« Nous allons chercher les bandits armés et terroristes où qu’ils se cachent et nous les neutraliserons. Nous avons décidé de déployer progressivement un effectif important des Famas dans la région de Mopti pour qu’il n’y ait plus un mètre carré du territoire qui soit hors de notre contrôle… Nous ferons tout pour récupérer tous ceux qui sont récupérables et nous combattrons ceux qui devront être combattus. C’est le moment de choisir son camp » !
Ces propos sont du Premier ministre Soumeylou Boubèye Maiga qui vient de boucler une visite à Mopti. L’homme a aussi saisi l’occasion pour rassurer tout le monde quant à la tenue des élections à date : « Je vous garantis que le premier tour des élections présidentielles se déroulera le dimanche 29 juillet 2018 » ! La question est de savoir si l’homme a les moyens de ses ambitions, pour qui connait la profondeur de la crise que traverse notre pays, une crise qui n’est pas que sécuritaire, mais aussi économique et financière ?
Réputé être un homme de réseaux, Soumeylou Boubèye Maiga tient à marquer son territoire ! Secrétaire Général de la Présidence de la République, où il mit de l’ordre, jusqu’à sa nomination comme Premier ministre, le 30 décembre dernier, Soumeylou est un stratège, un fin politicien, calme et réservé et maitrise parfaitement les dossiers du Mali. Appelé pour donner de l’élan à l’application de l’Accord d’Alger qui traine toujours, Soumeylou est assurément là pour relever le défi de la sécurisation du Mali, gage incontournable pour l’organisation des élections apaisées et transparentes ! En effet, ancien patron de la Sécurité d’Etat, SBM devra travailler à permettre à IBK d’achever son mandat et à le faire réélire pour un second quinquennat dans la cohésion, au cas où il serait partant pour nouveau bail. Spécialiste des questions sécuritaires, il avait déclaré lors de sa toute première interview donnée à l’AFP, qu’il était prêt à prendre des « mesures fortes » pour renfoncer la sécurité des Maliens, en particulier dans le centre du pays confronté à une montée des attaques djihadistes, et ce conformément aux orientations du Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, pour qui la sécurité des Maliens est une priorité.
Les objectifs à lui assignés par le Président IBK sont entre autres : 1. La poursuite de la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation issu du processus d’Alger ; 2. L’endiguement de l’insécurité grandissante dans le centre du pays ; 3. La satisfaction de la demande sociale par l’accélération de la mise en œuvre du Programme Présidentiel d’Urgences Sociales ; 4. L’organisation d’élections transparentes, crédibles et apaisées. Auxquels il faut ajouter la poursuite de l’exécution et le prolongement des chantiers déjà ouverts dans les domaines de la lutte contre le terrorisme et l’insécurité, l’énergie, l’eau, le désenclavement, l’éducation, l’agriculture et la santé. Et pour booster l’application de l’accord d’Alger, SMB est depuis sa nomination passée à la vitesse supérieure par l’accélération du processus DDR, puisque convaincu que : « Tant que nous n’aurons pas avancé sur le processus DDR (démobilisation, désarmement, réinsertion), nous ne pouvons pas soustraire aux groupes terroristes la base de recrutement qui leur est offerte ». C’est d’ailleurs pour cela qu’il a réservé sa toute première visite à l’Algérie, un pays sans lequel la crise du Nord ne saura trouver une solution durable, mais qui ne semble pas suffisamment jouer le rôle qui est le sien à cause de la présence trop forte des français dans le processus. L’homme tient donc à emmener ce pays à jouer franc-jeu dans la gestion de cette crise qui n’a que trop duré, et c’est probablement la raison principale qui l’a motivé à choisir l’Algérie pour son premier voyage à l’Etranger.
Rappelons aussi que sa première audience, vingt-quatre heures seulement après son installation à la ‘’Primature’’, a été accordée à l’Ambassadeur d’Algérie au Mali, assurant aussi la présidence du Comité de Suivi de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation (CSA).
Face à des situations exceptionnelles, il faut des mesures exceptionnelles, dit-on ! IBK a-t-il fait sien ce dicton en nommant Soumeylou à la Primature ? Là-dessus, pas de doute ! En effet, celui qui apparait aujourd’hui comme le dernier « Mohican » pour la stabilité du Mali et pour l’organisation des élections, a tenu un vrai discours de « chef » à Mopti ! Viendra sûrement la reconnaissance de la nation, au cas où il réussissait son pari !
Salif Diallo
Source: Le Matinal