Une cinquantaine de personnes ont été tuées en deux jours d’affrontements entre chrétiens et musulmans dans la région de Bambari, en République centrafricaine, ont rapporté mardi des témoins. Bambari, à 380 km au nord-ouest de la capitale Bangui, est l’un des principaux foyers de tension dans le pays où les troupes étrangères s’efforcent d’enrayer le cycle des violences entre communautés chrétienne et musulmane. Une première attaque, lancée à la périphérie de la ville lundi matin par des miliciens chrétiens « anti-balaka », a entraîné des représailles menées par des jeunes musulmans, ont rapporté des témoins.
L’un de ces témoins a dit avoir dénombré au moins 22 corps dans le village de Liwa, à sept kilomètres de Bambari, à la suite de l’attaque des « anti-balaka ». « Certains étaient découpés en morceaux, et à d’autres ils avaient arraché le coeur », a dit le témoin, en ajoutant avoir vu les corps de cinq enfants et de six femmes. Citant d’autres témoins, il a ajouté: « Après avoir fait irruption, des jeunes musulmans ont tué une dizaine d’anti-balaka. »
Robert Ponsien, qui coordonne l’action de l’ONG Médecins sans frontières (MSF) à Bambari, a déclaré que les violences de lundi y avaient fait 34 morts. « A l’hôpital, nous avons aussi 28 personnes blessées par balles ou à coups de machette », a-t-il dit à Reuters par téléphone, ajoutant que des centaines de personnes s’étaient réfugiées dans l’église de la ville.
Un porte-parole de la force française Sangaris, le capitaine Sébastien Isern, a précisé que la situation avait dégénéré à Bambari lorsque des soldats de la paix ont quitté la ville pour aller enquêter sur les violences commises à Liwa.
Un hélicoptère français a survolé le secteur mardi pour dissuader les miliciens de poursuivre leurs attaques, a-t-il poursuivi, mais il n’a pas eu à ouvrir le feu, contrairement à certains témoignages.
Les affrontements se sont poursuivis mardi, a cependant précisé Antoine Mbao Bogo, un responsable de la Croix-Rouge.
Les forces étrangères – françaises et africaines – déployées à travers le pays et le gouvernement de Bangui n’ont fait aucune déclaration concernant ces violences.
La présidente centrafricaine Catherine Samba-Panza a demandé ce mois-ci à la Cour pénale internationale (CPI) d’ouvrir une enquête sur les crimes commis depuis que les violences intercommunautaires ont éclaté à la mi-2012.
source : Reuters