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Chronique hebdomadaire : Cette kermesse peu héroïque contre l’éducation nationale

Les récents propos du PM ont suffi pour mettre le feu aux poudres. Le gouvernement malien à travers son chef, a manqué de tact pour désamorcer une situation explosive. Il avait pourtant la possibilité de calmer le jeu surtout que c’est lui qui est défaillant dans l’application de ses engagements. Le courroux des enseignements se comprend aisément puisque le gouvernement ne tient jamais ses promesses.

 

En cherchant éventuellement à recruter 15 mille enseignants pour faire face au mouvement des grévistes, le pm ne s’est sans doute pas inspiré des conséquences du licenciement de près de 1500 enseignants au milieu des années 80 au Burkina Faso voisin. Les conséquences ont porté un coup dur sur le niveau de l’enseignement national du Burkina. Au-delà de l’exemple du Burkina, au Mali, les conséquences politiques d’une éventuelle mise à l’écart des enseignants grévistes, remplacés par 15 milles nouvelles recrues, comme l’aurait suggéré le pm, seront irréversiblement imprévisibles. Car nul n’ignore à quel point les syndicats sont déterminés pour la victoire de leurs revendications. En temps de guerre un pm doit être modéré et pondéré dans son discours afin de rassembler tous les fils de la nation. Il est inopportun de mettre de l’huile sur le feu dans une situation au bord de l’implosion. Sur quoi compte le PM ? Quelle est la stratégie du chef de l’Etat pour résoudre définitivement cette crise, dont on aurait pu se passer, si le gouvernement respectait au moins une fois ses engagements ? Gouverner c’est prévoir également l’incidence financière d’une décision importante, et chercher des solutions pérennes. Le gouvernement avait-il un pistolet sur sa tempe lorsqu’il prenait les engagements avec les syndicats ?

Ce que les enseignants vivent aujourd’hui au Mali est proche de l’enfer, tant la majorité vit dans des conditions matérielles, morales et financières indescriptibles. Dans cette kermesse peu héroïque pour nos enseignants, l’avenir de la nation est menacé. Les élèves sont pris en otage. Les parents vivent dans la tourmente et l’avenir de l’école est bafoué. Une nation sans un système d’éducation nationale de qualité n’a pas d’avenir. L’éducation, c’est la base. Si on la sacrifie, on perd l’âme de la nation.

Prenons garde, cette crise pourrait emporter bien d’hommes politiques. Un risque de mobilisation nationale au-delà de la simple cause des enseignants rendrait les choses plus corsées pour l’Etat.

Au Mali, notre éducation nationale a piégé des milliers de jeunes scolarisés sans le moindre niveau et qui se retrouvent sur le marché de l’emploi. Il n’est pas rare de croiser dans nos rues des bacheliers qui ne parlent pas correctement le français, des maîtrisards qui ne maîtrisent rien. Pourtant, sur leurs cv, ils ont vanté leurs diplômes. Mais lors des entretiens d’embauche, les recruteurs s’aperçoivent rapidement qu’ils n’ont pas le niveau. Leurs dossiers ainsi rejetés, il ne leur reste plus qu’à siroter du thé à longueur de journée, sans aucune perspective. Mais, posons-nous la question : comment des élèves auront-ils le niveau si l’enseignant lui-même manque de niveau ? Dans le concert des nations de la CEDEAO, en terme d’éducation, notre pays brille par sa médiocrité. Et les autorités de ce pays le savent. Le mal est profond, son éradication mettra du temps, des moyens et surtout une vision politique au plus haut sommet de l’Etat, sur plusieurs générations. Eduquer ou périr, il nous appartient aujourd’hui de choisir pour ne pas rester à la remorque de l’histoire, pendant que les autres nations avancent. Eduquons d’abord, le développement suivra, ensuite. On pourrait s’inspirer de l’exemple ivoirien dans les années 70 où l’Etat ivoirien a fait appel à la main d’œuvre extérieure pour former les Ivoiriens du futur. Sa vision a porté ses fruits. Mais qui mieux que le Président de la République pour revaloriser l’éducation nationale, s’il le souhaite intensément, avec un projet d’éducation nationale étendue sur des décennies ? Les hommes passent, la nation demeure. Y croire est une raison suffisante pour nos plus hautes autorités de se battre pour l’avenir de la nation. Sauvons ces milliers de jeunes Maliennes et Maliens, en leur octroyant une éducation de qualité, afin que notre jeune nation triomphe des futures adversités que nous imposeront des défis à venir, dans un monde en constante mutation. La clé, c’est l’éducation qui nous ouvrira les portes du savoir et un avenir en toute liberté. Si nous ne mettons pas tout en œuvre pour relever le niveau de notre éducation nationale, nous resterons des bons derniers en Afrique.

Henri Levent

Source : LE PAYS

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