Adéma-Pasj : L’implosion est consommée
La 3ème Conférence nationale extraordinaire de l’Adéma-Pasj s’est tenue finalement le 19 mai dernier. L’atmosphère y était lourde. Dès le petit matin, des groupes de militants envahissaient les lieux aux cris de : « Candidature interne », « l’Adéma n’est pas un club de soutien ! », « Non à l’achat de conscience ! », etc. Quelques jours auparavant, au siège du parti, ils avaient entamé des actions similaires, obligeant des cadres du parti à retourner sur leurs pas.
Cette fois-ci, la direction du parti avait pris les devants. La police fut ainsi déployée dès les premières heures. Mieux, des éléments d’une société privée, « Dassa Force Sécurité », (Gros-bras » en bambara) étaient de la partie. Pour leur déplacement, les agents de police au nombre de 50 avaient 2 900 FCFA par tête, tandis que les seconds, les pratiquants d’arts martiaux de Dassa Force Sécurité au nombre de 50 aussi, percevaient 5 000 FCFA chacun.
A part des cris et des slogans hostiles au locataire du palais présidentiel, aucun incident n’a été signalé. Avec la présence de la police, l’Etat s’était manifesté.
Le système de verrouillage du Pr Tiémoko Sangaré refuse tout débat
Les travaux de la Conférence nationale extraordinaire étaient verrouillés dès le départ. Organisés pour faire de la simple diversion, ils ont été délocalisés du Pavillon des Sports Modibo Kéita à l’Hôtel Maeva sis à Hamdalaye ACI 2000. Les tenants de la ligne de soutien au Président IBK, vrais organisateurs des travaux, ont d’abord tenu à filtrer les délégués des sections , puis les entrées.
Après les salutations d’usage qui laissèrent place à la cérémonie d’investiture, des délégués exprimèrent leur désir de se prononcer. Mais, c’était sans compter avec le système de verrouillage mis en place par le Pr Tiémoko Sangaré, le Président du parti. Ni les prétendants à la course, Mamadou Koné, Dramane Dembélé, Abdoulaye Pona ou Kalifa Sanogo ne purent dignement faire valoir leurs droits.
Même Boubacar Bah dut Bill, l’édile de la C V eut du mal à se faire entendre. Malgré un bon plaidoyer en faveur de la libre expression des délégués, la direction du parti resta de marbre. Fidèle à la morale politique, il ne put s’empêcher de quitter la salle des travaux. Une déclaration de soutien « renouvelé» au Chef de l’Etat, sans débat ni discussion, est lue et approuvée par les présents.
Dramane Dembélé persiste et signe
Aussitôt, les partisans de l’ancien ministre et prétendant à la course, Dramane Dembélé, crièrent à la trahison. A les entendre, rien ne saurait empêcher leur pari, Adéma-Pasj, de compétir ou de laisser compétir l’un de ses cadres. C’est pourquoi ils entendent aller au bout de leur logique.
Le 25 mai prochain, date anniversaire de la création du parti, ils se proposent de lancer dans la bataille électorale, pour la 2ème fois, leur champion. Ce dernier avait défendu les couleurs du parti en 2013 et était arrivé en 3ème position.
La Jeunesse Adéma avait pourtant anticipé cette mascarade qui allait aboutir à la scission. Dans une lettre en date du 28 avril dernier et signée par son Président Lazare Tembely, elle met en garde le Comité exécutif du parti de « son manque de volonté manifeste d’achever le processus de désignation du candidat du parti aux élections présidentielles de 2018 ». Dans la même lettre, la Jeunesse Adéma « constate l’incapacité de la direction actuelle du parti sous la conduite du Pr Tiémoko Sangaré à mener à bon port le bateau Adéma ; tient le CE responsable des menaces qui pèsent sur l’existence même du parti, déclare le CE incapable à prendre en charge les militants ; qu’elle a lamentablement échoué et qu’elle se réserve d’en tirer toutes les conséquences »
Dans la région de Sikasso, aussi, l’on s’active toujours autour de la candidature de Kalifa Sanogo. Là-bas, l’on assure que les militants iraient jusqu’au bout. Certains avec IBK, d’autres avec Dra ou Kalifa, et même avec Soumaîla Cissé pour ceux qui veulent tourner vite et définitivement la page IBK. L’implosion est déjà consommée à l’Adéma.
N.S et A.D
Source: Le Sphinx