Dossier réalisé par la Rédaction
Avant de passer en revue les bio-express des huit (8) directeurs qui ont tiré vers le haut les recettes douanières et l’économie du Mali de 2000 à 2020, il convient de faire une brève analyse sur l’évolution de ces recettes au fil des ans et des directeurs.
En effet, si vers la fin des années 1980, notamment sous le règne de l’Inspecteur Abraham Douah Sissoko “Ramos”, les recettes annuelles assignées aux douanes maliennes tournaient autour de 007 milliards de F CFA, avec l’avènement de la démocratie en mars 1991, les douanes sont devenues l’une des principales structures pourvoyeuses de recettes pour le Trésor public.
Cependant, la première grande révolution de recettes assignées aux douanes est née au début des années 2000, sous l’inspecteur Seydou Diawara.
Au cours de ces périodes, les recettes douanières ont oscillé entre 32 et 37 milliards de F CFA l’an.
Mais, c’est sous feu le colonel Cheick Kéita, entre 2003 et 2008, que les douanes maliennes ont été réellement appelées à jouer un rôle bien plus important dans l’économie nationale, et où, elles devaient renflouer les caisses publiques à hauteur de 125 milliards de FCFA par an.
Ensuite, entre 2008 et 2011, sous le colonel Amadou Togola, les douanes ont été instruites de recouvrer chaque année, pour le Budget d’État, entre 270 milliards et 290 milliards, voire 325 milliards de F CFA. Ces chiffres ont grimpé d’un étage sous le règne, entre 2011 et 2013, du colonel Modibo Maïga à la tête de l’administration générale des douanes : les recettes annuelles assignées aux douanes étaient comprises entre 350 milliards et 375 milliards de FCFA.
De 2013 à 2017, sous l’inspecteur général Moumouni Dembélé, les douanes maliennes sont devenues l’une des vraies animatrices des caisses publiques avec des recettes annuelles fixées au-dessus de 400 milliards de F CFA.
La même dynamique a continué avec le général Aly Coulibaly, entre 2016 et 2019. A cette période, les recettes annuelles douanières étaient fixées à plus de 475 milliards de F CFA.
Et depuis janvier 2019, avec le général Mahamet Doucara, les douanes maliennes constituent le poumon pourvoyeur de recettes pour le Trésor national. Le taux de réalisation pour 2020 est de 102,17 %. Et tenez-vous bien, pour la première fois depuis plusieurs années des primes seront distribuées aux agents. C’est la preuve de la satisfaction et de la reconnaissance de l’Etat vis-à-vis des douaniers. Avec ces résultats flatteurs, l’ensemble des douaniers, qui ne ménagent aucun effort pour satisfaire les besoins financiers de la nation malienne, sont à saluer. Car, comme le dit un adage sportif, “une équipe gagne avec un entraîneur à sa tête, tout comme un entraîneur qui fait des bons résultats ne peut le faire sans une bonne équipe”. Revue !
Seydou Diawara : 18 décembre 2000
Né le 1er janvier 1953 à Facadiélé (cercle de Bougouni), Seydou Diawara a occupé les fonctions de directeur général des douanes de 2000 à 2003. C’est dire qu’il fut le dernier du président Alpha Oumar Konaré et le premier d’Amadou Toumani Touré. C’est avec lui que les objectifs de recettes annuels ont enjambé les 30 milliards de F CFA.
Le diplômé de l’Ecole normale d’administration (ENA) de Bamako et non moins détenteur d’un diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) des douanes de Neuilly/Seine (France) fait prévaloir un riche cursus professionnel.
En effet, avant de prendre les rênes des douanes maliennes, Seydou Diawara fut successivement chef de bureau Bamako-Fer (1993-1994) et sous-directeur des recettes et études (1995-2000). Après la douane, il fut nommé conseiller technique au ministère de l’Economie et des Finances en 2003 puis membre du Centif, de 2008 à 2013.
