Se rassembler ou disparaitre semble être le leitmotiv des candidats à la présidentielle du 29 juillet, un scrutin qui ouvre en réalité une nouvelle ère politique. Le vote se jouera entre trois grands ensembles politiques dont le plus audible est la Coalition pour l’alternance et le changement. Cette coalition créée autour de Soumaïla Cissé, chef de file de l’opposition, a l’avantage d’être le précurseur du rassemblement de plusieurs forces politiques et associatives en vue du scrutin à venir.
Rompue à la lutte politique, la coalition de Soumaïla Cissé s’impose par plusieurs figures bien connues de l’opinion. C’est presque le fruit des erreurs politiques du pouvoir qui avait initié un projet impopulaire de révision de la Constitution en 2017. Des acteurs aussi différents que Tiébilé Dramé du Parena, les activistes de la société civile comme Master Soumy et Ras Bath, ont mis de côté leurs divergences pour défendre la démocratie au sein de la « Plateforme Antè Abana ».
Ce fut le déclic d’une nouvelle façon de faire la politique au Mali. A la faveur de la présidentielle de juillet prochain, la plupart des membres de la « Plateforme Antè Abana » se retrouvent au sein de la Coalition pour l’alternance et le changement. Mieux, d’autres mécontents de la gouvernance d’IBK sont venus grossir les rangs de la nouvelle coalition, du jamais vu de mémoire de démocrate malien en période électorale.
On peut citer les candidats Kalfa Sanogo, un membre influent de l’Adema; Mamadou Igor Diarra, ancien ministre du président IBK ; Mohamed Ali Bathily, un autre ancien ministre du même président ; Aliou Boubacar Diallo, le candidat de l’Alliance Ensemble pour le Renouveau du Mali ; et Habib Dembélé dit Guimba National. A ne pas oublier des illustres inconnus qui peuvent mobiliser à la base, dans les quartiers.
A l’opposé de cette coalition, les partis de la majorité présidentielle se sont organisés pour former leur coalition. Un peu sur le tard ! Hormis la locomotive de cette coalition, le RPM, plusieurs partis membres sont des soutiens de façade à IBK. L’Adema qui aurait pu être d’un apport de taille est fragilisée par le refus de la base d’accompagner le président IBK. Dramane Dembélé qui fait de la résistance en présentant sa candidature est aujourd’hui plus proche de Soumaïla Cissé.
On est loin de 2013 où le même Dramane, candidat de l’Adema, avait choisi le camp d’IBK au second tour contre Soumaïla Cissé. Une autre faiblesse de la coalition de la majorité est le faux soutien du PDES, une promesse des dissidents du parti des amis d’ATT. L’on sait que les responsables de ce parti, opposants depuis le coup d’Etat de mars 2012, sont avec la Coalition pour l’alternance et le changement.
Enfin, la troisième coalition est la Convention des Batisseurs. Il s’agit de candidats venus d’horizons divers qui disent n’être ni de l’opposition, ni de la majorité présidentielle. Modibo Sidibé, Moutaga Tall, Clément Mahamadou Dembélé, Harouna Touré, Houseini Guindo et Moussa Sinko Coulibaly en sont les principaux chefs.
Mais ce rassemblement souffre déjà par les divergences d’approche de ses membres dont certains ont toujours clamé leur appartenance à l’opposition. Les FARE de Modibo Sidibé ont fait un communiqué pour préciser leur nature d’opposants, peu après que certains membres de la coalition ait déclaré être ni de l’opposition ni de la majorité.
Ce n’est pas tout, l’ancien Premier ministre d’IBK, Moussa Mara, a créé la surprise en annonçant son choix de ne plus se présenter à la présidentielle au profit de Cheick Modibo Diarra. Problème : Cheick Modibo n’est pas membre de la Convention des Bâtisseurs, mais Mara l’est, même s’il se fait rare parmi eux.
La décision de Mara déchire presque la convention, certains de ses camarades l’accusant d’avoir joué en solo. En effet, chez les Bâtisseurs la solidarité est une règle d’or. Et il est interdit à chaque membre de négocier avec un autre regroupement en dehors de la convention. Aujourd’hui, Mara n’est plus membre de la Convention des Bâtisseurs.
D’autres candidats peuvent peser dans le jeu électoral, comme Oumar Mariko de SADI ou Soumana Sako de CNAS Faso Héra. Mais la présidentielle sera marquée par ces trois coalitions qui constituent en fait les poids lourds de la nouvelle ère politique malienne.
Soumaila T. Diarra