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Artisanat : LES TEINTURIERS ONT LE VENT EN POUPE

En allant à l’aéroport international Modibo Keita Sénou, on peut facilement repérer les revendeurs du bazin. Certains exposent leurs tissus sur des grilles à quelques mètres du bitume pour attirer les clients. Dans ce décor particulier, se trouve le siège de l’association «Sikida Lakanan» de Kalaban coura. La teinture du bazin étant une activité en plein essor dans notre pays, à quelques semaines de la fête de Tabaski, les teinturiers se frottent les mains, au regard de la grande affluence autour d’eux.

Notre équipe de reportage a fait un tour en ville. Sur le flanc du marigot de Kalaban coura sont installés des teinturiers, concepteurs de motifs et autres designers. Tous travaillent à la satisfaction des clients qui ont recours à leur art. Le secteur utilise beaucoup les femmes qui réalisent des profits. Elles forment un groupe social homogène avec un objectif commun à savoir l’autonomisation des femmes. L’association «Sikida Lakanan» travaille à réussir cet objectif d’épanouissement de la femme malienne. C’est une entreprise sociale et collective, composée de plus de 100 personnes. Créée il y a plus de 10 ans, elle forme des jeunes aux métiers de la teinture.
La teinture du bazin rapporte cette année contrairement en 2017 où le marché était inondé des bazins chinois. «Les tissus teints à la main sont mieux appréciés et conquièrent les marchés internationaux», souligne Malamine Diakité, président de l’association qui a aussi des appréhensions sur l’importation des bazins chinois. A en croire notre interlocuteur, la mauvaise qualité de ces bazins décrédibilise le marché malien à l’échelle africaine voire internationale.
à quelques semaines de la fête de l’Aid El Kébir, les clients se bousculent aux portillons des teinturiers et teinturières. Une seule personne peut teindre 100 ensembles ou complets par jour. Ces produits sont généralement exportés vers des marchés extérieurs parce que représentant des commandes de partenaires commerciaux. Mme Doumbia confie que le secteur du bazin est pourvoyeur d’emplois. Au-delà du phénomène de mode, le secteur utilise des milliers de nos compatriotes.
On peut dire que la teinture du bazin nourrit son homme au Mali car les exemples de réussite dans ce secteur sont légion. «La teinture me permet de payer les frais de scolarité de mes enfants et d’épauler mon mari, notamment dans la construction de notre toit», explique Mme Doumbia.
La teinture du bazin est une activité passionnante car mélanger les différentes couleurs est un travail d’artiste, un travail vraiment méticuleux qui requiert un savoir-faire. Le secteur est quasi envahi par les jeunes filles et femmes de la tranche d’âge de 18 à 45 ans, relève une jeune dame qui a requis l’anonymat. «Ce métier permet d’être autonome au plan familial et social. Il devient véritablement une niche à l’approche des fêtes. Ainsi, on peut gagner plus de 250.000 Fcfa pendant la fête de Tabaski », dit-elle. Notre interlocutrice salue l’énorme travail accompli par l’association «Sikida Lakanan» qui s’attache à la formation des jeunes filles en teinture.
Cependant, la teinture du bazin, dans sa forme actuelle, reste encore une activité informelle, selon le président de l’association «Sikida Lakanan». «Notre secteur n’est pas considéré comme un maillon de développement de notre pays. Pourtant, il fait rentrer des centaines de millions par an dans notre pays. L’Etat n’y accorde pas beaucoup d’intérêt parce que c’est un secteur informel», raconte Malamine Diakité. La nécessité d’une réorganisation de cette activité s’impose. «Nous avons besoin de l’appui du gouvernement pour bien gérer les déchets, l’eau et les matériels pour un travail de qualité. Cependant, certains teinturiers et teinturières utilisent de produits chimiques qui posent un problème de santé et d’environnement. Ceux qui évoluent dans le secteur sont exposés à des maladies respiratoires», souligne le premier responsable de l’association.
Rokiatou Konaté, fidèle cliente de l’association, est venue vite teindre les habits de sa famille. Pour elle, la fête de Tabaski appelée aussi la «fête du bazin» est l’occasion pour ces professionnels de montrer leur savoir-faire au grand plaisir de leurs clients

Amadou SOW

L’Essor

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