« La nouvelle constitution : quelles perspectives pour la démocratie au Mali », tel était le thème d’un cadre d’échanges dénommé ‘’Café politique’’ organisé ce jeudi 24 aout 2023, au Mémorial Modibo KEITA, par l’Institut néerlandais pour la démocratie multipartite /NIMD, dans le cadre de la mise en œuvre du Projet «École de formation démocratique et politique (PREFODEP)»-phase II.
Les conférenciers étaient entre autres : l’ancien ministre et non moins président du parti MODEC, Konimba SIDIBE ; du vice-président du parti AREMA, Honorable Souleymane DEMBELE, également membre du Conseil national de Transition (CNT) ; du Président de l’Association malienne de droit constitutionnel, Pr Cheick Hamala TOURE.
Le débat était modéré par notre confrère du journal du Mali, Boubacar Sidiki HAIDARA.
Le ‘’Café politique’’ vise, selon les initiateurs, à amener les apprenants à échanger entre eux et avec des participants externes sur des sujets de préoccupations nationales de manière à susciter le dialogue sans tomber dans les règlements de comptes politiques.
Il s’agit aussi de favoriser un espace de rencontres périodiques, de partage d’expériences et de réseautage entre les jeunes et femmes avec des personnes-ressources d’horizons divers.
Et enfin, l’initiative vise à renforcer les capacités des alumni à organiser et favoriser des espaces de dialogue et d’apprentissage à l’intérieur du pays et au sein de leurs organisations.
Dans ses explications, l’ancien ministre Konimba SIDIBE a souligné que la démocratie malienne était extrêmement malade, au bout de 30 ans. Il a expliqué que c’est même, une démocratie dévoyée.
Le Président du parti MODEC, Konimba SIDIBE, membre du M5-Mali Kura, a relevé que les autorités de la Transition avaient estimé que le changement de Constitution pourrait aider à corriger une partie ces maux qui mettaient le pays en retard.
Le conférencier Konimba SIDIBE a dénoncé, dans son propos, que la démocratie formelle n’est pas celle qui avait été réalisée.
« Nous nous sommes retrouvés en face d’une démocratie totalement dévoyée. Cela n’est pas forcément à la qualité du texte constitutionnel, mais la pratique », a illustré son propos.
L’ancien ministre Konimba SIDIBE soutient qu’il a un avis négatif par rapport à ceux qui pensent que la nouvelle constitution est un progrès notable en termes d’avancée démocratique.
Parce que, selon le Pr SIDIBE, le grand mal de notre démocratie représentative, c’est d’abord le déséquilibre énorme des pouvoirs par rapport au président de la république. Il a également ajouté que le rejet de notre système démocratique trouve son fondement dans cela.
Il a martelé que la nouvelle constitution n’a malheureusement fait qu’aggraver cette situation en mettant en place un régime hyper présidentiel et en consacrant un Président monarque.
« C’est vraiment, la grosse insuffisance qu’il retient dans la Nouvelle Constitution », a-t-il déclaré.
Quant à la démocratie représentative, Konimba SIDIBE a signalé qu’il n’y a pas eu de progrès qui fasse que les élections se traduisent demain par les élus plus légitimes. Car, selon lui, l’une des grosses faiblesses de notre démocratie, c’est cette extrême faiblesse de la légitimité des élus ; sans oublier l’absence de recevabilité, le règne absolu de l’impunité.
« Je suis convaincu que, quels que soient les textes que nous allons avoir, si l’impunité reste la règle fondamentale en matière de gouvernance publique, il n’y a rien à faire en termes de progrès démocratique », a-t-il prévenu.
Toutefois, le président du parti MODEC et membre de M5 Mali Kura a reconnu que la Nouvelle Constitution a amené quelques progrès, sans doute, mais fondamentalement, on ne peut être assuré que la redevabilité va devenir un pilier de notre régime de gouvernance dans la réalité.
De son côté, l’honorable Souleymane DEMBELE a fait savoir que cette nouvelle constitution remplace à présent celle de 1992 qui n’avait pas l’objet d’aucune réforme à part les tentatives de révision. Il a rappelé qu’à la suite des Assises nationales de la Refondation que le Peuple avait opté pour une nouvelle Constitution. D’où l’initiative de la Nouvelle Constitution prise par les autorités de la Transition.
« Il y a eu l’adhésion des Maliens à travers des innovations. Deux Chambres ont été créées au niveau du parlement à savoir l’Assemblée nationale et le Sénat. Cette nouvelle constitution a également mis fin au nomadisme politique qui était vivement souhaité par le Peuple. Travers les scrutins, certains partis politiques vont disparaitre ou à défaut d’aller avec d’autres » a affirmé l’honorable Souleymane DEMBELE.
Parlant des reformes administratives, le vice-président du parti AREMA a mentionné que les autorités nationales avaient jugé nécessaire de créer de nouvelles communes pour prendre en compte la forte demande des autorités traditionnelles.
Au Mali, selon honorable DEMBELE, le maitre mot, c’est la lutte contre la corruption et la promotion de la bonne gouvernance.
« Tant qu’on ne parvient pas à mettre fin à cette pratique, il serait très difficile d’aller vers le développement. Avec des organes de contrôle comme l’OCLEI, le bureau du vérificateur, on parviendra, les jours à venir, à réduire la corruption au Mali », a indiqué Souleymane DEMBELE.
Par SABA BALLO
Info Matin