Le porte-étendard du Mpr s’illustre tant par le courage et la pertinence de ses idées que par ses incohérences. Candidat à la magistrature suprême comme si souvent, Choguel n’a pas boudé son plaisir de marquer une tribune aussi propice que celle que lui a offerte la Maison de la Presse en partenariat avec le NDI et certaines chaînes audiovisuelles publiques et privées. Vendredi dernier, l’héritier affiché du dictateur Moussa Traoré, en débat dans ce cadre, a lâché tel un cheveu dans la soupe un aphorisme assassin qui n’est sans doute pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Il a en effet laissé entendre qu’on ne pouvait rien attende d’un régime n’ayant pu apporter à ses débuts encore la réponse appropriée aux scandales impliquant le proche entourage du chef. Choguel Maiga n’a peut-être pas tort dans le fond. Seulement voilà : il parait plus incohérent de ne pas l’interroger sur ce qu’il attendait personnellement de ce régime en acceptant le portefeuille ministériel de la communication et des nouvelles technologies bien après les scandales auxquels il fait allusion.
Le scrutin du 29 juillet serait-il mort-né à Kidal ?
Après l’unique femme prétendante à la magistrature suprême du Mali, ses concurrents se sont bousculés au portillon de l’Adrar, pardon !, de l’Azawad, à quelques encablures de la fermeture de la campagne
présidentielle. Mais tout indique qu’il s’agit plus d’une course pour le symbole que pour les 30 000 électeurs environ que compte le bastion infranchissable des autonomistes. Et pour cause, en plus de
l’insécurité qui rend impossible tout scrutin digne de ce nom, l’exclusion de Kidal du processus électoral se confirme du jour au lendemain par des signaux qui ne trompent que ceux qui refusent de l’admettre. Il s’agit, en clair, d’irrégularités préélectorales assez graves pour être un motif d’invalidation du scrutin dans cette région.
Exemple parmi tant d’autres : à la date légalement admise pour la désignation des assesseurs des différents bureaux de vote, l’administration n’était présente dans aucune circonscription. Les préfets nommés et annoncés n’ont aperçus nulle part. Autant dire que le processus électoral est d’ores et déjà vicié par cette irrégularité
qui passera difficilement inaperçue.
Coupée l’herbe sous les pieds de Soumi ?
Manifestement les régions non-opérationnelles constituent un enjeu dans la bataille électorale en cours et qui oppose principalement la majorité sortante et l’opposition. Ces mastodontes se les disputent si âprement qu’ils ne se font aucun quartier. Après la déclaration de soutien du directoire officiel de leur collectif au candidat Soumaïla Cissé, le pouvoir ne s’est point contenté d’y susciter une dissidence systémique apparu du reste sur les écrans pour contester. IBK a en outre malicieusement coupé l’herbe sous les pieds du chef de file de
l’opposition qui, en échange d’un apport électoral à la présidentielle, a promis de rendre opérationnelle l’ensemble des régions concernées s’il est élu. Le président sortant, candidat à sa propre succession, a profité d’un Conseil des ministres tiré par les cheveux, vendredi dernier, pour passer directement à l’acte en nommant un gouverneur pour chacune des nouvelles régions créées. Il n’en demeure pas moins que c’est à l’engagement de Soumaïla Cissé que d’aucuns disent devoir la cadence opportuniste d’Ibk.
Kadjogué en deçà d’une candidature à la présidentielle
Le candidat de l’APM-Maliko ne figure probablement pas au nombre des nombreux candidats qui ne doivent la validation de leur ticket à la présidentielle qu’à la complaisance de Cour constitutionnelle. Mais à Kidal où M. Kadjogué a pu se rendre son titre de présidentiable n’a convaincu que peu de citoyens tant sa prestance laisse à désirer. Il nous revient en effet que l’ancien compagnon de Me Mountaga Tall, pour avoir eu tant de peine à persuader les masses qu’il est réellement un prétendant à la magistrature suprême, a dû renoncer à tout
rassemblement et s’est contenté de simples visites de courtoisie aux notabilités locales. L’ancien Directeur de l’Apej n’est pourtant pas si étranger dans une zone d’où il était récemment retourné avec des
révélations tonitruantes sur la surexploitation illicite richesses aurifères par des forces étrangères.
Un vol chronique de haut vol mis à nu par l’opposition
Le fichier électoral en vigueur n’est pas le bon. Il est pourtant la référence depuis le début du processus électoral avec une kyrielle d’anomalies dont des doublons dus aux doubles inscriptions, au rattachement de villages entiers à plusieurs communes à la fois, etc.
La révélation a été faite par la locomotive de l’opposition, l’Urd, qui s’est donné tous les moyens d’expertise nécessaire pour ce faire. Les hautes autorités n’ont d’ailleurs pas contesté le constat de l’opposition et l’ont imputé à une erreur matérielle. Assez grossière car la bavure porte sur plus d’un million de potentiels électeurs !
Qu’à cela ne tienne les mêmes autorités ont donné l’assurance que les cartes d’électeur ont été confectionnées sur la base du fichier audité (le vrai), lequel suppléera bientôt l’ancien sur le site de la DGE. En attendant, on peut d’ores et déjà déduire que c’est un fichier truqué qui a servi aux précédentes consultations électorales, à savoir : les élections présidentielles et législatives de 2013 ainsi que les communales de 2016. Avec notamment une marge d’erreur portant sur plus d’un million de potentiels suffrages, soit un peu plus que le nombre de cartes Nina supplémentaires dénoncées en son temps par le camp de Soumaïla Cissé.
Poulo renonce au symbole
Quand un symbole se vulgarise, il perd de sa substance. C’est peut-être la raison pour laquelle le candidat de la Codem, Housseini Amion Guindo, a renoncé au lancement de sa campagne à Kidal. L’ancien ministre de l’Education y était fortement attendu, la semaine dernière, mais son agenda devait chevaucher avec le calendrier du président sortant qui y était jeudi dernier. Un réaménagement a été proposé par ses soutiens pour caler avec le jour suivant, mais Poulo a dû tout simplement abandonner un projet qui perd de son originalité à
mesure que les autres candidats affluent dans la capitale de l’Adrar et transforment la symbolique en banalité. Le candidat ne renonce pas pour autant à la conquête des suffrages dans la zone. Il se prévaut d’une assise assez solide dans la région pour le disputer aux concurrents les plus sérieux, qu’il s’agisse d’IBK ou de Soumaïla Cissé pourvu que la compétition électorale devienne une réalité.
La Rédaction
Source: Le Témoin