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Ce que j’en pense: Le festival tournant

La boutade est vieille et bien connue dans les groupes de causerie de Bamako. Il se dit que tous les Bamakois sont venus d’ailleurs. En effet, depuis quelques années, à la veille des grandes fêtes, la capitale malienne se vide d’un très fort contingent de ses habitants.


Ces voyageurs retournent dans les villages d’origine pour célébrer la fin du jeûne musulman du mois de Ramadan, de la Tabaski et d’autres cérémonies sociales. Le phénomène d’exode urbain temporaire vers les villages s’amplifie. La croyance populaire donne une explication empirique au besoin des jeunes, que l’exode rural a fait quitter le terroir, de retourner périodiquement chez eux.
Les anciens étaient convaincus que le cordon ombilical pousse, de temps à temps, les exilés à revenir au village. Cet organe humain sacré est enterré dans un endroit secret. Il exercerait, selon les croyances ancestrales, un puissant pouvoir sur la destinée de l’individu. Il serait toujours connecté au bébé, à l’adolescent, à l’adulte par des ondes mystiques qui entretiendraient dans son cœur et son esprit l’amour pour la localité de sa naissance.
La nouvelle nuance sociale que constitue l’exode urbain temporaire vers le village pourrait être une opportunité de développement à la base. Le conseil municipal de la commune d’origine peut élaborer un plan annuel ou triennal. Il sera soumis à l’aval des habitants sédentaires, des jeunes, des vieux de la diaspora installés dans une ville malienne ou dans un autre pays.

Les festivals, devenus habituels, serviront, en plus de l’aspect culturel, de cercle d’adoption des futurs plans de développement à la base. L’idéal sera de les transformer en manifestations tournantes annuelles organisées à tour de rôle dans chaque village de la commune.
Dans cet esprit, au cours de l’année qui précède la tenue du festival, les ressortissants du prochain village d’accueil feront œuvre utile. Leurs contributions financières serviront à bâtir des infrastructures modernes à même d’impulser l’économie villageoise. De multiples emplois nouveaux seront drainés dans le monde rural. L’argent ne sera plus la denrée rare dans les familles.
Le champ et la foire hebdomadaire cesseront d’être les seuls domaines d’activité productive. Plusieurs activités créatrices d’emplois émergeront autour du village. Ce sont la construction des routes, des pistes, l’aménagement d’un périmètre maraîcher, la transformation des champs familiaux en fermes.
Les ressources financières générées fixeront la jeunesse rurale dans son terroir. Les populations rurales sortiront enfin de la béatitude dans laquelle elles sont plongées par les promesses mirobolantes non tenues.
Il sera productif d’enrichir le festival annuel tournant de la célébration des figures légendaires, femmes et hommes, de chaque village hôte. La narration des défis que les héros défunts ont relevés peut inspirer d’éventuels écrivains, réalisateurs de cinéma, de télévision, d’enseignants chargés de cours d’éducation civique et morale.
Ce puissant levier de mobilisation sociale, de brassage des ethnies, atténuera l’ennui des personnes âgées sous l’arbre à palabre, sous les Toguna, sous les vastes tentes dans le désert. Les jeunes générations apprendront que la patience a été l’outil de tous les grands hommes et de toutes les grandes femmes de ce pays.
Les figures légendaires de leur vivant ont prouvé que la patience s’apprend. Le rêve est le socle de tous les projets de développement local. Que les mannes de nos ancêtres inspirent le Conseil économique, social et culturel, le Haut conseil des collectivités, l’Association des municipalités du Mali, à approfondir la réflexion sur le festival tournant entre les villages d’une commune.

Sékou Oumar DOUMBIA

Source: L’Essor-Mali

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