Il est venu, il a vu, il a vaincu mais il n’a guère convaincu. Le Capitaine Blaise Compaoré, président du Faso, a séjourné la semaine dernière dans pays en jouissant de toutes les et honneurs dus à son rang, aux relations de voisinage mais aussi et surtout aux liens séculaires qu’entretiennent les peuples malien et burkinabè. En attestent la présence massive de compatriotes que l’illustre hôte a eu l’occasion de constater à son passage dans la zone Office du Niger.
On ne peut en dire autant des rapports entre les deux Etats, même si les différends, en dépit de leur ampleur protubérante, devraient être contenus en pareilles circonstances et faire place à la cordialité de façade. Au fait, les relations entre le président du Faso et le Mali ont commencé à battre de l’aile depuis que le premier, profitant de son statut de Médiateur de la crise malienne pour le compte de la Cédéo, a poussé la convivialité avec la rébellion séparatiste jusqu’à voler au secours d’un certains Bilal Ag Asharif alors aux prises avec le Mujao à Gao.
Décrié en son temps par nombre d’observateurs intrigués par une telle générosité suspecte, l’épisode n’a pas empêché les autorités de la transition de faire mauvaise fortune bon cœur en acceptant que la Médiation burkinabè pilote l’accord de Ouaga, pourvu que lesdits pourparlers débouchent sur l’essentiel : l’unicité de la nation malienne le caractère laïc de l’Etat malien et la souveraineté de celui-ci sur l’ensemble du territoire national.
Comme il et loisible de le constater, le contenu est limpide comme l’eau de roche quant à au caractère indivisible du Mali et fait obligation aux parties signataires de l’admettre comme tel. Aussi consacre-t-il, s’il en était besoin, une reconnaissance de l’intégrité territoriale du pays par l’ensemble de la communauté internationale, à fortiori ses composantes auxquelles une partition conséquente est dévolue dans le règlement de la crise.
Au lieu de quoi, les Maliens, en même temps que les nouveaux pouvoirs légitimes, ont constaté avec stupéfaction une grande permissivité du Médiateur de la Cédéao sur la question. Comment expliquer autrement que le pays de Blaise Comaporé serve non seulement de refuge mais d’un siège de fait au gouvernement séparatiste du Mnla avec l’ensemble de ses symboles, sceaux et armoiries qui consacrent son existence aux dépens de l’indivisibilité du Mali ?
C’est à partir de son siège à Ouagadougou, en effet, que des correspondances son acheminées, des relations diplomatiques sont tissées et des liens de coopérations noués, avec une intensité telle qu’on peut être étonné que les autorités maliennes s’en prennent officiellement à l’Ambassadeur de Russie pour un passage d’Ag Asharif à Moscou en épargnant son homologue burkinabè. Quand bien même la tolérance d’une telle attitude est à peine distincte d’une caution accordée au dessein qu’elle sous-tend.
Les autorités maliennes de ne trompaient d’ailleurs pas de combat lorsqu’elles décriaient la médiation burkinabè au détour de clins d’œil à d’autres pays du champ, quoique la mise à mal des rapports entre les deux pays ait déteint sur les relations avec la Cédéao.
En tout état de cause, les équivoques à l’origine du froid n’étant pas levées, il parait difficilement imaginable qu’un simple visite suffise pour dissiper tant de nuages surmonter le mur de glace entre les présidents Blaise Compaoré et IBK.
Si le second a manqué de l’entregent nécessaire pour tirer au clair le différend, le premier a quant à lui choisi de se confier à l’opposition malienne et de la prendre à témoin par rapport aux sujets qui fâchent. Dans le dos de la majorité présidentielle, Blaise Compaoré a en clair regretté que son homologue malien ait officiellement écrit aux autorités algériennes pour solliciter leur médiation dans le règlement de la crise malienne. Pour un chef d’Etat auquel la Cédéao qui se prévaut pour le moins d’une confiance constamment renouvelée par la Cédéao dans le rôle de médiateur dans ladite, il est loisible de comprendre avec amertume le ressentiment peut être exprimé.
A. KEITA