Seydou Diawara est également un homme politique. Il fut député URD, élu à Bougouni. Au sein de ce parti, il a gravi tous les échelons, des comités au bureau exécutif national : secrétaire général du comité de Madina de Kouroulamini, secrétaire général de la sous-section de Kouroulamini, secrétaire général de la section de Bougouni 2007, trésorier général au bureau exécutif national (2008-2014) et vice-président de l’URD.
Il est marié et père de 6 enfants.
Feu Cheick Kéïta : 16 avril 2003
Le colonel Cheick Kéïta a occupé les fonctions de directeur général des douanes de 2003 à 2008. Il a eu la plus longue longévité à ce poste dans la période sous-revue. Sous sa direction, la douane s’est illustrée dans la lutte contre le trafic de stupéfiants avec des saisies-records.
Les enquêtes douanières, les bureaux des douanes de l’Aéroport Bamako-Sénou, de Kourémalé, de Kidal, entre autres, ont mis le grappin sur des grands narcotrafiquants. Ces actes ont valu, on s’en souvient, la remise de distinctions à lui et à quatre douaniers par l’Organisation mondiale des douanes (OMD).
Après la douane, Cheick Kéïta a servi à la Délégation générale de l’intégration africaine (logée au ministère des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine) où il a assuré avec dignité les missions qui lui ont été confiées pour rehausser l’image du Mali.
Reconverti homme politique comme son prédécesseur, cet originaire de Kayes fut candidat à l’élection présidentielle de 2013, sous les couleurs du parti Union pour la démocratie et l’alternance (UDA) dont il est le fondateur et président.
Ce jeune parti se voulait un pilier contre “toutes les forces de colonisation, de domination et d’oppression et pour l’avènement d’une vraie démocratie et d’un Etat de droit”.
A titre de rappel, dans son message de campagne, Cheick Kéita expliquait vouloir “prioriser les questions de sécurité, organiser le pays, le tirer de ses mauvais penchants, arriver à réconcilier les Maliens pour bâtir une nation prospère, un pays émergent”. Au 1er tour, il a fini 22e sur 28 candidats avec 0,49 % des voix. Cheick Kéïta est décédé dans la matinée du samedi 11 avril 2020 en France. “D’une probité sans égale et d’une rigueur à toute épreuve, Cheick a toujours mis en avant l’utilité et les fonctions des partis politiques par la voie démocratique. Il connaissait et aimait profondément le Mali qu’il a servi de Kayes à Gao avec fierté”, écrivait à son décès le secrétaire général de la section UDA de France, Alassane Kéita. “Dors en paix, Monsieur le directeur ! A Dieu nous appartenons et à lui nous retournons !”
Amadou Togola : 27 février 2008
Le colonel Amadou Togola a été nommé directeur général des douanes par le conseil des ministres du 27 février 2008. L’homme venait en terrain connu. Il était même considéré comme un vieux routier de la douane où il a accompli les fonctions de directeur général adjoint pendant près d’une dizaine d’années (sous les anciens directeurs généraux, les colonels Seydou Diawara et Cheick Kéita).
Modibo Maïga : 20 avril 2011
Modibo Maïga fut nommé, le 20 avril 2011, directeur général des douanes. Pur produit de l’Ecole nationale d’administration (ENA, section sciences juridiques, il se spécialisera par la suite en économie), l’homme était en terrain conquis car il a fait toute sa carrière dans les services de la douane.
Modibo Maïga est de la deuxième promotion du Service national des jeunes (SNJ) 1986-1987. A sa sortie, il fut muté à la division des statistiques en 1987, avant d’occuper le poste de chef de Bureau de Kidal en 1988.
Successivement, il occupera, par la suite, les postes de chef de Bureau principal des douanes de Koutiala en 1989 ; inspecteur à la sous-direction des recettes douanières en 1991 ; chef de brigade du Bureau principal de Kayes en 1992 et chef de la subdivision de la direction régionale des douanes de Sikasso (1994).
Il fut, ensuite, directeur régional des douanes de Ségou (1995-1998), directeur régional des douanes de Kayes (1998-2003), sous-directeur réglementation-fiscalité-relations internationales (RFRI), 2003-2006, contrôleur interrégional au Bureau du contrôle interne (BCI, 2006-2008) et sous-directeur des enquêtes douanières (2008-2011).
