Face à la flambée du prix de la tonne du ciment, passé de 90 000 à 120 000 FCFA, en quelque semaines, les responsables de Diamont cement Mali SA (DCM-SA) l’une des deux usines en activité dans notre pays, ont animé un point de presse, lundi 13 mai, à l’hôtel Salam, pour soutenir que le prix du ciment livré à leur usine n’a connu aucun changement. La tonne coûte toujours 87.500 FCFA à l’usine de broyage de Dio et 74.500 FCFA à l’usine de Gongotery, cercle de Diamou. La hausse actuelle résulte de la spéculation consécutive à la baisse de l’offre sur le marché, laquelle est, elle-même, liée à la diminution des importations sénégalaises et aux délestages empêchant les unités de la société de produire au rythme normal.
La tonne du ciment à 120 000 FCFA à Bamako est injustifiable et inacceptable ». Ce sont les termes employés par l’administrateur associé, Ibrahima Dibo, qui a animé ladite conférence de presse avec le Président du Conseil d’Administration du groupe WACEM, le DG de DCM-SA ainsi que l’Administrateur Mamadou Sidibé, ancien président du patronat malien.
En effet, M. Dibo a expliqué que le prix du ciment de DCM-SA a été fixé depuis le début de la production, en décembre 2012, de commun accord avec l’Etat du Mali, qui est actionnaire de la société. Il n’a pas augmenté d’un centime depuis lors. Il a rappelé que pendant la période de construction de cette usine, la tonne du ciment était sur le marché à 140.000 FCFA. Mais, quand la production a démarré avec 87.500 FCFA la tonne, cela a tiré le prix des importations vers le bas.
Toutefois, depuis le début de l’année en cours, le marché malien est de moins en moins fourni en ciment. Cela, à cause de la baisse des importations à partir du Sénégal, une situation aggravée par l’incapacité des unités locales à produire à leur rythme normal des coupures intempestives, à cause des délestages dans la fourniture de l’électricité.
L’usine de Dio de DCM n’a l’électricité régulièrement qu’entre 18h et 23h. Dans la journée, ce sont les délestages intempestifs. Ce qui fait qu’elle n’arrive pas à atteindre les 1400 tonnes à produire par jour. Conséquence : 240 camions attendent aujourd’hui devant l’usine pour être chargés.
645 000 T produites par DCM-Sa
De même, l’usine, qui a une capacité de production d’un million de tonnes par an, ne l’a jamais atteinte, du fait que l’Etat n’a pas honoré son engagement de fournir de l’électricité et à cause de la concurrence déloyale des importateurs. Ainsi, DCM-SA n’a pu produire que 645.000 tonnes en 2018 contre 1.722.000 tonnes importées.
« La production de DCM-SA et même avec celle de CIMAF ne peuvent pas couvrir le besoin du pays estimé à 3 millions de tonnes « , reconnait M. Dibo. Pour faire face à l’équation offre-demande qui fait qu’aujourd’hui le prix a flambé, l’Administrateur de la DCM-SA a proposé certaines solutions. A court terme, c’est que l’Etat autorise cette société à importer du ciment, à partir de ses autres unités installées en Afrique de l’Ouest et/ou sur le marché international pour approvisionner suffisamment le Mali et faire baisser le prix.
Le permis d’exploitation de Béma retiré
A moyen terme, il projette l’installation d’une nouvelle unité de broyage à Astro, à Diéma, pour accroître la production.
Enfin, à long terme, DCM-SA entendait construire, sur quatre ans, une seconde unité intégrée à Béma, dans le cercle de Diéma, qui devrait avoir une capacité de 2 millions de tonnes. Malheureusement, l’Etat a annulé, il y a juste un mois, le permis d’exploitation qu’il avait octroyé à la société dans ce sens. Une autre société serait intéressée par le même site, très riche en calcaire.
Pour le président du Conseil d’Administration de WACEM, Motaparti Prasad SR, la cimenterie est un investissement à haut risque et son groupe a mis 88 milliards de FCFA pour réaliser celle du Mali. Il n’a pu commencer avec l’usine de Béma, à cause des investissements supplémentaires faits à Diamou, notamment l’achat de groupes électrogènes pour plus de 5 milliards de FCFA. Cependant, le groupe entend mener d’autres investissements afin d’aider le pays à couvrir son besoin en ciment sans importation.
Y CAMARA
Source: l’Indépendant