C’est, en substance, le conseil que donne la présidente ajointe de l’Association des femmes catholiques de Magnambougou, Mme Camara Souzane Coulibaly aux femmes maliennes à l’occasion de la célébration de la journée internationale de la femme 2016. C’était lors d’une interview qu’elle nous a accordée le samedi 6 mars à l’église catholique de Magnambougou. Au cours de l’interview, elle s’est prudemment prononcée sur la politique de promotion du genre au Mali, avant d’inviter les femmes à la prudence face à certaines situations.
Quels sont les objectifs de votre association ?
Il s’agit pour notre association d’aider les femmes catholiques à avoir plus de foi. Nous marchons avec la foi. Tout ce que nous faisons, nous le faisons dans le cadre de la religion, de la foi. Nous travaillons à rendre agréable le cadre des femmes au foyer. Nous nous réunissons une fois par mois pour discuter de tous nos problèmes. Nous nous occupons de la liturgie de l’église (lecture de l’évangile, nettoyage de l’église etc). Nous occupons de tout ce que l’église nous impose en tant que femmes. L’entraide est l’un des objectifs principal de notre association qui participe à toutes les activités ou presque de l’église. Des fois, nous cotisons pour aider l’église dans l’organisation de certains événements.
Du point de vie spirituel, nous constituons différents groupes de prière. Il y a les légionnaires de Mairie qui se réunissent tous les vendredis pour prier la Vierge Mairie ; il y a le Groupe renouveau charismatique aussi, qui prie les mardis et il y a la Chorale des femmes.
Au Mali, on parle de plus en plus d’égalité entre l’homme et la femme. Que dit l’église par rapport à cela ?
Bon, l’église n’est pas contre le fait que l’on revendique l’égalité l’homme-femme. Mais il faut faire la part des choses. Au foyer, ça veut dire que chacun (l’homme ou la femme) a un rôle à jouer. Mais quand on parle d’égalité, certains voient autrement. A l’église, être égale à son mari, c’est aider son mari à faire tout ce qui se passe dans la maison, que ce soit matériel, moral ou physique. Pour nous, la femme doit aider son mari à entretenir les enfants, la maison. La femme ne doit pas être la rivale de son mari. Ils (l’homme et la femme) sont faits pour le pire et le meilleur, c’est comme ça que nous voyons l’égalité entre l’homme et la femme du point de vue de l’église. Nous sommes un, il n’y a pas de supérieur, ni d’inferieur. L’église est pour l’union de la femme et de l’homme, c’est pourquoi, on dit que l’homme et la femme s’unissent pour faire une seule chair. Dans ce cas, tout le monde participe, à part égale, à tout ce qui se fait dans le foyer.
Ces dernières années, les femmes maliennes se battent pour plus de places au sein de l’administration, dans les fonctions électives. Pensez-vous que la femme malienne est marginalisée ?
Marginaliser, c’est un peu fort. A mon avis, la femme malienne n’est pas marginalisée. Il faut que les femmes sachent ce qu’elles doivent faire au sein de la société. Si on sait ce qu’on doit faire, c’est en ce moment qu’on peut participer à la vie de la société. C’est maintenant que nous avons beaucoup de femmes intellectuelles, c’est pourquoi, ces dernière années, les femmes réclament plus de droits et cela suscite beaucoup de bruits. Cette exigence des femmes ne veut pas dire forcement qu’elles sont marginalisées au Mali. Beaucoup de choses ont été faites pour les femmes au Mali dans le cadre de la promotion de leurs droits, mais beaucoup reste encore à faire, notamment en matière l’autonomisation de la femme, de la lutte contre les violences physiques et en matière de promotion de l’éducation des filles.
Après l’adoption de la loi sur la promotion du genre qui accorde 30% des postes électifs et administratifs aux femmes, sur quoi le gouvernement doit désormais mettre l’accent pour l’épanouissement de la femme ?
En tant femme, je salue cet effort du gouvernement d’accorder ce quota aux femmes. Cela ne suffit pas pour l’épanouissement des femmes. Il faut que le panier de la ménagère soit allégé. Le vrai épanouissement réside dans le panier de la ménagère. Aussi, le gouvernement doit faire en sorte que tout le monde ait accès à l’eau potable et aux denrées de premières nécessités et aux centres de santé. Aujourd’hui, les femmes rurales et les femmes de tous les horizons doivent être aidées à rentabiliser leurs activités. Le constat est qu’au Mali, on investit dans beaucoup de choses au nom des femmes, mais il n’y a pas de rentabilité, parce qu’il n’y a pas de suivi. Le gouvernement aide les femmes à créer, mais il ne les aide pas à écouler les produits de leurs activités pour faire des bénéfices.
Les femmes doivent-elles tout attendre du gouvernement ?
Non, au Mali une femme ne croise pas les bras, mais elle a besoin d’appuis et d’accompagnement pour être utile à la société. Mais le problème est que les femmes n’ont pas assez d’autorité, elles dépendent des décideurs, qui ne les accompagnent pas souvent.
A l’occasion de la journée du 8 mars 2016, avez-vous un message pour les femmes en général et les femmes chrétiennes en particulier ?
Mon message aux femmes est que nous pouvons bien participer à la vie active de notre société, mais nous ne devons pas oublier que nous sommes, après tout, des mères au foyer ; ce qui est important. Par conséquent, il ne faut pas que nos activités lucratives nous fassent faillir à ces tâches que notre société nous impose. Il faut le dire, les femmes démissionnent parfois au foyer au profit de l’activité lucrative, c’est une grave erreur et nous devons nous ressaisir. Cette situation peut jouer sur l’éducation des enfants. On peut bien participer à la construction de son pays sans pour autant abandonner son foyer, son mari et ses enfants. En tant que femmes catholiques, nous avons un devoir moral de suivi de nos enfants. Il faut que les femmes retiennent que quand ça va au foyer, ça aide à mieux faire l’activité que l’on exerce dans la société.
Propos recueillis par Berthé
Source: Delta News