Le ministre de l’Agriculture, Dr Nango Dembélé, représentant le Premier ministre, chef du gouvernement, a présidé, vendredi dernier à l’Hôtel Radisson Blu, la 15è session du conseil national de sécurité alimentaire.
C’était en présence des membres du gouvernement, en l’occurrence ses collègues de l’Elevage et de la Pêche, Mme Kané Rokia Maguiraga, de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable, Mme Kéita Aïda M’Bo, des Collectivités territoriales, Alhassane Ag Hamed Moussa, du ministre commissaire Oumar Ibrahim Touré. La représentante résidente du Programme alimentaire mondial (PAM), Mme Sylvia Caruso, représentante des partenaires techniques et financiers du dispositif national de sécurité alimentaire, les gouverneurs des Régions et les responsables des services techniques, projets et programmes de développement rural étaient également présents à cette cérémonie.
Il faut rappeler que le conseil national de sécurité alimentaire est un organe de gouvernance des crises alimentaires et nutritionnelles au Mali. La présente session du conseil se tient dans un contexte alimentaire et nutritionnel difficile pour plus d’un quart de la population malienne à cause des nombreuses poches de déficit pluviométrique constatées à l’issue de la campagne agricole 2017-2018.
En effet, cette campagne agricole a été appréciée comme globalement moyenne avec des poches de mauvaise production céréalière par endroits. Cette situation est due essentiellement aux perturbations survenues en début de campagne, à l’arrêt précoce des pluies au mois de septembre, à la faiblesse des crues et aux dégâts des déprédateurs des cultures. Pour ne rien arranger au tableau, les perspectives de production maraîchère et de contre saison sont moyennes à mauvaises. Par ailleurs, les conditions générales d’élevage sont globalement moyennes avec toutefois des poches de déficit de biomasse dans le Sahel occidental et dans la vallée du fleuve Niger de Mopti à Gao.
Des descentes précoces de troupeaux locaux et étrangers dans les zones les mieux fournies ont engendré une dégradation précoce des parcours dans les pâturages classiques. En outre l’accès physique à certains pâturages des zones exondées des Régions de Tombouctou, Gao, Kidal, Ménaka et du nord de celles de Ségou, Mopti reste difficile à cause de l’insécurité persistante. Les productions halieutiques sont moyennes à mauvaises à cause de la faiblesse de la crue qui n’a pas permis une bonne inondation des frayères (zones de reproduction des poissons).
Toutes ces difficultés, a souligné le ministre Dembélé, affectent négativement les autres secteurs économiques pourvoyeurs de revenus et la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations et des animaux. Elles s’avèrent également préjudiciables sans une anticipation rapide par des réponses appropriées à apporter aux populations affectées et aux animaux éprouvés par le manque de fourrage.
C’est dans ce contexte que l’évaluation définitive du Système d’alerte précoce (SAP) et du cadre harmonisé dans l’espace CILSS ont donné les résultats qui suscitent des actions urgentes. Ainsi, selon ces données, 932.651 personnes sont en insécurité alimentaire et nutritionnelle sévère pour lesquelles une assistance alimentaire gratuite est nécessaire sur les trois mois de soudure à savoir de juin à août et cela concomitamment avec d’autres types de réponses. Aussi, 3.416.119 personnes sont en insécurité alimentaire modérée et nécessitent des actions d’appui à la résilience.
Par ailleurs, le plan national de réponse 2018 tentera d’apporter des solutions d’atténuation pour plus de 4.348.770 personnes (en phase 2, 3 et 4) tout en mettant en cohérence les actions conjointes de l’Etat et de ses partenaires d’appui. L’un des mandats de ce conseil est d’adopter le planning de réponses au titre de l’année 2018 portant notamment sur l’assistance alimentaire, le cash transfert, l’appui au bétail, aux cantines scolaires, la lutte contre la malnutrition sous ses formes, la reconstitution des stocks de sécurité, a souligné le ministre Dembélé.
Pour Mme Sylvia Caruso, cette session permettra à des millions d’hommes, de femmes et d’enfants de ne plus souffrir de la faim. Elle a évoqué les résultats de nos efforts communs qui ont permis d’atteindre l’élaboration depuis 2015 du dispositif national de sécurité alimentaire et nutritionnel. Elle a notamment salué la qualité des relations entre l’Etat et les partenaires techniques et financiers. La session d’aujourd’hui revêt un caractère particulier en raison du fait que plusieurs Régions du pays connaissent de graves crises alimentaires, nutritionnelles et pastorales appelant à des réponses urgentes et coordonnées.
Les partenaires techniques et financiers sont heureux de contribuer à l’élaboration du plan national de réponse qui prévoit déjà la mobilisation de ressources financières importantes. Elle a invité le gouvernement à accélérer l’adoption de la politique nationale de sécurité alimentaire et nutritionnelle. Ce à quoi le ministre Dembélé a répondu que n’eût été l’agenda surchargé du gouvernement, elle l’aurait déjà adoptée, car, elle a été déjà examinée en conseil de cabinet en janvier dernier. En outre, le gouvernement est, a-t-il ajouté, bien avancé dans le processus de réforme institutionnelle et des outils de gouvernance du dispositif national de sécurité alimentaire qui améliorera les performances des réponses apportées aux couches les plus vulnérables.
Moriba COULIBALY
Source: Essor