Le groupe Havas a confirmé jeudi 26 avril la mise en examen d’un de ses collaborateurs. Jean-Philippe Dorent, responsable du pôle international de l’agence de communication Havas Paris, proche collaborateur de Vincent Bolloré, visé dans la même enquête que le milliardaire français.
Deux chefs d’inculpation ont été retenus contre lui : « abus de confiance » ainsi que « faux et usage de faux ». Le communicant a toutefois été placé sous le statut de témoin assisté pour ce qui concerne les faits présumés de corruption d’agent public étranger. L’objectif de la justice française est de déterminer si Havas, à travers ses activités de conseil en politique, a pu favoriser l’arrivée de certains dirigeants et obtenir, en échange, des concessions portuaires, celles notamment de Lomé et de Conakry. Alors, qui est Jean-Philippe Dorent ? Que sait-on de ses réseaux africains ? Sa carrière, Jean-Philippe Dorent l’a en grande partie construite sur le continent africain. D’abord consultant au Sénégal pour le compte de la société pétrolière Vitol, il rejoint, dès la fin des années 1990, l’agence de communication RSCG, aujourd’hui intégrée à Havas. « Monsieur Dorent est un communicant qui a mis son savoir-faire immense, je n’en doute pas, au service de grands hommes politiques africains pour une seule raison : rapporter des intérêts financiers ou industriels pour son patron. Et qui est son patron ? C’est Vincent Bolloré et personne d’autre », explique Nicolas Vescovacci, auteur de l’ouvrage « Vincent Tout Puissant », consacré au milliardaire français et à ses réseaux. Un patron qui entretient des liens de proximité, parfois d’amitié, avec plusieurs chefs d’Etat africains. Faure Gnassingbé au Togo, Alpha Condé en Guinée, deux hommes qui ont bénéficié des conseils de Jean-Philippe Dorent lors des présidentielles de 2010. Outre les campagnes électorales, son agence Havas assure aussi la communication de déjeuners de presse ou d’événements nationaux. « C’était vraiment l’homme de l’opérationnel, dans les pays comme le Togo, la Côte d’Ivoire, le Cameroun, analyse Antoine Glaser, journaliste français, spécialiste du continent africain. C’était toujours lui qui organisait les campagnes présidentielles et autres. L’ensemble des opérations. » Des opérations qui ont permis à Jean-Philippe Dorent de tisser sa toile et de se faire un nom dans les milieux du pouvoir africains. Pour rappel, une troisième personnalité a été mise en examen aux côtés de Jean-Philippe Dorent et Vincent Bolloré. Il s’agit du directeur général du groupe Bolloré, Gilles Alix. La justice française l’a inculpé pour corruption d’agent public étranger, complicité d’abus de confiance et complicité de faux.
RFI