Pour le Réveillon du Nouvel An, le Club Africa Espace (CAE) a véritablement refusé du monde. Et à juste titre, car les mélomanes et leurs compagnes avaient rendez-vous avec le virtuose de la kora, Madou Sidiki Diabaté, et son épouse Safiatou Diabaté dite Safi. Aux côtés de ce couple, qui partage le talent artistique en plus du romantisme de l’amour, des invités de marque comme Sékou Bembeya Diabaté (Guinée Conakry), Cheick Tidiane Seck alias le «Black Bouddha», Barou Diallo, Nabintou Diakité…
Peut-on mieux amorcer une nouvelle année que par un hymne à l’amour ? Et en la matière, peut-on espérer mieux aujourd’hui que «Doussoukounin» de Safi Diabaté qui est presque au sommet de tous les hits ? La nouvelle coqueluche de la musique malienne a fait voyager les mélomanes (en couples ou seuls) entre 2017 et 2018, avec sa sublime voix, d’une douceur vespérale. Une beauté vocale rehaussée par 21 cordes magistralement caressées par son époux Madou Sidiki Diabaté. Une soirée inoubliable qui a permis aux privilégiés de découvrir une autre facette du talent artistique de Safi aussi à l’aise dans les louanges, le Manding-groove que sur les rythmes du Wassoulou, etc. Une prestation à hauteur de souhait et chaleureusement applaudie par les fans de la jeune star très nombreux sur place.
Chapeau à Madou Seyba dit «Momo» et son groupe qui ont merveilleusement accompagné cette puissante et éblouissante voix pour voyager sur des rythmes inspirés des Donso et Kamalen ngonis, des instruments et sonorités mythiques du Wassoulou. Et sur plusieurs titres, le Black Bouddha (Cheick Tidiane Seck) a apporté sa maestria au synthé (synthétiseur). Tout comme le grand maestro et chef d’orchestre de «Ali Farka Band», Barou Diallo, a également joué sa partition à la guitare sur quelques titres de ce super Réveillon.
Pour la ballade mélodieuse de cette soirée exceptionnelle, les privilégies ont eu droit aux grands classiques de la musique d’orchestre du Mandé (Mali et Guinée Conakry)… Et cela avec Safi, Mamadou Kouyaté «Grand griot», Djéli Moussa Diabaté et Dianguiné Kouyaté qui ont rivalisé dans la douceur, la puissance et la beauté vocales avec souvent des duos tout simplement époustouflants. Sans oublier Nabintou Diakité qui fait son comeback maintenant avec un nouvel opus, «Simaya» (attendu dans les bacs dans quelques semaines), qui a apporté sa touche en offrant aux fidèles du Club Africa «Maouléni», chanson à succès et titre générique de son second album sorti en 2006.
Dans nos traditions, la musique n’est belle ou agréable que quand elle a un sens, quand elle soutient un engagement, une cause noble, loue la bravoure et l’héroïsme ou permet aux mélomanes de s’enrichir de leur passé, de l’histoire de leurs groupes ethniques, de leur pays voire de l’humanité. Et en la matière, ceux qui ont opté pour le CAE ont été particulièrement gâtés. Les femmes étaient particulièrement à l’honneur avec le grand parolier Bourama Soumano qui a régalé le public avec ces tariks (récits). En digne héritier de Bakary et Diamoussa Soumano (respectivement son père et son grand-père), qui ont été tous chefs des griots du Mali, il fascine avec sa maîtrise de l’art oratoire, sa connaissance anthologique.
«Être femme, c’est surtout et avant tout avoir le savoir, le pouvoir et l’astuce», a-t-il conclu une prestation qui a mis en évidence le rôle de la femme dans le passé, notamment dans la genèse de l’Empire du Mandé. C’est dire que la soirée a été belle et enrichissante à tous les points de vue. C’est donc un public heureux qui s’est résolu à rentrer à la maison juste avant l’aube. Puisse le même bonheur nous accompagner tout au long de l’année 2018 !
Moussa BOLLY
Le Reporter