Tout est donc parti d’un communiqué de sa fondation rendu public au début du mois de février. Le dernier président Afrikaner de l’Afrique du Sud y niait la gravité de l’apartheid dans son pays. Une déclaration qui a dû faire se retourner Nelson Mandela dans sa tombe. Et qui a indigné toute la nation arc-en-ciel. Le 13 février dernier, à l’occasion de cérémonie du discours annuel de la nation du président de la République Cyril Ramaphosa où Frederik de Klerk était présent, le bouillant leader du parti des Combattants pour la liberté économique (EFF), Julius Malema avait claqué la porte du parlement après avoir déclaré : «Nous avons un meurtrier dans cette chambre».
Tollé d’indignation
Le lendemain de cette sortie, le président de Klerk, dans un second communiqué, avait dénoncé les attaques de Julius Malema avant de livrer sa conception propre de ce qu’est l’apartheid : «L’idée que l’apartheid ait été un crime contre l’humanité était et reste un projet de propagande initié par les Soviétiques et leurs alliés de l’ANC (Congrès national africain, au pouvoir depuis 1994) et du parti communiste pour stigmatiser les Sud-Africains blancs en les associant à de réels crimes contre l’humanité qui incluent généralement (…) le massacre de millions de personnes», avait-il déclaré.
Des explications qui ont eu un effet bien contraire à celui visé par l’ancien président blanc car ayant davantage alimenté la polémique et déclenché un tollé d’indignations dans le pays. Des explications inacceptables qui, aux dires des noirs, visent à minimiser les affres de l’apartheid. Des explications qui enfoncent davantage Frederik de Klerk. Surtout lorsqu’il y minore les victimes de l’apartheid à «quelque 23 000 personnes». «En se demandant si l’apartheid était un crime contre l’humanité”, l’ex-président de Klerk “a rouvert de vieilles plaies”», s’est indigné le prix Nobel de la paix Desmond Tutu.
Des excuses enfin
Face à ce déluge inattendu de critiques, Frederik de Klerk a dû «présenter ses excuses pour la confusion, la colère et les blessures» qu’il a créées. «Je suis d’accord” avec Desmond Tutu qu’il “n’est pas temps de pinailler pour savoir à quel point l’apartheid était inacceptable. C‘était totalement inacceptable», a-t-il reconnu en se confondant en excuses.