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Abdoul Fouad Do: Le chantre du panafricanisme

Danseur, fondateur de l’Association «Don Sen Folo» (Premier pas de danse) et directeur artistique du Centr’Art Don Sen Folo à Bamako, Lassina Koné est l’un des lauréats des «Prix Africa 3535» 2019 dont la cérémonie de remise a eu lieu le 25 novembre 2019 à Accra, au Ghana. Sélectionnés parmi plusieurs centaines de candidats et à la suite d’une sélection rigoureuse, ces 35 jeunes lauréats ont été le fer de lance de réalisations remarquables dans leurs communautés. Passionné de danse, qui est aussi un moyen d’expression socioculturelle et politique pour le jeune artiste, Lassina a été distingué dans la catégorie «Arts, Culture et Mode». Zoom sur un talent qui rêve de redonner à la danse ses lettres de noblesse au Mali avant de conquérir le monde.

«En recevant ce prix, j’ai ressenti à la fois la joie et la peur», confesse Lassina Koné lorsqu’on évoque avec lui la cérémonie de remise des distinctions de la 4e édition des Prix «Africa 3535» le lundi 25 novembre à l’hôtel Swiss Spirit Alisa d’Accra, au Ghana.
«J’étais joyeux d’être parmi tous ces jeunes et de recevoir la reconnaissance de l’Afrique pour ce que nous faisons au Mali. J’avais également peur parce que, avec mon équipe, nous devons désormais redoubler d’efforts pour être à la hauteur de cette distinction», explique-t-il.

Et c’est le concept même de ce trophée qui a été une motivation pour y postuler. «Au lieu de mettre en avant ce qui ne vas pas ou de se plaindre de notre sort, les initiateurs du Prix ont décidé de montrer l’espoir, l’avenir qui est porté par cette jeunesse pour cette Afrique dans tous les secteurs», explique l’artiste danseur. Et pour lui, il s’agissait d’un appel de l’Afrique. «Quand le continent t’appelle, tu réponds et tu ne peux être que heureux», souligne-t-il.
«Cette distinction m’exhorte à lutter tous les jours au Mali pour faire découvrir la danse de création (danse contemporaine) à notre population. Elle va me permettre d’être encore plus déterminé. Ma carrière, pour moi, est juste liée au travail que je fais et aux risques que je prends», avoue le jeune lauréat qui est aujourd’hui une référence dans son domaine. Avec son association, «Don Sen Folo» (Premier pas de danse), il démontre éloquemment ce dévouement et cette détermination à vouloir promouvoir la danse contemporaine au Mali et contribuer à forger un autre destin pour son pays par le rayonnement culturel.
Chez le danseur et l’entrepreneur culturel, la danse est avant tout sa passion. Ainsi, reconnaît Lassina, «il n’y a pas de mot ou de phrase pour mieux exprimer ma passion pour la danse. Elle est la lumière qui m’anime chaque instant. Elle m’est vitale car le monde est danse».
C’est pourquoi, il est peiné de voir que, malgré les efforts consentis par son association et ses partenaires, la danse de création ne parvient pas toujours à s’imposer dans le paysage culturel malien. «Nos efforts ne sont pas encore payants. Nous souhaitons que les choses évoluent. Et quand on veut un changement, c’est qu’il y a un problème», explique Lassina.

Toujours se remettre en cause
Et loin de rejeter la faute sur quiconque, il a l’humilité de l’autocritique. «Pour avancer et parvenir au changement, il faut souvent se remettre en cause, s’interroger sur l’efficacité de la stratégie ou de l’approche adoptée. Qu’est-ce que j’ai fait pour que ça marche ?», s’interroge-t-il. En tout cas, il a compris que la vulgarisation de son art nécessite d’être en contact permanent avec la population, pour l’informer, l’aider à s’approprier cette danse et à adouber cette nouvelle génération de danseurs au Mali.
«Nous n’avons pas eu cette chance à nos débuts. Mais, nous œuvrons à créer toutes les conditions d’éclosion d’une nouvelle génération pour reprendre le flambeau et donner à la danse contemporaine ses lettres de noblesse au Mali voire en Afrique», promet le «Meilleur danseur du Mali» à la Biennale artistique et culturelle de Kayes (2008). Il a également participé au mouvement d’ensemble pour le Cinquantenaire du Mali. Tout comme Lassina a été aussi acteur dans «Dougouba Sigui» et «Les Rois de Ségou» de Boubacar Sidibé.
Et pour le moment, l’agenda personnel du talent engagé est très chargé en 2020. Ainsi, dès janvier, il a commencé un duo à Berlin (Allemagne) avec Nadine Freisleben (GAU compagnie de Berlin) sur le «Corps Maudis». Et en février 2019, il est prévu une collaboration avec la compagnie «Graine de danseur» d’Alou Cissé dit Zol (Djo Ka File). «Ce sera une fabrique et une performance dans les espaces publics de Bamako afin de permettre aux populations de mieux découvrir notre métier. Ce projet a bénéficié du soutien du Fonds Maya», explique Lassina Koné.
Sans compter que la formation dans le cadre du programme «Corps pour XXII siècle» va reprendre en mars 2020 pour sa dernière phase. Elle sera suivie du festival «Fila Ni Kele Bamako» qui va boucler une résidence de création pour les danseurs de la formation.
Né le 12 août 1986 à Bamako, Lassina Koné est le fondateur de l’Association «Don Sen Folo» (Premier pas de danse) et directeur artistique du Centr’Art Don Sen Folo à Bamako. Il est aussi professeur de danse traditionnelle malienne lors de stages et cours en France. Comme créateur ou interprète, il a déjà à son actif plusieurs créations comme, entre autres, «Isolement», «Grain Spectacle», «Lutte Obscure», «Union Danse», «We meet»… Et récemment «3111» (Cf. encadré). «Ne restons pas rêveurs, luttons les vivre» est le message que Lassina Koné a toujours adressé à la jeunesse malienne et africaine. Un message très fort car bien pensé !

Source: Essor

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