Le groupe terroriste a développé un réseau bancaire secret lui permettant de transférer des fonds depuis le monde entier.
En dépit des efforts de la communauté internationale pour l’isoler financièrement, le groupe « Etat Islamique » (ou Daesh) parvient toujours à commercer avec des acteurs situés en dehors de son territoire contrôlé. Pas plus tard que la semaine dernière, les ministres des Finances du G20 ont exhorté, à Shanghai, la communauté internationale à faire plus pour combler les « failles » dans la lutte contre le financement du terrorisme, « notamment via une mise en œuvre rapide des normes du Gafi », Groupe d’action financière sur le blanchiment des capitaux. Dans une longue enquête, le journal américain Wall Street Journal décortique comment le groupe terroriste contourne les sanctions et les lois ainsi que le système financier international pour faire entrer et sortir du cash de son territoire. Daesh s’appuie sur le réseau de transfert d’argent apparu au Moyen Age appelé « hawala ». Il s’agit d’un vaste réseau informel reposant sur la confiance pour transférer de l’argent et effectuer des opérations de change.
Comment cela fonctionne le réseau ?
Concrètement, une personne dépose des espèces dans un bureau. Ce dernier contacte un autre bureau à quelques milliers de kilomètres de distance et le destinataire peut immédiatement retirer son argent, moins une commission (10%, soit le double des commissions habituelles). Les agents règlent leurs comptes par la suite en transférant physiquement des billets de banque. Les agents doivent donc passer à travers des lignes de front, mais aussi des check points contrôlés par des groupes armés en guerre contre Daesh. Les agents de change payent des milices chiites pour faire passer l’argent. Des combattants kurdes sont également soudoyés pour fermer les yeux sur le trafic. Le montant du bakchich va de 1.000 et 10.000 dollars. Quant à Daesh, il ponctionne 2 % des transferts en échange de la protection des contrebandiers.
Qui transfère les fonds ?
En la matière, le groupe fait preuve d’un redoutable pragmatisme et s’appuie sur le réseau déjà existant, même si les agents ne sont pas des sunnites fondamentalistes. « Daesh suit les lois de l’argent, pas celles de la politique ou de la religion », explique l’un d’entre eux. Il existe ainsi 1.600 agents de transfert en Irak faisant le pont entre le groupe terroriste et le reste du monde.
Les fonds empruntent trois routes. La première part d’Istanbul pour rejoindre Mossoul via des villes kurdes d’Irak. Une autre relie la capitale jordanienne, Amman, et Bagdad vers la province d’Anbar. Une troisième s’étend entre Gaziantep, en Turquie, et Raqqa, en Syrie.
Source: proces-verbal