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Cérémonie de lancement de la télévision ‘’Niéta’’ : Mahmoud Dicko dévoile des secrets du 26 mars 1991

Le président du Haut Conseil Islamique (HCI), Mahmoud Dicko, samedi sur la tribune du lancement de la télévision privée ‘’Niéta’’ n’est pas allé par quatre chemins pour dire son opinion sur l’évolution de la démocratie dans notre pays. Cela en raison du fait qu’il se considère comme l’un des acteurs de l’avènement de la démocratie dans notre pays et président d’une institution qui représente plus de 98% de la population, à savoir les musulmans. Pour prouver qu’il constitue l’un des acteurs majeurs il a révélé certaines déclarations des membres de l’UNTM, qui cachent mal les vraies raisons de l’insurrection populaire de mars 1991.

Cette cérémonie de lancement de la télévision privée ‘’Niéta’’, le samedi 3 février au Palais de la Culture Amadou Hampaté Bâ, s’est tenue en présence de nombreuses personnalités publiques et religieuses. Elle a été l’occasion pour le président du Haut Conseil Islamique, El hadj Mahmoud Dicko, devant une salle pleine à craquer, de lever des équivoques sur certaines déclarations invitant les chefs religieux à se retirer du débat politique. Pour lui, leur objectif n’est ni les élections encore moins une quelconque transition. « Le Haut Conseil Islamique est l’interface entre le pouvoir et le Peuple. Par la grâce de Dieu c’est moi qui assume les destinés de cette organisation qui représente plus de 98% de la population entière du pays. De ce fait j’ai mon mot à dire sur la gestion de ce pays » a-t-il déclaré, avant de rappeler que l’actuel chef de l’Etat a eu à affirmer une fois à la grande mosquée de Bamako, qu’il ne pardonnerait pas à n’importe quel chef religieux qui n’arriverait pas à lui dire la vérité sur ce qui ne marche pas dans le pays. C’est pourquoi, selon lui, au regard de la situation dans laquelle le pays se trouve, il ne s’agit plus d’une question de telle personne ou de tel régime, mais de songer même au devenir du pays. « Si nous ne faisons pas attention, le pays va prendre une direction qui n’est le souhait de personne. Qui peut nous empêcher de dire cela ? » s’est-il interrogé avant de clarifier que le fait de dire cela n’est pas la manifestation d’un conflit ou d’une opposition au régime. « Il n’y a pas de conflit entre moi et IBK. Je ne l’ai jamais caché qu’il reste un ami et un collaborateur » a déclaré Mahmoud Dicko, tout en rappelant que ce qui urge est l’intérêt supérieur du pays. « Comme en 2012, j’ai eu à dire devant toutes les forces vives qu’au regard du malaise général qui règne dans le pays, si l’on ne prend garde, une crise va sévir au grand regret de tous  », a-t-il affirmé avant d’exhorter les uns et les autres d’avoir le courage de dire la même chose aujourd’hui. « Il faut alerter, dire souvent ce qui ne plaît à tout le monde… » estime Mahmoud Dicko. Et de poursuivre que ceux qui classent ses interventions dans le souci d’une orientation électoraliste ou la volonté de prôner une transition, se trompent. « Nous avons le plein droit de dire notre avis sur la gestion du pays et même de sa démocratie » a-t-il affirmé avant de préciser qu’il n’est pas un étranger, mais un acteur  de l’avènement de la démocratie au Mali.

Des révélations sur la révolution de mars 1991 !

« On veut que j’enlève ma bouche de la gestion démocratique du pays, alors que je suis l’un des acteurs de l’avènement de la démocratie dans notre pays. Et quel acteur ! » a declaré le président du Haut Conseil Islamique, avant de revenir sur certains faits saillants qui ont précédé la chute du régime de Moussa Traoré. De ces faits, Mahmoud Dicko a révélé son intervention avec feu Oumar Ly, Dramane Hamidou Touré‘’Darrat’’, Me Demba Diallo et Barou Tall près du Général Mohamed Coulibaly et du Colonel Sambou Soumaré pour demander et acquérir la libération de Dr Oumar Mariko, alors responsable du principal syndicat estudiantin. « Ce jour, mardi 19 mars 1991, Oumar Ly a affirmé que si Mariko n’est pas libéré, nous sommes prêts à nous constituer prisonniers » a-t-il dit pour rappeler leur degré d’engagement dans la lutte de mars 1991, avant de regretter que ce même Oumar Ly (paix à son âme) soit hué une fois la démocratie acquise dans cette même salle.

El Hadj Mahmoud Dicko est revenu aussi sur certaines révélations faites par des responsables de l’UNTM (Union Nationale des Travailleurs du Mali), tête de proue du mouvement démocratique. Selon lui, au moment crucial des négociations avec l’UNTM, en compagnie de deux membres du gouvernement dans la salle de réunion de l’Office National de la Main d’œuvre, lorsqu’ aux environs de 00h 30mn une pause a été observée, deux membres du bureau de l’UNTM ont lâché le morceau. Il s’agit de Alou Badra Sankaré (le dernier directeur de cabinet d’ATT) et feu Boyissé Traoré de l’UNTM. « Ces deux personnes nous ont clairement dit ceci : ne vous fatiguez pas. Même si le gouvernement nous accorde les 100% de nos doléances, offrir un million à chaque travailleur du Mali, on n’arrêtera pas notre mouvement de grève, car notre volonté est de faire chuter ce régime » a-t-il dit, tout en précisant qu’il était bien dans les secrets du mouvement démocratique de 1991. « J’ai bien gardé ce secret jusqu’aujourd’hui. Si je l’avais dévoilé ce jour, le 26 mars n’aurait pas lieu » a clamé haut et fort El Hadj Mahmoud Dicko à la tribune de cette cérémonie de lancement de la radio Niéta.

Du voile levé sur les raisons réelles de l’insurrection populaire de mars 1991

Certes il s’agissait pour le président du Haut Conseil Islamique d’affirmer qu’il fut un acteur majeur de l’avènement de la démocratie dans notre pays, d’où son droit légitime de donner son opinion sur l’évolution de cette démocratie, mais force est de constater que cette déclaration lève un coin de voile sur le dessein des acteurs du mouvement démocratique. Ces propos du président du HCI démontrent que la lutte de mars1991 ne visait aucunement l’avènement de la démocratie ou la satisfaction des revendications syndicalistes, mais la chute tout simplement du régime de Moussa Traoré. D’ailleurs l’un des acteurs de premier plan des événements de 1991, Cheick Oumar Cissoko du CNID n’a-t-il pas déjà affirmé en 1992 lors du 1er anniversaire de l’événement du 26 mars, que « Moussa Traoré leur a offert la démocratie sur un plateau d’argent, mais ils ont refusé de prendre » .

Fatoumata Coulibaly et Moustapha Diawara

Par Le Sursaut

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