Le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga était l’invité de l’émission Mali kura Taasira de l’ORTM dont l’enregistrement a eu lieu le 22 février 2024 au Centre international des conférences de Bamako, dans la salle des banquets. L’interview était conduite par Yaya Konaté en Français et Marc Dembélé en Bamanakan.
Mali kura Taasira est une émission de l’ORTM destinée à permettre aux autorités de la transition de se prononcer sur l’évolution des questions de préoccupation nationales auxquelles elles s’attellent à trouver des solutions. Situant le contexte de la transition, le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga a rappelé qu’elle résulte d’une volonté des Maliens de façon générale, évoquant la période de désobéissance civile; la mise en place du M5-RFP; le rôle joué par les militaires le 18 août 2020, qui marque la fin du régime d’IBK; la rectification du 24 mai 2021; la prestation de serment du président de la transition Assimi Goïta et la nomination du Premier ministre le 7 juin 2021. Ce qui fait dire au Premier ministre Choguel Kokalla Maïga: « nous venons de loin. Ceux qui veulent qu’on se précipite à aller aux élections doivent se poser les bonnes questions à savoir, d’où nous venons? Où nous allons? »
Notre pays a été confronté à l’insécurité, le terrorisme qui a progressé du nord au centre, alors qu’étaient présents sur notre territoire, des milliers de soldats des forces étrangères de Barkhane, G5 Sahel, de la Minusma. L’avènement de Takuba devait achever le projet néo-colonialiste de faire du Mali, de la région de Menaka, un espace pour entraînement des armées européennes, selon le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga. Tirant leçon de la présence prolongée des forces étrangères, bras armé de puissances étrangères pour imposer leur diktat, les autorités de la transition ont décidé d’y mettre fin et de les faire partir. Ces forces obscures étrangères ont attaqué frontalement notre armée à Ber, ont attaqué le bateau « Tombouctou », pour faire croire que le Mali ne restera pas debout après le départ des forces étrangères. Mais désormais la persuasion est faite, «rien n’est impossible désormais, impossible n’est pas malien», avise le Premier ministre Chguel Kokalla Maïga.
Avec un Premier ministre issu des rangs du M5-RFP par le président de la transition, et avec le gouvernement, les rôles ont été bien définis, chaque ministre s’occupant du sien en restant solidaire des autres. Où voulons-nous aller ? La réponse du Premier ministre, «c’est vers un Mali meilleur».
Cependant, l’annonce de l’embargo de la CEDEAO a été un moment d’épreuve, qui a occasionné une rencontre entre le Président de la transition et son Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, qui ont saisi cette occasion pour partager leurs amertumes, face à un Mali dont les fils civils et militaires tombent par dizaines, victime du terrorisme et d’une guerre qui nous est imposée, et leur rêve d’un Mali meilleur où les enfants profitent de la sécurité, du respect des autres et du développement économique et social.
Le Premier ministre au cours de ce Mali kura Taasira a évoqué les Assises nationales de la Réconciliation (ANR du 27 au 30 décembre 2021), qui ont donné une orientation, un sens à la transition. Ainsi la Constitution du 22 juillet 2023, l’application intelligente de l’accord d’Alger qui a conduit au contrôle de la région de Kidal par les forces maliennes, puis au dialogue inter-maliens dont le comité de pilotage présidé par l’ancien Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga a démarré ses travaux; les reformes politiques et institutionnelles; la lutte contre les atteintes aux bien de l’Etat et l’impunité, sont les fruits issus de la mise en œuvre en cours des 517 recommandations des ANR.
Le contrôle de Kidal a permis la nomination de El hadj Gamou comme gouverneur de toute la région, des Imrad, mais aussi des Ifoghas, des sonrhai. La stabilité dans la région va permettre d’investir dans tous les secteurs.
Sur la question énergétique, le Premier ministre a invité les Maliens à faire confiance au Président de la Transition, qui en fait une priorité. Le partenariat est au beau fixe entre le Mali, la Russie, la Chine, l’Inde etc. La Russie a usé de son droit de veto aux Nations-Unies au profit du Mali. Notre pays en sortit grandi. La coopération avec la Russie est au beau fixe, respectant les trois principes: le respect de la souveraineté du Mali, le respect des choix stratégiques et du choix de nos partenaires, et la prise en compte des intérêts vitaux du peuple malien dans toutes les décisions prises.
Malgré les difficultés actuelles, la transition a consenti à un relèvement des salaires d’environ 300 milliards, grâce à une gestion rationnelle des ressources de l’État. Notre pays a été longtemps victime d’atteintes aux biens publics par ses cadres. Selon Choguel Kokalla Maïga, la différence entre la quantité d’or déclarée à l’exportation et celle effectivement exportée dépasse le budget d’Etat du Mali. Ce qui fait qu’une bonne gouvernance conduira au développement de notre pays. Personne ne viendra mourir pour nous, il ne reste plus qu’à compter sur nous-mêmes.
La lutte contre la corruption doit être menée avec fermeté et les pouvoirs judiciaires, le chef de la magistrature suprême doivent frapper pour contrer les pilleurs des ressources de prendre le poil de la bête. Après la chute du régime, ils avaient peur, mais maintenant ils prennent le poil de la bête. Regardez cette histoire du concours à la fonction publique!
Le renforcement de la souveraineté doit se poursuivre, dans le même élan du contrôle de Kidal, de Mali kura biométrie, des conclusions des Etats généraux sectoriels de l’éducation, de la jeunesse, de l’émigration, de la culture (remises au comité de suivi des recommandations des ANR). Dans cet élan de reconquête de la souveraineté pour rompre tous les liens du colonialisme, «la question des élections une question subsidiaire. Depuis longtemps, certains veulent précipiter les élections pour qu’on ait dans les six mois après, un coup d’Etat», redoute le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, qui réaffirme sa confiance au président, qui va trancher. Le président va nous donner la date à la satisfaction des Maliens, selon le conférencier. Il faut continuer à soutenir de façon indéfectible et à préserver l’armée, qui est la colonne vertébrale du pays. L’idée de la mission historique à accomplir, avant de remettre le flambeau est claire.
B. Daou
Source : Le Républicain