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Abdoulaye Sow, Secrétaire général de la FESABAG à propos de Yété Mali : « le problème est au-delà de l’ethnie mais c’est celui de son avenir »

Abdoulaye Sow Secrétaire général Fédération Syndicale  assurances  Banques  Guinée (FESABAG)

Rien ne va plus entre la Fesabag et Yété Mali, une institution de microfinance en crise. La semaine dernière, réunie autour des sujets concernant Pride Finance Guinée (en crise aussi) et cette dernière, la Fesabag a invité l’ensemble des membres de sa structure a observé la fermeture de toutes les banques et institutions de microfinances relevant de son secteur en attendant de discuter avec la BCRG. Il n’en fallait pas pour susciter l’ire de  la Direction de Yété Mali qui s’en est immédiatement pris au Secrétaire syndical qui, dans un entretien accordé à notre quotidien, donne des précisions sur ce qui s’est passé. Interview !

Lejourguinee : La semaine dernière, vous avez ordonné la fermeture de toutes les banques et assurances en République de Guinée à cause des problèmes décelées au niveau de deux institutions de microfinances notamment Pride Finance et Yété Mali. Qu’est-ce qui a motivé cette décision ?

Abdoulaye Sow, Secrétaire général  de la Fesabag : je vous remercie. Je suis le Secrétaire général de la Fédération Syndicale des assurances et Banques de Guinée (FESABAG). Cette décision a été prise suite à une assemblée générale des élus de la Fesabag le mercredi 13 août 2014 à la Banque Centrale de la République de Guinée (BCRG). Nous avions deux structures qui sont dans des situations difficiles. La première, c’est Pride Finance Guinée. Cette institution est presque fermée. Nous avons eu plusieurs discussions avec la BCRG pour prendre des dispositions  afin de sauver l’entreprise.

Mais aujourd’hui, elle est fermée et ses travailleurs sont dans la rue. En vue de nous permettre de protéger les emplois, nous avons demandé à la BCRG de respecter les différentes recommandations des différents audits et voir dans quelles mesures, on peut refinancer l’entreprise pour quelle redémarre et que les gens retrouvent leur emploi.

La deuxième structure qui était à l’ordre du jour, c’est Yété Mali. A Yété Mali, aujourd’hui, il y a un conflit d’une grande envergure qui existe entre le DG et la DGA. Ce conflit a entrainé une division des travailleurs. Le PCA (Président du Conseil d’administration) s’est impliqué en faveur du Dg et destiné la DGA  sur des bases irrationnelles au mépris des lois. La loi dit le Conseil d’administration destitue, la Banque Centrale retire l’agrément. Parce que quand le CA (Conseil d’administration) nomme, c’est la Banque Centrale qui agrée. Quand cela n’est pas, l’intéressé ne peut pas fonctionner. Nous avons pris cette décision en tenant compte de plusieurs de nos structures fermées.

Historiquement, vous avez la BIAG, la Mutuelle de Guinée, la Badam dont la situation est éloquente. Elle est aujourd’hui fermée, les travailleurs sont dans la rue, les déposants n’ont pas leur argent. Donc, examinant ces situations, à l’unanimité, l’ensemble des élus ont pris la décision que nous organisions deux assemblées les 14 et 18 août pour attirer l’attention de la BCRG et les autorités du pays. Ce qui a été fait. Nous avons déposé cette lettre d’information au niveau de toutes nos structures pour observer le mot d’ordre que nous avions lancé. Vous avez vu ce qui s’est passé.  Tout le pays était paralysé parce que nos structures ont été fermées de 8h à 14 heures (le vendredi 15 août 2014, ndlr).

Mais qu’est-ce que s’est passé fondamentalement à Yété Mali ?

Au-delà du conflit, les travailleurs sont complètement divisés et la Direction générale pour semer la zizanie a fait signer un papier volant à tous les travailleurs pour dire qu’elle veut réconcilier le Dg et la DGA. Une fois que les gens (61e personnes) ont signé, ils ont écrit un courrier à la Fesabag. Ils ont adjoint à cette liste pour dire que c’était une pétition pour  désavouer la délégation syndicale sur place.

Quand nous avons reçu le courrier, on s’est dit en tant que syndicat responsable d’aller sur les lieux pour s’enquérir de la réalité en écoutant les travailleurs. C’est ce qui fut fait.  Nous sommes allés à Yété Mali. La direction de Yété Mali avait préparé des loubards pour nous frapper. Mais heureusement, quand ils nous ont vus, ils ont changé de vision. Ils sont venus dans la salle archi-comble.  Nous avons rencontré les travailleurs, on a échangé avec eux. Ils nous ont dit qu’ils n’ont jamais vu une lettre disant qu’ils désavouent leur délégation syndicale. D’ailleurs, ils sont derrière la leur et unanimement, ils ont dit que c’est un problème malinké. Ils ont dit Ko maninka kolé. C’est pourquoi, ils se sont tous ligué contre la DGA. Nous sommes venus dans le bureau du directeur général. Nous lui avons dit de faire en sorte que le climat soit apaisé. Je pense que cela n’a pas été compris. Aujourd’hui, la direction générale de Yété Mali et son PCA se comportent comme les dirigeants de la Badam.

II vous souviendra vous journalistes quand le problème de la Badam s’est posé, la direction générale est montée sur tous les toits pour dire que la Badam était une belle entreprise, qu’elle est solvable et que tous les fondamentaux sont en place. Vous avez vu ce qui s’est passé… Aujourd’hui, l’intervention du DG et du PCA (de Yété Mali, ndlr) dans les radios, cela doit inquiéter tout Guinéen surtout les travailleurs de Yété Mali. Qu’ils disent partout, il n’y a pas de problème, il y a problème. C’est ce qui a fait qu’avec la Banque Centrale qui est l’organe de supervision des banques, assurances et microfinances, nous sommes arrivés à signer un protocole d’accord.

