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AES : la très grosse erreur de la CEDEAO et de l’Occident ; ils pouvaient l’éviter

L’Alliance des États du Sahel (AES) composée du Burkina Faso, du Mali et du Niger passe d’une alliance de sécurité à une confédération d’États.

Puisque les trois pays concernés ont quitté “de manière irrévocable” la CEDEAO , ils renoncent de facto aux accords de libre-échange qui permettaient la libre circulation des marchandises, mais aussi des capitaux et des populations entre les 15 pays membres de l’organisation.

Pour eux, cette libre circulation n’est désormais possible qu’entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger, ainsi qu’avec les cinq autres membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa ), puisque les juntes n’ont pas (encore) quitté cette institution qui regroupe 8 pays ayant en commun le franc CFA.

Par ailleurs, ce bloc géographique présente une caractéristique quasiment rédhibitoire : il est totalement enclavé.

Il n’a aucune ouverture sur la mer, et peut faire l’objet par les autres pays membres de la CEDEAO d’un blocus, auquel il ne pourrait échapper que par l’Algérie, la Mauritanie et le Tchad.

La nouvelle Confédération va donc rencontrer des difficultés importantes pour ses exportations et pour ses importations.

Peu après la création de l’AES le 16 septembre 2023, on avait pointé la proposition marocaine d’ouvrir sa façade maritime aux trois pays en voie de confédération.

Mais on avait également noté le caractère irréaliste de cette démarche, aussi bien au plan géographique que sur plan diplomatique.

L’autre problème qui risque de surgir rapidement est celui de la monnaie. Les pays confédérés utilisent toujours le franc CFA. Ils sont donc encore dépendants de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) et de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), et ne pourront s’en libérer qu’en créant leur propre monnaie.

Création de l’AES, quelles conséquences pour la CEDEAO?
À l’évidence, la signature du traité portant création de la Confédération Alliance des États du Sahel (6 juillet 2024) fragilise la CEDEAO .

D’abord parce qu’elle perd un morceau de territoire couvrant 2 758 000 km2, soit presque la moitié de la superficie de la CEDEAO (6,1 millions km2), et comptant un peu plus de 70 millions d’habitants, soit seulement un tiers de la population de la communauté ouest-africaine (210 millions d’habitants).

Mais cette fragilisation se révèle surtout sur le plan diplomatique. En effet, la CEDEAO avait récemment multiplié les gestes d’ouverture et de bonne volonté à l’endroit des militaires putschistes qui gouvernent les trois pays concernés.

Collectivement, elle avait renoncé aux sanctions et, individuellement, certains pays avaient déverrouillé leurs frontières, notamment le Nigeria.

La décision du 6 juillet 2024 apparaît donc comme un camouflet à l’encontre d’une institution qui, par le passé, était parvenue à régler bon nombre de conflits régionaux.

À l’échelle continentale, la CEDEAO était probablement la seule organisation sous-régionale en mesure d’intervenir diplomatiquement, politiquement et même militairement avec une efficacité généralement reconnue par la communauté africaine et internationale.

La défection des trois pays risque de lui faire perdre du poids et du crédit sur la scène internationale.

Source: https://yop.l-frii.com/
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