L’analyse des boîtes noires devrait permettre de déterminer les circonstances de la collision entre un avion de ligne et un hélicoptère militaire, qui a causé la mort de 67 personnes.
Les boîtes noires de l’avion de ligne qui s’est abîmé dans la rivière Potomac, à Washington, à la suite d’une collision avec un hélicoptère de l’armée américaine, mercredi 29 janvier, ont été retrouvées. Cruciaux pour l’enquête, l’enregistreur vocal du cockpit et l’enregistreur des données de vol de l’appareil exploité par la compagnie PSA sont en cours d’analyse, a fait savoir l’agence de sécurité des transports américaine (National Transportation Safety Board, NTSB), jeudi 30 janvier en fin de journée.
Plus tôt, l’un des responsables du NTSB, Todd Inman, avait insisté sur le fait que l’agence ne disposait pas d’« assez d’éléments pour être en mesure d’établir » les causes de l’accident aérien qui a provoqué la mort de soixante-sept personnes, mercredi. Il n’est pas possible à ce stade de déterminer si une erreur humaine ou un incident mécanique est en cause, a-t-il précisé. « Notre objectif est d’avoir un premier rapport dans les trente jours », a-t-il ajouté. En attendant, « nous ne spéculerons pas sur ce qui a pu causer cet accident », a-t-il souligné. « Il faut nous donner du temps, a demandé, de son côté, la directrice de la NTSB, Jennifer Homendy. Nous avons des éléments, nous avons des données, en quantité substantielle. Nous devons les vérifier. Nous devons prendre notre temps pour s’assurer de l’exactitude [des conclusions]. »
Selon un premier rapport du régulateur de l’aviation américain (FAA), cité par des médias américains, les effectifs de la tour de contrôle de l’aéroport n’étaient « pas normaux pour cette heure de la journée et ce volume de trafic ». Un seul contrôleur, au lieu de deux normalement, gérait à la fois le trafic des hélicoptères et des avions de ligne, relève ce rapport, qui a fuité. Par ailleurs, vingt-quatre heures avant la collision, un autre appareil sur le point d’atterrir sur le même aéroport a dû tenter une seconde approche car un hélicoptère volait près de sa trajectoire, ont rapporté le Washington Post et CNN, citant un enregistrement audio du contrôle aérien.
« Une nuit sombre et atroce »
L’avion transportait soixante passagers et quatre membres d’équipage. Un responsable du Pentagone a précisé que trois militaires étaient à bord de l’hélicoptère. Des équipes de plongeurs travaillent à retirer les corps des eaux glacées du fleuve Potomac. Vingt-huit avaient été extraits jeudi matin, selon les pompiers, quarante en fin de journée, selon les médias américains. L’équipage de l’hélicoptère était « relativement expérimenté » et effectuait « un vol de nuit d’entraînement de routine », a précisé le ministre de la défense, Pete Hegseth.
Pour le président des Etats-Unis, Donald Trump, la catastrophe aérienne est la responsabilité de ses prédécesseurs démocrates. « J’ai donné la priorité à la sécurité. Obama, et Biden, et les démocrates ont mis la politique en premier », a-t-il dit lors d’un point presse, jeudi, s’en prenant, sans preuve, aux programmes qui promeuvent la diversité au sein de l’administration américaine et, plus spécifiquement, du régulateur américain de l’aviation, la FAA.
« Ils ont même donné une directive : “Trop blanc.” Or nous voulons des gens compétents », a soutenu le républicain. Pour appuyer son propos, il a signé un nouveau décret dans l’après-midi renforçant la chasse à ces programmes qu’il qualifie de « discrimination honteuse ». Ancien ministre des transports sous la présidence de Joe Biden, le démocrate Pete Buttigieg a qualifié cette mise en cause d’« abjecte ». « Alors que les familles sont en deuil, M. Trump devrait diriger et non mentir », l’a-t-il exhorté.
Donald Trump a confirmé le bilan de soixante-sept morts, qui fait de cette catastrophe aérienne la plus meurtrière depuis qu’un avion de ligne s’était écrasé peu après son décollage à New York en novembre 2001. « Ce fut une nuit sombre et atroce dans la capitale et dans l’histoire de notre pays », s’est-il également désolé.
Des patineurs artistiques à bord
Une bande sonore des échanges dans la tour de contrôle permet d’entendre les contrôleurs demander plusieurs fois au pilote de l’hélicoptère s’il avait vu l’avion, puis lui ordonner de « passer derrière » ce dernier. « J’ai juste vu une boule de feu et puis il a disparu », s’exclame ensuite un contrôleur, après que la communication avec l’hélicoptère avait été coupée.
Parmi les victimes, se trouvaient plusieurs membres de la communauté du patinage artistique, dont le couple russe Evguenia Chichkova et Vadim Naoumov, champions du monde en 1994, et désormais entraîneurs aux Etats-Unis. De jeunes athlètes et leurs familles étaient aussi du voyage. L’avion venait de Wichita, au Kansas, dans le centre du pays, où se déroulaient des championnats nationaux.
Deux ressortissants chinois se trouvaient également à bord, a rapporté, vendredi, l’agence officielle Chine nouvelle, citant l’ambassade de Chine aux Etats-Unis. « La Chine a demandé aux autorités américaines de communiquer en temps opportun les avancées des opérations de recherche et de sauvetage, et de déterminer rapidement les causes de l’accident », a déclaré un porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois, cité par le média d’Etat CCTV. Les Philippines rapportent, pour leur part, qu’un de leurs officiers de police était également à bord de l’avion.
La ville de Washington est sans cesse survolée par des avions et des hélicoptères à très basse altitude, l’aéroport Ronald-Reagan se trouvant sur une rive du Potomac. Tout près de la zone de la collision de mercredi soir, un Boeing d’Air Florida avait percuté, en janvier 1982, un pont pendant une tempête de neige, tuant 78 personnes.
