
Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’oeil de la Russie, et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans celui de ta propre France?
il y a une semaine, Macron accusait sans la moindre preuve la Russie de vouloir « déstabiliser » les « saintes démocraties occidentales » en s’ingérant dans leurs élections et en manipulant les réseaux sociaux.
Macron se pointe au Salon de l’Agriculture. En pleine errance et exposition dans les couloirs du Salon, il fuit le citoyen français mécontent, et se laisse apostropher pour collaborer ensuite avec un camerounais vivant en France. Camerounais nullement intéressé par les luttes sociales en cours dans le pays dans lequel il vivote, mais se rêvant en révolutionnaire d’un pays qu’il a fui pour des raisons strictement élémentaires et alimentaires. Ce n’est pas un crime. Ce n’est pas non plus une gloire.
Mais, lorsqu’on fait, de sa seule présence en Occident un argument, lorqu’on se croit investi d’une certaine mission « émancipatrice ou civilisatrice » à l’égard du pays qu’on a abandonné, parce qu’on vit à Paris : on est un raciste. Même si on est un noir. Et le racisme est un crime.
L’individu qui a interpellé Macron le 22 février au sujet du Cameroun n’a pas quitté son pays pour des raisons politiques, scientifiques, artistiques. Il a voulu sauver sa peau…..C’est fait. Tant mieux pour lui!
Mais, tout analphabète qu’il est, le voici en position d’avant-gardiste, le voici en figure « politique »….D’où parle t-il? Quel projet a t-il pour son pays? De quelle Idée est-il porteur pour le Cameroun? L’Afrique? Le Monde? Avoir traversé la Méditerranée est sans doute une performance digne des jeux olympiques, mais ce n’est pas un parcours ou un acte politique.
Ne dénoncer que Biya et son régime, ça, c’est le stade primaire et répétitif de la politique dans lequel est plongé l’opposition au Cameroun (en « Afrique » aussi) depuis que le Cameroun est Cameroun.
Le pays qu’a laissé derrière lui, ce révolutionnaire camerounais depuis Paris, n’a jamais été vide.
Y vivent, des Femmes et des Hommes qui, en dépit de la cruelle réalité, cultivent la terre, prennent soins des malades, des enfants à l’école, de leurs familles….Ce pays n’est pas que peuplé de crevettes et de termites.
Ces Femmes et ces Hommes se foutent de Biya. Ils se foutent plus sévèrement encore de Macron. Ils triment. Ils ont beau prié, mais au fond d’eux, ils n’attendent aucun sauveur. Aucun miracle. Sont-ils résignés ? Non. Ils font ce qu’ils ont affaire dans un pays relativement « stable ». Un pays qui dispose d’un État malade, évidemment faiblard, corrompu (comme la Suisse, les USA, la France, l’Afrique du Sud, le Maroc…), mais relativement bien en place. L’état du Cameroun ce n’est pas encore celui de la jungle Libyenne. L’Etat du Cameroun n’a rien à voir avec celui de la Centrafrique ou de la RDC, minés de bout en bout par des groupes armés. Hélas …cet État du Cameroun est en voie d’atomisation. L’Etat du Cameroun ce n’est même pas l’Etat de Côté d’Ivoire dont l’armée est noyautée par d’anciens rebelles. L’état du Cameroun est moins deliquescent que celui du Mali.
Au regard des États d’Afrique subsaharienne, l’Etat du Cameroun a beau être ce qu’il est, c’est à dire une catastrophe, par essence, mais le sabotage de cet État par la communauté internationale, l’opposition camerounaise, et les mercenaires qui sévissent dans les régions dites anglophones n’auront pas pour effet de faire émerger un nouveau Cameroun, des nouvelles consciences, des citoyens éduqués et soucieux de l’intérêt général.
Les premières et seules victimes du « zonage » que le Cameroun est en train de subir sont et demeureront les populations. Il faut attendre par « zonage » la destruction des États par de nouvelles pratiques impériales ou encore l’émergence de « zones infra-étatiques qui sont en réalité des zones de pillage non étatisées » (Badiou).
Les petits opposants ou petits ambitieux de la politique au Cameroun sont obligés dans leur petite campagne pouvoiriste, lorsqu’ils parlent du Cameroun de fermer les yeux sur la réalité en RCA, au Tchad, au Nigeria, en RDC, au Mali, au Burkina, en Côte d’Ivoire…..Ils sont obligés d’ignorer que dans le monde contemporain, on assiste à un affaiblissement, un dépérissement, une destruction capitaliste des États. On voit très bien dans le cas du Cameroun que c’est l’Etat du Cameroun qui est constamment indexé, comme si on reprochait à cet État de ne pas se laisser agresser une bonne fois pour toute. On voit très bien que l’Etat du Cameroun est mis sur le même plan que les mercenaires du Nord-ouest et Sud-Ouest. On nie à l’Etat du Cameroun le « monopole de la violence légitime ». Les « humanistes camerounais » crient à l’aide aujourd’hui, appellent au secours la communauté internationale….m’enfin ont-ils daigné regarder ce qui se passe depuis tant d’années chez leur voisin centrafricain?
