Une mascarade dont l’objectif était de créer l’impression de la menace terroriste afin d’obtenir le report du scrutin dont l’issue allait être évidemment malheureuse pour les tisserands boudés aujourd’hui par les maliens…
La mauvaise organisation, la mauvaise foi des groupes signataires de l’Accord de paix et des partenaires du Mali ont considérablement contribué au fiasco des élections communales du 20 novembre dernier. En effet, celles-ci n’ont pas pu se tenir sur une bonne partie du territoire national contrairement aux assurances maintes fois répétées des autorités en charge des élections.
Si l’insécurité est le facteur évoqué pour le cas de plusieurs zones, les querelles politiciennes en est un autre pour d’autres. C’est le cas de Gabero, une localité située à 45 km de Gao où le RPM, se voyant évincé de la compétition, a fait brûler le drapeau national, faisant croire à une menace terroriste sur le scrutin de la localité pour empêcher la tenue du scrutin, selon Zeydi, un conseiller communal.
Pour M. Zeydi, tout est parti d’une mésentente relative à la composition de la liste de candidature au sein du RPM dont lui et d’autres camarades étaient militants depuis leur démission de l’URD il y a plusieurs années. Ils ont même battu campagne pour IBK lors des présidentielles et des législatives en 2013. Faute de consensus, lui et ses camarades ont décidé de claquer la porte des tisserands pour déposer une liste indépendante à quelques jours du début de la date officielle de dépôt des candidatures.
Ce qui allait provoquer l’ire du parti présidentiel qui n’hésitera pas à porter plainte contre cette liste indépendante au motif sournois que les candidats qui la composent n’avaient pas officiellement démissionné de l’URD avant de suivre le RPM. La requête n’ayant pas reçu une oreille attentive au tribunal de Gao qui avait tranché en défaveur des tisserands, ceux-ci ont fait appel devant la cour d’appel de Mopti. Là, non seulement le RPM a perdu, mais la Justice l’a aussi exclu de la course pour la municipalité de Gabero, toujours selon Zeydi.
C’étaient finalement trois partis- URD, ASMA-CFP, MPR- et une liste indépendante conduite par Hamidou Diallo qui furent retenus pour participer aux élections. Zeydi dit avoir reçu un sms de Ibrahim Hamadou, vendredi 18 novembre dernier, député du RPM élu dans la localité, lui notifiant que le président de la république ne voulait pas d’élection à Gabero et que le Gouverneur de Gao qui serait élu grâce à l’influence du RPM pour sa supposée appartenance à ce parti, allait annuler la tenue du scrutin.
Plutôt, précisément lundi 14 novembre, le maire sortant et le député du RPM en question auraient envoyé 5 individus à Gabero pour brûler le drapeau malien et les matériels de la CENI, faisant croire à une menace terroriste qui pèserait sur le vote.
Malgré l’insistance de la population et des autres candidats, le gouverneur a obéi à la décision du Ministre de l’Administration Territoriale, de la décentralisation et de la réforme de l’Etat, ordonnant de surseoir au vote à Gabero.
Au moment où nous mettions sous presse cette information, le député mis en cause par Zeydi était injoignable au téléphone. Cependant, on apprend que la population s’apprête à marcher pour réclamer que les élections se tiennent et que le Gouverneur sera responsable de tous les dégâts qui pourraient découler de la manifestation.
ABDOUL NIANG
Source: Nieta Kibaru