polémique au sein de la classe politique. Pour l’Alliance Démocratique, principal parti d’opposition, ce déconfinement est trop tardif. Des milliers de Sud-Africains ont déjà perdu leur emploi. Ce confinement – initialement de 30 jours- n’aurait jamais du être prolongé, estime ce parti libéral, l’Afrique du Sud n’en a pas les moyens. D’autant plus – ajoute le mouvement – que le gouvernement n’a pas utilisé ces 5 semaines pour se préparer à un éventuel pic de l’épidémie. Un déconfinement au contraire trop rapide, estime de son coté les Combattants pour la Liberté économique, favorable à des mesures plus dures. Pour ce parti de gauche radical, ce sont des raisons économiques qui ont motivé le choix du gouvernement au dépend de la situation sanitaire dans le pays.  Le parti s’inquiète du non respect des mesures sanitaires imposées aux employeurs.

Dimanche, une des mines d’or du pays a dû être fermée –- après que 164 de ses employés aient été testés positifs au Covid-19.

Premiers cas enregistrés à Maurice depuis près d’un mois

Les autorités sanitaires de Maurice ont enregistré deux nouveaux cas positifs au coronavirus dimanche soir, une première depuis le 26 avril dans le pays. Les deux personnes contaminées figurent parmi un groupe de rapatriés en provenance d’Inde, mis en quarantaine à leur arrivée sur l’île. Selon le porte-parole du comité de communication sur le Covid-19, les malades sont de la même famille et tous les deux asymptomatiques.

Sur l’île Maurice, l’état d’urgence est maintenu jusqu’au 1er juin. La première phase du déconfinement est en vigueur depuis le 15 mai, autorisant la reprise de certaines activités, comme les salons de coiffure, boulangeries et boucheries. Marchés, bars et centres commerciaux rouvriront leurs portes à partir de la semaine prochaine. Les établissements scolaires seront en revanche fermés jusqu’au 1er août.

Au Ghana, des consultations pour un allègement des restrictions

Le président ghanéen Nana Akufo-Addo annonce que des consultations sont en cours pour alléger les restrictions en vigueur dans le pays. Les conclusions doivent être rendues publiques au cours de la semaine. « Nous devons nous diriger vers un retour à la normale, tout en garantissant la sécurité, car nous ne pouvons vivre sous ses restrictions éternellement », a déclaré le chef d’Etat dans un discours célébrant la fin du ramadan ce dimanche. Selon lui, le Ghana est désormais prêt pour un assouplissement des mesures, compte tenu du très faible nombre de décès et d‘hospitalisations dans le pays, et du renforcement des capacités de tests et de traitements. A ce jour, le Ghana recense 6 808 cas de coronavirus et 32 décès.

En Egypte, le syndicat des médecins met en garde contre une « catastrophe sanitaire »

Dans un communiqué publié ce lundi, un syndicat de médecins en Egypte accuse le ministère de la Santé de « passivité et négligence » face à la propagation du nouveau coronavirus parmi le personnel soignant. Depuis le début de la pandémie dans le pays, 350 médecins ont été testés positifs au Covid-19 et 19 sont décédés. L’organisation syndicale menace le gouvernement de poursuites judiciaires pour ce qu’il assimile à des « homicides par négligence », et avertit sur un « possible effondrement total du système de santé qui pourrait mener à une catastrophe sanitaire ». Depuis le début du mois en Egypte, les 17 hôpitaux utilisés pour le placement à l’isolement sont arrivés à saturation. Le gouvernement indique en préparer une dizaine d’autres à accueillir les patients atteints du coronavirus.

Hausse des cas à Djibouti

Djibouti a-t-il lancé son déconfinement trop tôt ? L’épidémie reprend de manière inquiétante depuis le 10 mai et l’allègement des restrictions dans le pays, avec 100 à 200 nouveaux cas par jour. Le pays enregistre aujourd’hui près de 2 200 cas pour seulement un million d’habitants. Pour l’opposant Abdourahman Mohamed Guelleh, le régime s’est laissé aveugler par la baisse du nombre de malades et « s’est précipité par peur d’aggraver les problèmes économiques et la grogne sociale ». Les autorités auraient dû prolonger le confinement, par prudence, selon l’opposant. Car dit-il, « la reprise s’est accompagnée d’une nouvelle flambée ». Il dénonce au passage « l’opacité et les contradictions » dans la gestion de la crise.

Mais Daoud Houmed, porte-parole de la majorité, explique l’important nombre de malades par le choix d’une stratégie de tests massifs. La hausse récente serait due à une intensification de cette campagne. Désormais, environ un millier de tests sont pratiqués tous les jours. « On savait que la courbe allait reprendre. Et ça va continuer, d’autant qu’on vise 5 000 tests quotidiens », explique-t-il. Aujourd’hui, Djibouti est l’un des pays du continent pratiquant le plus de tests. Il affiche un faible taux de mortalité, à moins de 1%. « On s’est dotés d’un laboratoire. L’armée a érigé des barrages. Notre riposte est coûteuse mais efficace », indique Daoud Houmed.

Autre spécificité : le traitement des malades par un mélange d’azithromicine, un antibiotique, et de la fameuse chloroquine. Malgré le caractère controversé de cet antipaludéen, Daoud Houmed décrit « un produit à l’efficacité avérée ».