Enfin, arrive la date du 20 avril 2011, consécration suprême comme directeur général des douanes du Mali et avec le grade de colonel plein.
Modibo était un homme du sérail qui avait plusieurs hauts faits d’armes à son actif. Ainsi, il a activement participé à l’élaboration de plusieurs réformes douanières, notamment sur l’éthique et la déontologie de l’agent des douanes et “Le Guide du douanier”. C’est également grâce à lui qu’ont pris fin les importations illicites et massives des hydrocarbures de mauvaise qualité en provenance du Nigeria via la région de Sikasso à l’époque.
Le colonel Modibo Maïga est aussi l’homme qui a porté, pour la première fois, à un niveau record les recettes des douanes de Kayes, entre 1998 et 2003.
A la fois homme de terrain et de dossiers, le colonel Modibo Maïga cultive à souhait l’efficacité dans la discrétion. Il est aussi formateur spécialisé dans l’économie, la fiscalité et les statistiques.
C’est pourquoi, depuis son départ des douanes en 2012, il est conseiller technique au département de tutelle.
Moumouni Dembélé : 19 septembre 2012
Particularité : Moumouni Dembélé fut le premier cadre des douanes maliennes promu au grade de général. C’était le 6 février 2013, suivant décision n°2013-0002/MEFB-DGD qui le nomme au grade d’inspecteur général. Cette promotion, qui avait pris effet dès le
lendemain, découlait de deux facteurs majeurs : les décrets portant statut particulier et plan de carrière des fonctionnaires du cadre des douanes ; et les compétences avérées du récipiendaire qui venait juste d’établir le record absolu de recettes mensuelles (à l’époque) avec 32,5 milliards de F CFA au mois de décembre 2012.
Né en 1954, Moumouni Dembélé est diplômé de l’Ecole nationale d’administration (ENA) de Bamako en 1978, année à laquelle il intègre la fonction publique pour être titularisé en 1980. Après sa formation militaire de base (1982), il fait son cycle d’élève-inspecteur des douanes à l’Ecole nationale des douanes de Neuilly/Seine en France (1982-1983).
Moumouni fait ses premiers pas en 1981 comme chef du poste de douane de la gare de Kayes où il dirige la Brigade mobile d’intervention (BMI) en 1982.
Fraîchement revenu de Neuilly/Seine, il est nommé chef de visite du Bureau des douanes de Faladié (1983-1986), avant d’être propulsé directeur régional des douanes de Sikasso (1986-1989 puis 1995-1998), de Ségou (1989-1990) et de Bamako et Koulikoro (1990-1992 après un bref passage au Bureau des produits pétroliers).
A partir de 1992, le colonel qu’il était passe en revue les divisions à la direction générale des douanes : chef division comptabilité des recettes (1992-1995), chef division compensations financières en 1998-2001 (suivi du remboursement par l’Uémoa des moins-values de recettes douanières) et chef division relations internationales en 2001-2002 (suivi des dossiers de coopération bilatérale et multilatérale OMC, OMD, Cédéao, Uémoa et suivi du dossier de l’Agoa).
Moumouni monte ensuite d’un cran pour entamer une longue carrière de directeur. Entre 2002 et 2006, il est sous-directeur des recettes et études. A ce titre, il était point-focal douane du Programme de vérification des importations (PVI) ; président du Comité de mise en œuvre de l’Accord de l’OMC sur l’évaluation en douane ; président du Comité de mise en œuvre des versions 2002 et 2007 du Système harmonisé ; et il animait des séminaires sur l’intégration africaine.
En juillet 2006, il est promu directeur général adjoint des douanes, chargé du suivi du programme avec le FMI, des réalisations de recettes, de l’exécution des plans stratégiques et des plans d’action opérationnels annuels. Il présidait également le comité de pilotage des reformes de l’administration des douanes maliennes.
