Signé le 18 juin dans la capitale du Faso, l’Accord entre le Mali et ses groupes armés fait couler d’encre et de salive. Pour faire la lumière sur ce que beaucoup appellent les points obscurs, Tiébilé Dramé, l’artisan de cet accord s’assume.
Lors d’une conférence de presse tenue hier dans un hôtel de la place, l’émissaire spécial du chef de l’Etat a expliqué ce que certains appellent les points obscurs de l’accord.
Artisan de la signature de l’accord de Ouaga, l’émissaire du chef de l’Etat rassure les sceptiques. Pour lui, jalons d’un accord définitif, l’accord préliminaire de Ouagadougou est la conclusion de 30 jours d’intenses activités auxquelles le gouvernement a activement pris part.
Pour Tiébilé Dramé, l’accord n’est ni celui de la honte ni la preuve de la capitulation de l’Etat. Pour lui, il est plutôt le reflet d’une démarche inclusive et d’une volonté commune de sortir d’une crise tel demandé par la résolution 2100 du Conseil de sécurité des Nations unies.
Selon l’émissaire spécial du chef de l’Etat, l’accord de Ouagadougou réaffirme un certain nombre de choses pour le Mali comme : l’intégrité territoriale, la forme laïque de la République, l’acceptation du principe de désarmement des groupes armés, le retour des forces de sécurité et de défense, et le redéploiement de l’administration générale et des services sociaux de base à Kidal.
Pour M. Dramé, nier ces acquis de l’accord est un déni de l’évidence. En ce sens que le pays revenait de loin il y a seulement quelques mois. En effet, pendant 18 mois, le Mali a vécu à la fois le repli de son armée au nord, l’occupation des 2/3 de son territoire national, un coup d’Etat militaire, la prolifération de l’économie criminelle, la proclamation de l’indépendance sur une partie de son territoire, les exactions de tout genre. Aujourd’hui, que les partisans de tels projets renoncent à tout cela pour déclarer leur appartenance au Mali, est un acquis que nul ne doit minimiser. D’ailleurs, se félicite-t-il, tout le monde doit se réjouir de la signature de cet accord.
Pour Tiébilé, ceux qui contestent l’accord étaient les mêmes à contester l’arrivée de forces de la Cédéao et d’autres forces étrangères sur le sol malien.
« Je suis sûr que ceux qui contestent l’accord entre le Mali et les groupes armés du nord n’ont pas lu sa version signée », a-t-il affirmé.
Pour Tiébilé Dramé, un autre acquis de cet accord a été l’implication des autres groupes armés du nord à son processus de négociation.
L’une des victoires du Mali et l’émissaire spécial de son chef de l’Etat fut le fait de faire adopter la démarche inclusive des négociations qui ont aboutit à cet accord.
C’est vrai que l’accord a été signé entre le Mali et le MNLA/HCUA mais l’adhésion de la Coordination des mouvements et forces patriotiques de résistance (CMFPR) et du Mouvement arabe de l’Azawad a permis d’éclairer la lanterne des médiateurs et de la communauté internationale fortement représentée à Ouagadougou.
En réponse à ceux qui estiment que l’armée malienne sera sous tutelle en rentrant à Kidal avec les forces de la Munisma, Tiébilé soutient qu’il n’en rien en rappelant que l’armée malienne et les forces de l’Opération serval, des troupes Tchadiennes et d’autres troupes alliées ont travaillé en parfaite intelligence à Diabaly, Gao, Toumbouctou, Konna… « Ce n’est pas à Kidal, capitale de la 8 e région du Mali », a-t-il répondu avant d’enchaîner que l’accord n’éteint pas les poursuites judicaires contre les auteurs des exactions et crimes commis pendant l’occupation. Il trouve que la création de la commission d’enquête sur les crimes pourra rester un garde-fou contre toute impunité. Ainsi, les combattants (criminels) faits prisonniers et dont l’accord demande la libération pourront être repris par la justice sur la base des conclusions de la commission d’enquêtes créée à cet effet.
Pour Tiébilé Dramé, l’armée rentrera à Kidal dès que la Commission mixte de sécurité, qui travaille depuis le jour de la signature de l’accord, rendra ses conclusions.
Parlant du cantonnement des groupes armés, Tiébilé a expliqué que ce processus permettra de les confiner dans un endroit bien précis. Cela, dit-il, permettra de pouvoir répertorier le nombre d’armes en circulation.
Loin d’être un lien sur les mains du nouveau président, Tiébilé Dramé estime que l’accord de Ouagadougou est un accord préliminaire pour le dialogue intermalien dont la Commission dialogue réconciliation aura la charge de poursuivre.
Etaient présents à cette conférence de presse des cadres de la primature et du ministère de l’Administration territoriale. Preuve que le gouvernement de transition accorde beaucoup d’importance à cet accord.
Markatié Daou