A Madagascar, situation inquiétante dans la deuxième ville du pays

Le gouvernement malgache a annoncé l’envoi de renforts de militaires et de médecins à Tamatave, deuxième plus grande agglomération du pays. Ces derniers jours, plusieurs cadavres ont été retrouvés dans les rues de la ville, et les causes de ces morts ne sont pas encore connues. « Les médecins doivent faire des examens approfondis pour voir si les décès doivent être imputés à une autre maladie ou s’ils sont vraiment dus à la détresse respiratoire aiguë sévère, la forme critique du Covid-19 », a expliqué la porte-parole du centre de commandement opérationnel anti-Covid-19, Hanta Marie Danielle Vololontiana, lors de son allocution quotidienne à la télévision nationale dimanche.

Les militaires envoyés en renfort doivent faire appliquer les mesures barrières, comme le port du masque et la distanciation sociale. L’équipe médicale doit, de son côté, distribuer du Covid-Organics à la population, décoction à base d’artemisia présentée par le président malgache comme un remède au coronavirus. Le Conseil des ministres a également annoncé l’ouverture d’une enquête sur les causes de la mort d’un médecin retrouvé pendu ce dimanche dans sa chambre d’hôpital à Tamatave, après avoir été testé positif au Covid-19.

« Ce médecin, admis samedi à l’hopital, avait traité quatre patients atteints du coronavirus et avait réclamé du matériel de protection », signale une source proche de l’enquête. Un suicide qui a ému le personnel de santé. Les équipements de protection pour les médecins et infirmières manquent à Tamatave et dans d’autres localités, explique le docteur Abel Ranaivoson, président du Syndicat des Médecins Fonctionnaires. « Nous avons appris avec tristesse la nouvelle de ce docteur retrouvé mort dans sa chambre d’hôpital. Des plaintes venant de médecins de tout le pays sont venues jusqu’à notre syndicat concernant le manque de matériel. Ils nous disent que c’est difficile de travailler dans ces conditions. Ils n’ont pas de masques, de gants, de sur-blouses. Mais il y a aussi un manque de connaissance du personnel de santé sur comment bien utiliser ces équipements. »

Pour prêter main-forte aux soignants de Tamatave, une équipe médicale venant de la capitale, Antananarivo est attendue ce matin, précise le ministère de la Santé. La mise en place d’un laboratoire pour accélérer les dépistages, quatre ambulances, des équipements de protection sont aussi prévus d’après le compte rendu du Conseil des ministres.

Oxfam alerte sur la situation des femmes au Burkina Faso pendant la crise sanitaire

Selon un rapport d’Oxfam, plus d’un million de femmes sont confrontées à une augmentation des violences sexuelles, de la faim et du manque d’eau au Burkina Faso, en raison de la pandémie de coronavirus et des conflits préexistants. « Le rapport révèle les immenses lacunes dans la réponse humanitaire insuffisante, voire inexistante par endroits. Les jeunes filles et les femmes sont beaucoup plus vulnérables et exposées dans cette crise et nous devons mieux les protéger et répondre à leurs besoins », explique Jon Cerezo, responsable de campagne humanitaire Oxfam France. Pour l’ONG, la misère causée par la pandémie mondiale expose les femmes à l’exploitation sexuelle.

Le président nigérian déplore l’impact économique de la crise sanitaire

Muhammadu Buhari s’inquiète de l’impact sur l’économie de la crise du coronavirus. Dimanche, le chef d’Etat a déclaré que le pays n’avait plus assez de fonds pour importer de la nourriture, et a encouragé les agriculteurs à continuer le travail, afin de produire assez pour l’ensemble de la population. La semaine dernière, c’était la ministre des Finances qui alertait sur la réalité de la situation : l’économie nigériane pourrait plonger jusqu’à -8,9% dans un scénario catastrophe.

Pour la Journée de l’Afrique, de la musique contre le Covid-19

Trois concerts virtuels rassemblant les grands noms de la scène musicale africaine ont été organisés ce 25 mai pour célébrer journée de l’Afrique. Dans l’après-midi, la chaîne panafricaine Trace a diffusé un show au profit du Fonds de réponse au Covid-19 de l’Union africaine, avec les performances notamment de Chidinma, Salif Keïta et Awilo Longomba.

Sur MTV Base Africa, l’acteur britannique d’origine sierra-leonaise Idris Elba a de son côté animé l’Africa Day Concert at Home, dont les bénéfices seront reversés au Programme alimentaire mondial (PAM) et à l’Unicef dans le cadre de la lutte contre le Covid-19. A l’affiche : Angélique Kidjo, Burna Boy, C4 Pedro, Fally Ipupa…

Enfin, un concert de deux heures et demie proposé par le WAN (Worldwide Afro Network) a été organisé dans la soirée. Après une journée de réflexion autour du hashtag #JeSuisWan sur les réseaux sociaux au sujet des défis sanitaires et sociaux que pose la pandémie en Afrique, plus de 200 chaînes africaines ont diffusé en direct le concert réunissant de nombreuses personnalités du continent :  Youssou N’Dour, Oumou Sangaré, Baaba Maal, Bobi Wane Princess Erika et bien d’autres.

A l’occasion de cette journée mondiale, l’actuel président de l’Union Africaine, Cyril Ramaphosa, a interpellé la communauté internationale. « Nous appelons les pays développés, les institutions multilatérales à apporter aux pays vulnérables, un appui indispensable sous la forme d’un plan de relance économique complet et robuste pour l’Afrique, y compris l’allègement de la dette ainsi que d’autres mesures d’appui aux besoins humanitaires immédiats du continent. Alors que nous nous attaquons à l’impact de cette pandémie, nous demandons une fois de plus que les sanctions imposées au Zimbabwe et au Soudan soient levées sans conditions. »

Source: Rfi.fr
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