Le problème du Cameroun, il faut savoir le poser pour y apporter une réponse constructive. Or, si on écoute Macron et son idiot utile de révolutionnaire Camerounais, le problème c’est Biya.
Non ce n’est pas Biya. D’ailleurs, ce Biya n’est qu’un héritage, un don de la colonisation française.
Une petite part du problème, c’est peut être l’origine de Biya. Donc l’histoire de la décolonisation et la formation de l’Etat Cameroun. Une autre petite part du problème c’est également l’impuissance phénoménale de ce Biya ( son appareil étatique) fondamentale et non pas sa dictature fondamentale.
Le Cameroun n’est pas une dictature. C’est un n’importe quoi…et ses « élites », ses « témoins », ses « figures » contemporaines: des n’importe qui. Comme ce « délinquant » ou « terroriste » qualifié pompeusement « d’activiste ».
Qu’est-ce qu’un « activiste » au juste ? Je l’ignore! Mais un délinquant, c’est quelqu’un qui commet des délits. Et les délits de ce soi-disant activiste sont légions et semblent être protégés par la douce France. Au grand damn de l’Etat camerounais.
Le propos de Macron, face à cet « activiste », se vantant d’avoir donné des ordres au président Camerounais démontre qu’en effet le Cameroun est tout sauf une dictature. Il démontre aussi que le président Français est un Trump qui s’ignore, un Salvini à sa manière, un Sarkozy parfait.
Et la satisfaction hébétée de ce camerounais, son contentement béat de « gaou » ( cf le groupe de musique ivoirien Magic Système) face aux quelques mors creux de son interlocuteur Macron sur la situation de son pays témoigne qu’en Afrique, aujourd’hui, le terrain reste propice à une recolonisation. Et cette recolonisation n’aura même pas besoin d’avoir à sa tête le fameux « méchant Blanc ».
Alors, les études « décoloniales » devraient plutôt s’intituler « Recoloniales ». Le Réel il est là. L’Eternel Retour aussi! En Afrique, on est déçu de la France, mais il n’y a pas de refus à proprement parler de la France.
Même un Kemi Seba n’est qu’un « déçu » de la France. Un Français échu porté par le Ressentiment, la Réaction. Ça ne peut qu’être un agent qui s’ignore de cette Recolonisation du continent africain, qu’une fausse monnaie de la libération…Nulle part on ne « décolonise ». Parenthèse terminée.
Macron s’est exprimé sur le Cameroun sans la moindre crainte d’un conflit diplomatique. A la manière d’un Trump sanctionnant l’Iran, éructant sur l’Union Européenne.
Macron ne va pas quand même mâcher ses mots avec le petit Cameroun en voie de destruction et d’auto-destruction. Mais Macron réfléchirait à mille fois avant de s’adresser ainsi à l’Arabie Saoudite, qui massacre en toute tranquillité au Yémen…Il réfléchirait à mille fois avant de s’adresser ainsi aux USA…Que dis-je! Folie! Il ne réfléchirait même pas: il n’oserait s’adresser ainsi à Trump, son maître à penser, ce grand danger mondial.
Macron n’oserait même pas s’adresser ainsi au dirigeant nord-coréen. Bon, il est vrai qu’aucun nord-coréen ne lui fournirait cette occasion….
Mais, le voilà qui se retrouve en train de faire de la « diplomatie » sur le Cameroun avec un « délinquant-activiste» qui ne sait rien d’autres que se coucher devant les « puissants » pour leur demander de faire le ménage dans son pays. Ce traverseur de la Méditerranée n’a même pas pu tirer une quelconque leçon de la situation en Libye.
Parlant d’activiste, tenez, Piotr Plavenski, lui aussi est un « activiste », qui plus est, un « artiste » dit-on.
Saux que, pour avoir balancer une vidéo porno authentique d’un ex ministre de Macron, ce Piotr Plavenski est en train d’inspirer législateurs, juges, et dirigeants de la France. Ils réfléchissent à changer la loi selon leurs intérêts personnels…Ils réfléchissent à comment renvoyer le Piotr dans son pays. Ils réfléchissent à comment lui clouer définitivement le bec.
Et lorsqu’il s’agit, toujours dans cette même France, de cet « activiste-délinquant » et de sa « Brigarde » faisant irruption et saccageant tout à l’ambassade du Cameroun à Paris, agressant d’autres camerounais soupçonnés de sympathiser avec le régime en place, en territoire français, là il ne se passe rien. Les députés français, souvent si alerte et alertés, perdent soudain leur latin.
S’il y a un déstabilisateur non pas des « saintes-nitouches démocraties occidentales » mais des États dans le monde ….ce n’est pas la Russie, c’est la France, l’Occident et ses droits de l’homme.
Politiquement, que vaut l’ambassade du Cameroun violée à Paris à côté de bite de monsieur Griveaux dévoilée? Rien! La France est à la ramasse.
Le mépris des dirigeants français à l’égard de cette Afrique est si constant et atemporel, mais il se trouve encore des africains, intellectuels compris, qui courent derrière cette France (l’Occident) pour lui quémander son « aide démocratique », son parrainage, son attention, son amour, sa bienveillance….Pitié pour cette Afrique!
mediapart