Selon Wikipédia la société civile désigne les organisations non gouvernementales, à but non lucratif, qui animent la vie publique et défendent des intérêts ou des valeurs de leurs membres ou autres…
Au Mali, la société civile a trois composantes : la traditionnelle, la moderne et la dernière que nous désignerons comme la composante 2.0. Depuis l’avènement du Mali moderne, les responsables coutumiers ont joué un rôle très important pour l’équilibre des pouvoirs et pour la stabilité sociale, ils constituent la société civile traditionnelle. Les chefs coutumiers, les chefs de cultes de nos ancêtres et les niamakalaw ont toujours influencé l’opinion de leurs zones de compétence. Ces leaders locaux ont toujours été l’interface entre les pouvoirs publics et les populations locales.
Avec la démocratisation des prêches, le sens de l’organisation des religieux musulmans et la passerelle établie avec le monde chrétien du Mali, les religieux sont devenus une force qui compte dans les activités sociales (Crises et défense des populations). La faîtière des organisations islamiques est aujourd’hui une institution de fait au Mali. Les chefs religieux ne restent plus dans leurs lieux de culte ou dans leurs écoles religieuses.
En dehors de cette composante traditionnelle, nous avons la composante moderne qui concerne les syndicats, les associations et les organisations internationales. En général ces corps de la société civile sont spécialisés. Ils défendent des secteurs d’activités, des causes sociales, ils militent aussi pour des promotions. Cette branche affronte directement l’Etat pour l’atteinte de ses objectifs, elle négocie habilement pour avoir des améliorations, mais elle utilise souvent des méthodes très radicales pour faire fléchir les gouvernants. Cette apparition pour la défense sociale de l’ère moderne, venue avec l’apparition des Etats modernes démocratiques, est en train de se faire supplanter.
Une nouvelle composante commence à pointer du nez, celle que nous appelons la société civile 2.0, elle est plus directe, souvent très virulente et pas organisée, mais extraordinairement efficace. Cette société civile se caractérise par des activistes qui évoluent uniquement en ligne, surtout sur les réseaux sociaux. Ils manœuvrent ou seuls ou en réseau, transpercent les frontières et deviennent des influenceurs globaux ou d’un secteur. Ils n’ont pas souvent un véritable programme, suivent leurs émotions. Ils dérangent les pouvoirs publics qui n’ont pas encore trouvé autre chose pour les contrer que de couper momentanément l’internet, ce qui peut provoquer de nos jours d’énormes problèmes collatéraux.
La société civile est en train de muter, surtout avec l’utilisation du numérique, elle transgresse les frontières, globalise les luttes et les revendications. Les Etats ne doivent plus avoir l’œil que sur leurs agitateurs. Le printemps arabe a montré que les peuples ont les mêmes réclamations sociales, ils peuvent s’observer désormais et le mimétisme peut faire le reste. Aucun n’Etat n’est plus à l’abri, et un peuple qui est poussé à bout réagit forcément, surtout qu’aujourd’hui tout s’étale sur les réseaux sociaux, la nouvelle place publique.
Macké DIALLO
Source: Le Reporter