A ce poste, il a battu le record de longévité puisque c’est en juillet 2011, soit cinq ans après, qu’il a quitté pour gérer le Bureau de contrôle interne (BCI). Là, il présidait le Comité de sélectivité automatique des contrôles et était chargé du suivi du contrôle de l’exécution du service et du suivi du PTG, du PAG et du RAP.
Le 5 août 2012, l’inspecteur des douanes de classe exceptionnelle, Moumouni Dembélé est nommé directeur général des douanes après 34 ans de bons et loyaux services dont 28 ans dans la conception et/ou le traitement des dossiers.
La nomination du colonel Moumouni Dembélé au poste de directeur général des douanes du Mali a été saluée par les couches économiques et financières. D’abord pour les valeurs humaines, sociales et les compétences professionnelles qu’il incarnait ; ensuite pour la garantie qu’il offrait quant au renflouement des caisses du Trésor public à un moment où c’est l’argent qui manquait le plus dans les caisses publiques. N’oublions pas que c’était sous la Transition de 2012.
Le retrait des bailleurs de fonds et de certains partenaires bilatéraux et multilatéraux, l’embargo voilé appliqué par d’autres pays, l’arrêt de plusieurs activités économiques, la situation politique précaire, etc. faisaient que l’économie malienne était en récession de -3,3 %. C’est en partie grâce aux recettes douanières et fiscales que l’Etat arrivait à honorer certains engagements.
La confiance placée en son temps en Moumouni Dembélé par le président par intérim Dioncounda Traoré était sans doute dictée par le double souci de maintenir la cadence au niveau des recettes douanières et de faire mieux dans un contexte où l’avenir flottait dans l’inconnu. Les décideurs ne s’étaient point trompés de choix, le colonel Dembélé étant, sans conteste à l’époque, le plus grand commis de l’Etat en activité au sein des douanes du Mali.
Grand intellectuel, le natif de Bagadadji (cercle de Niono, région de Ségou) arrivait à un moment où les objectifs de recettes douanières affolaient les aiguilles, atteignant le record absolu de 324 milliards de FCFA.
Durant sa gestion, Moumouni Dembélé a honoré le défi principal des objectifs de recettes, en plus de la poursuite des chantiers de modernisation de l’administration douanière dont il est d’ailleurs le principal acteur.
Modibo Kane Kéïta : 2 février 2015 au 28 décembre 2016
L’inspecteur général Moumouni Dembélé cède la place à Modibo Kane Kéïta, inspecteur des douanes de classe exceptionnelle 3e échelon, nommé le 28 janvier 2015. Modibo Kane est admis en 1974 au diplôme d’études fondamentales (DEF) et passera, quatre ans plus tard, en 1978, au Brevet de technicien à l’Ecica.
Ensuite, il s’aventure au Sénégal où il décroche une maîtrise en sciences juridiques, droit des affaires, spécialité import-export fiscalité à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
En 1999, Modibo Kane Kéita a franchi les frontières africaines pour un stage de chef de subdivision des douanes à l’Ecole nationale de brigades Rochelles en France.
L’année suivante, en 2000, il fera un stage des cadres supérieurs à l’Ecole nationale des douanes de Neuilly, toujours en France. Et en 2001, un DESS, DEA à l’Ecole nationale d’administration de Montréal (Enap).
La même année, il décroche un diplôme en micro finance, un certificat en commerce international et un certificat spécialisé en négociation sur la facilitation des échanges à l’Université de Cherbrook, au Canada. L’inspecteur général de classe exceptionnelle Modibo Kane Kéita a servi au Bureau des douanes de Mopti de 1978 à 1979, et pendant trois ans au Bureau de recettes de Dialassagou, cercle de Bankass.
De 1982 à 1987, il fut chef de brigade du Bureau secondaire de Kouri, région de Sikasso. Pendant cinq ans, de 1987-1992, il fera une expérience à l’Antenne des douanes du Mali à Dakar et deviendra chef section des acquis (BCA) de 1993 à 1994.
