Notre pays a connu, en 2012, une crise majeure dans les régions de Gao, Tombouctou, Kidal et une partie de la Région de Mopti, suivie d’une crise politique, institutionnelle et sécuritaire sans précédent qui a profondément déstabilisé le pays dans tous les domaines.
Les droits des populations ont été bafoués dans lesdites régions. Le port forcé du tchador ou voile islamique a été imposé et des flagellations et des lapidations publiques ont visé des femmes soupçonnées très souvent à tort d’avoir transgressé les lois religieuses. En outre, des cas de mariages forcés ont été signalés, y compris des cas de jeunes femmes forcées à se marier avec des membres des groupes armés dans des circonstances où l’arrangement du mariage est simplement une couverture pour légitimer la réalité d’enlèvement et de viol qui, dans certains cas, pourrait ressembler à l’esclavage sexuel.
Maintenant que la paix revient, il importe de prendre en charge ces victimes. Ainsi, la Coordination nationale des associations des victimes (CNAV), avec l’appui financier de TrustAfrica, organise du 12 au 14 septembre, dans les locaux de la mairie de Gao, un atelier de formation sur l’appropriation des mécanismes de justice transitionnelle par les victimes de la crise malienne en vue de garantir leur participation aux travaux de la Commission Vérité Justice et Réconciliation (CVJR). L’ouverture des travaux de la session était présidée par Mme la conseillère à la mairie de Gao, Mme Saïma Issa Maiga, en présence du président de la CNAV, Modissamba Aba Touré et de la coordinatrice régionale des associations des victimes de Gao, Fatoumata Tiègoum Maiga.
L’objectif visait à contribuer à la formation des victimes issues des communautés affectées par la crise malienne en droits humains et en justice transitionnelle pour garantir leur participation au processus des mécanismes de justice traditionnelle. Selon Mme Maiga Fatalmoudou Traoré, membre de la Coordination régionale des associations des victimes de Gao, les victimes de la crise doivent siéger au niveau de l’antenne régionale de la CJVR et avoir un bureau pour le recueil des dépositions.
La coordinatrice régionale des associations des victimes de Gao, Mme Fatoumata Tiègoum Maiga, dira que c’est une nécessité que les victimes siègent à la CJVR. Le président de la CNAV, Modissamba Aba Touré, précise que la formation permet de preparer les victimes à s’approprier des mécanismes afin de faire leurs dépositions au niveau des antennes régionales de la CJVR. Ainsi, explique M. Touré, la coordination fondera des actions stratégiques sur le renforcement des capacités des victimes, des liens de partenariats avec les acteurs de la société civile impliqués dans le processus des mécanismes de justice transitionnelle et la CJVR.
Abdourhamane TOUTRÉ
AMAP-Gao
L’Essor