Il n’y a pas de protocole d’accord s’il n’y a pas de problèmes. Et ce protocole d’accord dit en substance : ‘’article 1er : concernant la structure Yété Mali, la Banque Centrale s’engage à faire respecter les dispositions de l’article 42 de la loi sur la microfinance dans toute sa rigueur. Toutes les fautes de gestion qui découleront du rapport d’inspection du mois de juin 2014 de la Banque Centrale seront punies conformément à la loi. Il est demandé à la direction générale de Yété Mali de prendre toutes les dispositions nécessaires en vue de retrouver un climat de travail paisible.
S’agissant du cas de Pride Finance, la Banque centrale s’engage à entreprendre avec la Fesabag auprès du gouvernement des démarches urgentes en vue de trouver une solution définitive de l’institution et ce, d’ici le 30 septembre 2014’’.

S’ils disent aujourd’hui qu’il n’y a pas de problèmes, c’est qu’ils narguent même la Banque Centrale qui a accepté pendant deux jours de se mettre autour de la table avec la Fesabag, échanger pour parvenir à ce protocole et qui a nécessité l’implication de la plus haute autorité du pays. Aujourd’hui, quoiqu’ils disent, les travailleurs du secteur financier guinéen sont fiers de la Fesabag. Parce qu’ils savent que nous défendons le travail et les travailleurs. C’est notre rôle.

La preuve, c’est la SOGAM qui était dans la même situation que Pride Finance. Nous avons négocié et amené le gouvernement à financer la Sogam. Aujourd’hui, elle est une belle structure qui se porte très bien et bien gérée et dont les travailleurs sont fiers. Donc, nous jouons parfaitement nos rôles et nous ne voulons pas qu’en cascade, les institutions qui relèvent de la Fesabag ferment. Car, les gens perdent leur emploi et leur dignité.

Qui a initié les audits dont vous avez fait allusion dans cet entretien ?

Ces audits ont été déclenchés par la Banque Centrale suite à ce que je viens de vous expliquer au climat social délétère que vivent aujourd’hui  les travailleurs de Yété Mali. Ce qui a fait que ces audits ont été déclenchés. La Banque Centrale est en train d’analyser ces audits. Vous avez vu dans le protocole, elle a dit que tous les fautifs dans la gestion de Yété Mali subiront les rigueurs de la loi. Nous, on est sereins. Que les gens montent aujourd’hui sur tous les toits pour dire que la DGA est liée à M. Sow Abdoulaye et elle est la sœur du vice-gouverneur de la Banque Centrale parce que nous sommes des peulhs, qu’ils se détrompent. Nous sommes des peulhs, c’est vrai, mais nous sommes des Guinéens comme eux. Mais le problème qui se pose est au-delà de l’ethnie. C’est un problème réel qui peut compromettre l’avenir de Yété Mali si on n’y prend pas garde. Sachant que la banque Centrale et les autorités sont déterminées à faire en sorte qu’un climat paisible règne à Yété Mali, elles prendront toutes les dispositions. Si cela n’est pas, la Fesabag va sévir.

Comment fonctionnent les structures de microfinances en Guinée ? Sont-elles subventionnées par la Banque Centrale ou par la cotisation de ses membres ?
Il y a beaucoup de sources. Vous avez vu récemment le Chef de l’Etat, Pr. Alpha Condé, dans sa magnanimité, pour faire face aux difficultés de la population a donné 137 milliards aux structures de microcrédits pour prêter aux ménages afin que les gens fructifient pour subvenir à leurs besoins et rembourser ces structures. Il y a aussi la cotisation des membres dans ces structures-là. Il y a aussi les bailleurs de fonds notamment la Banque Mondiale, certaines Ong, etc. donc, c’est des sources diverses qui alimentent ces structures et qui font qu’elles fonctionnement normalement.

Quel message lancez-vous aux structures membres de la Fesabag ?

Je voudrai d’abord leur exprimer ma satisfaction et ma fierté pour leur mobilisation. Je leur demanderai tous d’être vigilants par rapport aux fonctionnements de nos structures parce que nous vivons là. Il ne faut pas tuer la poule aux œufs d’or. Dès qu’ils sentent que l’institution est attaquée, qu’ils en informent la Fesabag. Et quand la gestion va dans un sens non souhaité, il faudrait que la Fesabag soit alertée pour que nous puissions prendre des dispositions pour éviter les fermetures qui entrainent des licenciements pour mettre des travailleurs dehors…Nous demandons à tous les travailleurs du secteur financier guinéen de continuer à faire confiance à la Fesabag.

Aux travailleurs de Yété Mali de garder la sérénité. Il n’y a rien dans la vie une chose qui est faite une fois pour toute. La vie est changeante. Comme l’a dit Roland Sadou (journaliste à RFI), chaque jour est une vie. Ce qu’ils vivent aujourd’hui, peut-être, qu’ils ne le vivront pas demain. Ils n’ont qu’à regarder le ciel et être déterminés, courageux et savoir que ne vivent que ceux qui luttent. Faire confiance à la Fesabag quelle que soit la pression qu’ils vivent aujourd’hui, ils n’ont qu’à l’accepter et l’affronter. Il faut également regarder l’avenir avec sérénité et refuser que des gens tuent leur entreprise devant eux.

Interview réalisée par Amadou Kendessa Diallo
664 24 54 78
Email: ejourguinee14@gmail.com

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