Après des hésitations, tergiversations et appels de pied à IBK, le parti avait finalement décidé d’avoir son candidat à la présidentielle de juillet prochain. Comme à l’accoutumée, ce choix passera par des primaires. Cette décision ne semble pas ramener l’apaisement dans la ruche. En effet, Kalfa Sanogo, Moustaph Dicko, Dramane Dembelé, tous candidats à la primaire, ont décidé de suspendre leur participation au processus. Cela pour protester contre les manœuvres de certains membres du comité exécutif du parti qui cherche à torpiller l’organisation des primaires au profit du Pr Dioncounda Traoré.
L’Adema-Pasj (parti de l’Abeille) frôle-t-elle l’implosion ? Aura-t-elle un candidat à la prochaine présidentielle? Toutes ces questions méritent d’être posées au vu des divergences qui continuent de secouer la ruche. Après des débats houleux, les abeilles avaient finalement convenu de présenter un « candidat consensuel et rassembleur » issu des rangs du parti pour la présidentielle de 2018. Un appel à candidatures a été ouvert. Cette décision certes, indiquée par les textes du parti, a déclenché une autre bataille, plus périlleuse pour la cohésion au sein du parti. En effet aujourd’hui dans la ruche, les intérêts sont si divergeant qu’ils paraissent irréconciliables. Dans cette guerre qui ne dit pas nom, des noms sont cités et soutenus par des clans, représentant chacun un pan (groupe d’intérêt ?) du parti. D’un côté, ceux qui s’estiment redevables d’IBK. Cette tendance compterait dans ses rangs de hauts cadres de l’administration et plusieurs membres du gouvernement qui ne lésineraient pas sur les moyens pour sauvegarder leurs postes. De l’autre côté, il y a ceux qui sont partisans d’une vraie candidature interne. Dramane Dembélé, Kalfa Sanogo, Moustapha Dicko… sont tous de cette tendance. En suspendant leurs participations au processus de désignation interne du parti, ils attendent mettre à nues des manœuvres d’une partie du CE visant à vider la primaire de son sens. Ainsi, dans une déclaration, les trois candidats à la primaire affirment : « Les premiers responsables du parti, à défaut d’empêcher les recommandations et les décisions de la conférence nationale, s’évertuent à prendre des actes contraires aux vœux de la majorité du Parti. La majorité ayant fini par imposer l’application des textes régissant lors de la réunion du 14 février 2018, le recours à la candidature du camarade Dioncounda Traoré a été la trouvaille devant emmener de façon insidieuse et vicieuse le parti à soutenir la candidature du Président sortant. En effet, consulté, il y a quelques mois de cela sollicité par le président du comité exécutif en personne, le camarade Dioncounda Traoré a clairement dit qu « il ne se présentera pas contre le président Ibrahim Boubacar Keita si celui-ci décide de briguer un second mandat ». Plus loin dans la déclaration, les trois candidats se disent certains de la manœuvre d’empêchement d’une candidature interne de l’Adema de la part de haut responsable du CE. « Le grand frère Dioncounda n’est pas partant ; il l’a réaffirmé à plus d’un camarade. La stratégie est claire : le designer coûte que coûte pour constater plus tard qu’il n’a pas accéder à la demande expresse de la majorité des membres de la section ou qu’il s’est désisté, en faveur d’IBK, naturelle. La mascarade est trop grave, et c’est pourquoi, pour ne pas le cautionner nous avons décidé de suspendre notre participation à la primaire. En prenant cet acte, nous prenons en témoin l’ensemble des militants de l’Adema, l’ensemble du peuple malien qui attendent un changement radical … », expliquent-ils. Le parti de l’Abeille parviendra-t-il, en vue de la présidentielle de 2018, à surfer sur les vagues de ces divergences pour désigner un candidat accepté par tous ? Quoiqu’il en soit, c’est l’heure du choix à l’Adema, mais un choix risqué.
Mémé Sanogo
Source: L’ Aube