Abandonné à son triste sort par les partenaires techniques et financiers, le gouvernement du Mali se décarcasse pour financer les activités du Comité de suivi de l’accord (CSA). La dernière action en date : le payement des arriérés des membres du CSA.
La prise en charge du budget de fonctionnement du CSA est dévolue aux partenaires et au gouvernement malien. Mais depuis quelques mois, les PTF ont abandonné le gouvernement pour ce qui est du financement de certaines activités du CSA. Cette situation a fait grincer des dents et la première manifestation a été le boycott par certains membres des sous-comités des sessions du CSA.
Désormais, c’est une question de temps, le gouvernement du Mali a déjà payé les arriérés d’indemnités des mois d’août et septembre et le traitement d’octobre est en cours.
Par ailleurs, le montant de la somme versée aux représentants des groupes armés signataires est estimé 120 millions de F CFA, ce qui constitue seulement une partie des indemnités.
Notre source fait cas d’un montant global de plus de 37 millions par mois au titre de paiement de l’intégralité des indemnités mensuelles des participants du CSA.
Faux bond de l’UE
La question du financement des activités du CSA fait débat et le constat est que seul le gouvernement honore ses engagements à ce jour. Pourtant, à la 18e session du CSA, qui s’est déroulée en juin 2017, le haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité de l’Union européenne, Mme Frederica Mogherini, avait donné des assurances sur la mise à disposition du CSA d’un montant de plus de 327 millions de F CFA, soit 500 000 euros. Mais un tel financement, avait-elle averti, ne serait possible qu’à à la suite de réels progrès dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord. Qu’est-ce qui bloque ce fonds ? Rien ne filtre des bureaux du CSA et de l’UE.
Censé mettre en pratique l’accord pour la paix et la réconciliation nationale, le Comité de suivi de l’accord est de nos jours confronté à un véritable financement qui paralyse ses activités.
Cependant, l’Etat malien est devenu la vache laitière qui se saigne pour satisfaire certaines charges du CSA. Il y a quelques mois, la Minusma avait brandi la menace de ne plus assurer le transport des délégués des groupes devant participer aux assises du CSA.
Avant, le ministère de la Défense et des Anciens combattants avait commencé à payer des primes pour les combattants des camps de cantonnement. En attendant que les partenaires ne se décident à financer les activités du CSA, c’est bien les caisses de l’Etat du Mali qui saignent pour garantir une paix incertaine.
Alpha Mahamane Cissé
Source: L indicateur du renouveau