La région du Sahel-Sahara est dans l’œil du cyclone, ont estimé les experts du Maghreb et d’Europe jeudi 7 novembre à l’issue d’un sommet de deux jours consacré à la sécurité à Nouakchott.
La crise malienne résonne encore dans la région du Sahel, tandis que le Printemps arabe “s’est soldé par une situation chaotique en Libye et en Tunisie”, a expliqué le politologue Didi Ould Sadek aux participants réunis au Centre maghrébin d’études stratégiques.
“Le Maghreb a été très affecté par le Printemps arabe qui s’est soldé par une situation chaotique en Libye et en Tunisie”, a-t-il déclaré dans son discours d’ouverture. “La situation sécuritaire au Sahel est pour nous d’une importance primordiale”, a expliqué Helmut Refain, membre de la Fondation Konrad Adenauer, co-organisatrice de ce sommet avec le centre mauritanien.
“Le terrorisme ne concerne pas que cette région et nous sommes conscients que ce qui se passe dans le Sahel est dangereux pour le reste du monde”, a-t-il ajouté.
Dans une présentation intitulée “La crise sécuritaire dans la région du Sahel : causes et répercussions”, le chef de la police Mohamed Abdallahi Ould Taleb Abeidi a brossé un tableau complet de la présence et des actions d’AQMI dans le nord du Mali.
Selon lui, “l’insécurité au Sahel est due à plusieurs facteurs, dont la difficulté des États à assurer leur sécurité, le problème des frontières et la précarité dans laquelle vivent les populations.”
Il a ajouté : “AQMI a adopté la stratégie de se fondre dans la population. Avec l’opération Serval, elle a été vaincue dans les villes, mais elle s’est repliée dans les montagnes de l’Agharghar. Et aujourd’hui, les terroristes se meuvent sur un vaste territoire.”
“Depuis 2012, les attaques terroristes ont augmenté de 40 pour cent”, a-t-il relevé.
“Le thème de ce colloque devrait plutôt être intitulé : Impact de la situation sécuritaire au Maghreb sur le Sahel, car c’est au Maghreb que le problème a commencé”, a expliqué le directeur du journal Biladi, Moussa Ould Hamed.
Le professeur M’hamed Al Maliki de l’Université Qadi Iyad de Marrakech a demandé aux pays d’Afrique du Nord de “coopérer pour créer et animer le projet d’intégration maghrébine ou du moins, coordonner leurs efforts de manière sérieuse dans le domaine sécuritaire”.
Al Maliki a regretté que les pays du Maghreb agissent indépendamment les uns des autres au lieu de travailler ensemble contre le terrorisme.
“AQMI est arrivée au Nord-Mali en 2003. Elle s’est installée très pacifiquement grâce à de bonnes relations avec les autorités locales et même nationales. Elle est toujours là après l’opération Serval, dont l’objectif militaire n’a pas été atteint”, a déclaré Hamma Agh Mahmoud, ancien ministre malien et ancien conseiller du Président.
“Actuellement, tout l’Azaouad, en dehors des villes où il y a l’armée française et les troupes de la MINUSMA, échappe au contrôle du pouvoir central”, a-t-il souligné.
Et d’ajouter : “À la lumière de ce qui vient de se passer au Nord-Mali, il est clair que le terrorisme fonctionne avec des fonds beaucoup plus importants que ceux issus des prises d’otages.”
Dans sa présentation consacrée à la sécurisation des frontières du Sahel et à l’expérience mauritanienne, le colonel El Boukhari Mouemel a souligné qu’il est “essentiel aujourd’hui pour tous les pays de la région de sécuriser leurs frontières pour faire face au défi” du terrorisme.
Un avis partagé par le colonel Sidi Mohamed Hamadi, pour qui : “Depuis la chute de Kadhafi, la Libye est devenue une réserve inépuisable d’armes pour les trafiquants et les terroristes. Il y a là de 800 000 à un million d’armes en circulation.”
Source: Magharebia