Considérés comme de simples chasseurs, les éléments de la milice “Dan na Amassagou” se présentent désormais comme des dignes défenseurs du terroir. Pour être désarmés, ils posent des conditions aux plus hautes autorités.
Qu’est-ce qui explique le refus de la milice d’autodéfense, constituée de Dogons, de refuser d’être désarmée quand bien même le ministre de la Sécurité et de la Protection civile a récemment annoncé que tout le monde sera désarmé dans le Centre du pays ?
Et au train où vont les événements dans la région de Mopti, il est difficile de croire que ces hommes armés jusqu’aux dents obéissent à des consignes. La mission de bons offices conduite par les associations Gina Dogon et Tabital Pulaaku aura également moins de chance à convaincre les belligérants, en particulier la branche “Dan na Amassagou”.
Cette milice prend des ailles et tente de s’imposer sur le terrain. Dans une interview accordée à Mondafrique, le secrétaire général de la milice, un certain Moïse, laisse entendre que les opérations qui visent les “jihadistes-malfaiteurs” majoritairement composé de Peuls sont nécessaires pour ramener la sécurité dans les zones où l’Etat est absent. Le hic est que le secrétaire général de “Dan na Amassagou” conteste tout risque d’amalgame et de basculement vers une guerre intercommunautaire.
Le chef de la milice “Dan na Amassagou” qualifie ce qu’ils combattent de simples malfaiteurs. “Ceux que nous ciblons et que nous appelons les ‘malfaiteurs’ sont les jihadistes et les bandits qui viennent s’attaquer aux villages, aux populations, qui viennent leur prendre leurs biens, leurs vivres, leurs bétails. Mais qu’ils se méfient, nous sommes très nombreux, nous sommes là, de Timissa jusqu’à Mondoro, dans le cercle de Douentza, Bankass, Bandiagara, ainsi qu’à Mopti. Nous sommes partout”, avertit-il.
Les préalables
Interrogé sur les accointances avec les autorités du pays, Moïse nie tout en bloc : “Nous ne sommes mandatés par aucune autorité malienne, par personne. Nous sommes avec l’Etat, mais nous ne sommes pas mandatés par lui. Depuis des temps immémoriaux, nous avons toujours contribué à la sécurisation de ces zones-là. Nos ancêtres sont même les fondateurs de ces villages. Concernant les armes, nous nous sommes équipés, c’est vrai et aujourd’hui cela nous permet de faire face à qui que ce soit”.
S’agissant de la provenance des nouvelles armes à la disposition “Dan na Amassagou”, il se défend. “Nous les avons obtenues grâce aux opérations que nous menons sur le terrain. Quand nous parvenons à traquer les malfaiteurs, nous saisissons leurs armes. C’est comme cela que nous nous les sommes procurées, personne ne nous les a données. Nous disposons à présent d’armes plus sophistiquées qui, en plus des pouvoirs traditionnelles hérités de nos ancêtres, nous permettent d’affronter efficacement ces malfaiteurs”, souligne-t-il.
Sur le désarmement, Moïse précise que le système de DDR en vigueur n’intéresse point son organisation. “Si l’Etat veut nous désarmer, il faut qu’il accepte certaines conditions !”, lance-t-il. Et de poser des conditions. “Il faut qu’il accepte de venir construire une base militaire permanente dans cette zone avec des forces qui seront là pour protéger les populations. Si cette condition est remplie nous rendrons les armes”, confie-t-il.
Sur la décision du gouvernement de désarmer tous ceux qui ne doivent pas porter des armes, sans discrimination, le secrétaire général de “Dan na Amassagou” utilise le ton comminatoire. “Nous ne leur remettrons pas nos armes. Pas question ! Il ne faut même pas qu’ils essaient de nous désarmer”, tranche-t-il en signe de protestation.
Cependant, il conditionne l’arrêt des actions quand la Force du G5-Sahel et les FAMa seront sur place et seront en mesure de sécuriser durablement le territoire. Un nouveau front au centre.
A. M. C. avec Mondafrique
Source: L’indicateur du Rénouveau-Mali