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Afri’ Actu : Faut-il maintenir la Minusma ?

Tous les ans, le Conseil de sécurité de l’ONU apprécie l’opportunité de proroger ou non le Mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA). Ainsi, pour lui avoir accordé une année supplémentaire lors de sa dernière session en juin 2019 – Résolution 2480 (2019) au titre du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies- la Minusma a maintenu ses 13. 289 soldats et 1. 920 policiers dans notre pays.

La priorité dévolue par ce mandat était de soutenir la mise en œuvre de l’Accord signé par le Gouvernement malien, les groupes signataires de la Plateforme et de la Coordination, ainsi que par d’autres parties prenantes maliennes concernées. De même, il devait faciliter la mise en œuvre d’une stratégie malienne globale dirigée par le Gouvernement, visant à protéger les civils, à réduire la violence intercommunautaire et à rétablir l’autorité de l’État, la présence de l’État et ses services sociaux de base dans le Centre du Mali, par la mise en œuvre des tâches prescrites.

Au terme de ce énième mandat, force est constater la Minusma est suspectée par ses détracteurs de n’avoir pas bien rempli son rôle. Ce qui pose naturellement la problématique de son maintien. Même la pléthore de communiqués de presse de la mission internationale laisse entendre le contraire. « Les questions transversales sont prises en compte par son mandat dont : la communication avec la population malienne ; la politique de tolérance zéro des Nations Unies en matière d’exploitation et d’abus sexuels ; le genre et la pleine participation et représentation des femmes à tous les niveaux du processus de stabilisation ; la protection des enfants, en particulier dans le contexte du désarmement, de la démobilisation et de la réintégration et de la réforme du secteur de la sécurité, afin de mettre fin aux violations et aux abus dont sont victimes les enfants et de les prévenir, etc ».

Pourtant cet optimisme béat ne semble pas être justifié sur le terrain. Le vendredi dernier, la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, parrainé par l’ensemble de la Communauté Internationale (CI), a sonné ses cinq bougies. Or force est de reconnaitre avec le recul que cet Accord, qui vise à éteindre à jamais, par la présence notamment de la Minusma, les crises cycliques irrédentistes que notre pays connaît depuis l’indépendance, est loin d’avoir connu des avancées certaines dans sa mise en œuvre.

D’autant que nombreuses questions, et pas des moindres, demeurent toujours sans réponses. Notamment : l’effectivité des DDR ; l’effectivité de l’opérationnalisation des nouvelles régions ; la relecture des principaux textes de la décentralisation pour mieux consacrer le principe de la libre administration des collectivités territoriales. Encore que les régions du nord et du centre demeurent toujours des zones d’insécurité où les assaillants ne cessent de harceler les forces de défense et de sécurité, le personnel de la Minusma mais aussi les populations civiles. Ces dernières payant malheureusement le plus lourd tribut de ces attaques.

Notre pays connait hélas un niveau sans précédent de violences terroristes. Le nombre de victimes d’attaques terroristes a été multiplié par cinq. Le bilan actuel serait de dizaines de milliers de morts et de centaines de milliers de déplacés internes et externes. Les terroristes frappent constamment dans la périphérie de Bamako. Aucune partie du pays n’est à l’abri d’attaques. Les 2/3 du territoire de notre pays échappent à la souveraineté nationale. Les ‘’ex-rebelles’’ régnent à Kidal et sèment la terreur dans les autres capitales régionales du nord, tandis que le centre du pays peine à connaître l’accalmie.

Gaoussou Madani Traoré

Source: Le Challenger

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