En 1995, Modibo Kane servira à la section recevabilité au bureau de Bamako-fer, en qualité de chef. Il dirigera le Bureau principal de Ségou, ensuite celui de Kayes, respectivement entre 1995 et 1997 puis en 1997 et 1998. Chef section prévisions de recettes à la direction générale des douanes en 1998-1999 et chef de la section recherches et interventions à la sous-direction des enquêtes douanières de 1999-2003, il fut de 2003 à 2006 chef du Bureau principal des douanes de Sikasso.
Entre 2006 et 2008, il fut sous-directeur de règlementation, de la fiscalité et des relations internationales et sous-directeur des enquêtes douanières de 2011 à 2012. De 2012 à 2013, il a occupé le poste de directeur général adjoint des douanes du Mali.
Aussitôt nommé directeur général début 2015, Modibo Kane Kéita a engagé la chasse aux recettes. Et cela lui a bien réussi. Car, dès le mois de sa prise de service, il a commencé à réaliser des exploits. De 29,6 milliards de F CFA en janvier 2015 (mois précédent sa prise de fonction), les services des douanes réalisent une performance exceptionnelle de 35,6 milliards en février (son premier mois de travail), soit une augmentation de 6 milliards de F CFA.
Au mois de mars 2015, la direction fait encore mieux en réalisant des recettes de 38,100 milliards de F CFA, soit une augmentation de plus de 2 milliards de F CFA.
Lentement mais sûrement, il gagne le pari en bouclant l’année 2015 avec un excédent inédit de 28 milliards de F CFA. En effet, en dépit du contexte difficile, marqué d’une part par la crise financière internationale et, d’autre part, par la morosité économique, la direction générale de la douane a réalisé des entrées de 478 milliards F CFA pour des objectifs fixés à 450 milliards. Par rapport à 2014, on note une augmentation de 135 milliards F CFA.
L’année 2016 fut celle de tous les records pour Modibo Kane. Déjà, au 1er trimestre 2016, les services des douanes ont enregistré 104,25 % de taux de réalisation des prévisions : 129,091 milliards de F CFA pour des prévisions de 123,823 milliards F CFA, soit un excèdent de 5,268 milliards F CFA. A la clé de cette performance, il y a eu les félicitations de la hiérarchie et le FMI, un des partenaires financiers. C’est à Washington que Modibo a reçu sa distinction.
Un des nombreux records de Modibo Kane Kéita a été battu en mars 2016, quand les recettes douanières ont franchi la barre des 43 milliards F CFA dont 20 milliards F CFA pour le seul Bureau des produits pétroliers (BPP), dirigé par Madou Traoré. Une première dans l’histoire de la douane malienne.
Le mois suivant, avril 2016, ce record aussi tombe avec une réalisation de 45,3 milliards de F CFA.
En mai 2016, les recettes douanières passent à 45,7 milliards F CFA. Soit une hausse non négligeable de 400 millions F CFA par rapport au mois précédent. Du jamais vu. Modibo Kane Kéita a fait passer les recettes douanières de 29 milliards de F CFA en janvier 2015 à 45,7 milliards F CFA par mois. Inédit !
Après 3 ans à la tête du conseil d’administration de la Sotelma/Malitel, Modibo Kane quitte pour laisser sa place à Cheick Oumar Maïga dit Gilbert.
Aly Coulibaly : 28 décembre 2016 au 30 octobre 2018
La logique administrative faisait de lui le successeur incontestable de Modibo Kane Kéita, directeur général des douanes sortant, admis à faire valoir ses droits à la retraite le 31 décembre 2016. Mais la pratique politique sous nos cieux mettait dans le starting-block d’autres prétendants au fauteuil tant convoité. Finalement, la raison et la justice ont prévalu : le 28 décembre 2016, Aly Coulibaly est nommé directeur général des douanes du Mali.
L’inspecteur général de classe exceptionnelle a reçu l’étendard de commandement le mercredi 11 janvier 2017. Ainsi, après Moumouni Dembélé (septembre 2012-décembre 2014) et Modibo Kane Kéita (janvier 2015-décembre 2016), c’est un (autre) homme des dossiers qui arrivait aux commandes des douanes du Mali. Aly Coulibaly est condamné à connaître la même réussite que ses deux prédécesseurs, à savoir atteindre les objectifs de recettes dans un contexte de crise latente. Vu ses compétences jusque-là prouvées, l’espoir était permis et il en fut ainsi.
