C’est une ardoise de 9 Milliards 905 millions que l’Etat doit aux investisseurs du pont de Kayes. Chaque année les impayés gonflent du fait de l’égoïsme des services financiers du pays .Ils se refusent à toute négociation pour un règlement à l’amiable accepté par des ministres en charge des transports d’un montant issu d’un contrat en bonne et due forme pourtant jamais dénoncé.
Le président de la République Ibrahim Boubacar Keita doit se sentir mal à l’aise face au dossier sulfureux du Pont de Kayes pour le non règlement du passif des investisseurs. C’est lui qui, alors Premier ministre sous le règne du tout puissant parti Adema-Pasj, a inauguré l’infrastructure le 04 février 1999. A cette époque, le péage n’était pas entré dans les mœurs financières de l’Etat. Les autorités, en ce temps, ont reculé l’expérimentation du péage pour traverser le tout nouveau pont de la ville des rails. La suite est connue : mal informés et peut-être peu sensibilisés sur le service payant, les Kayesiens se sont soulevés contre le paiement du péage avec la bénédiction d’un magistrat acquis à leur cause. Faut-il rappeler les larmes d’IBK en son temps, évoquant le ‘’B.O.T-Built own and Transfer’’?
Quinze ans après, beaucoup d’eau a coulé sous le pont et d’innombrables camions, camions-citernes, remorques sont passés sur la charpente avec des millions de tonnes de marchandises. Bon an mal an, deux cents camions au moins empruntent la chaussée.
De ce fait, le pont de Kayes est le cordon ombilical du trafic international qu’il facilite de ce côté. Il tient un rôle important dans les recettes budgétaires ouest-africaines. Donc ce n’est pas l’intérêt économique qui expliquerait le refus des financiers à trouver solution au manque à gagner de la Société du pont de Kayes aujourd’hui estimée à près de dix milliards de nos francs.
Pour que le pont de Kayes fut, l’Etat du Mali s’est porté actionnaire et garant avec une participation de 48 33%.C’est ce qui aura favorisé sans nul doute l’oreille attentive des ministres en charge des transports depuis que la société du pont a saisi le Médiateur de la République en 2011pour une issue à une affaire devenue un caillou dans les chaussures de l’Etat. Bien avant, en 2006, dans une lettre en date du 25 juillet, le Premier ministre, chef du gouvernement avait instruit aux ministres concernés dans le dossier, à savoir Economie et finances, Equipement, Domaines de l’Etat, Investissements de dilligenter cette affaire.
Récemment encore, lors de la Transition, le Ministre des Transports Général Abdoulaye Koumaré, à la suite de son prédécesseur Mamadou Coulibaly, a invité ses collègues de l’économie et du Budget à trouver une solution définitive à cette affaire. Puisqu’ ils sont eux ministres des Transports favorables à un règlement à l’amiable. Malgré la ténacité de la société du pont de Kayes et sa disponibilité à une normalisation, c’est le statu quo. Une attitude incompréhensible d’autant plus que l’Etat est partie signataire du contrat et la concession de laquelle devrait provenir les recettes du péage avorté.
Ibrahim M. GUEYE