Aly Coulibaly est né le 10 janvier 1957 à Banfora, au Burkina Faso. Il est titulaire d’une maîtrise en sciences économiques de l’Ecole nationale d’administration (ENA) de Bamako.
Après ses stages de formation dans de prestigieuses écoles de formation en douane, Aly Coulibaly entame une riche carrière dans l’administration des douanes, où il gravit les échelons.
Il a été successivement chef de Bureau des douanes de Tessalit dans la région de Kidal (1986-1987), de Diboli dans la région Kayes (1987-1988), de Kita (1988-1990), de Zégoua dans la région de Sikasso (1989-1991).
Aly Coulibaly boucla ce “Tour du Mali” en qualité de directeur régional des douanes de Sikasso, avant de revenir définitivement dans le giron de Bamako. Là, il fut, entre autres, chef du Bureau des exonérations douanières et des Maliens de l’extérieur (Bemex), et chef du Guichet unique pour le dédouanement des véhicules dans la région de Koulikoro et le district de Bamako.
Par deux fois, Aly a assumé la fonction de directeur général adjoint, la dernière en date l’ayant conduit jusqu’à sa confirmation comme directeur général.
Au titre des différentes responsabilités assumées, Aly Coulibaly a fait œuvre utile à l’administration des douanes : le suivi de l’ensemble des opérations de dédouanement au Mali ; la bonne application de la réglementation en matière de dédouanement des marchandises au niveau des différents bureaux de douane ; l’exécution des tâches assignées à la direction générale des douanes dans le cadre de la facilitation élargie de crédit et des différents programmes de réforme économique ; la supervision de l’élaboration du Plan directeur de contrôle.
Pour avoir occupé deux fois le poste de directeur général adjoint, rien n’avait plus de secret pour cet inspecteur des douanes de classe exceptionnelle.
Son prédécesseur avait réalisé le record mensuel absolu de 45,7 milliards de F CFA au mois de mai 2016 et en bouclant la même avec 44,8 milliards de FCFA pour le mois de décembre. Toutes choses qui ont incité, voire excité, le gouvernement à placer la barre de l’Objectif annuel de recettes 2017 à 585 milliards de F CFA, contre 488 milliards FCFA portés finalement à 523 milliards F CFA en 2016.
Du coup, Aly se voyait contraint de mobiliser 48,750 milliards de F CFA par mois. Le défi était donc lourd, mais il a été allègrement relevé par ce grand commis de l’Etat, qui s’est entouré d’une équipe dynamique et homogène.
Mahamet Doucara : depuis le 18 novembre 2018
Nommé le 18 octobre 2018 comme directeur général des douanes, la mission de Mahamet Doucara a, en toute logique, prit effet à partir du mois de janvier 2019, même s’il a pris fonction en décembre 2018. Et il fut, sans la moindre hésitation, la personnalité qui a décroché le graal en 2019. Et pour cause, il a été officiellement félicité par les institutions de Bretton Woods, notamment la Banque mondiale pour ses grandes performances ; et, cerise sur le gâteau, le chef de l’Etat, à l’époque Ibrahim Boubacar Kéita, l’a élevé au rang d’officier de l’Ordre national du Mali.
Pourtant, le pari n’était pas gagné d’avance lorsque le 18 octobre 2018 le conseil des ministres le tirait de son fauteuil de directeur régional des Douanes de Sikasso pour le bombarder à la tête des douanes maliennes. Et le 8 novembre suivant, lorsque son prédécesseur Ali Coulibaly lui transmettait le flambeau, plus de mille images ont dû défiler dans sa tête, notamment comment relever le défi de l’atteinte des objectifs de recettes, seul baromètre de réussite pour un directeur général des douanes. Doucara avait raison de se faire des soucis à cause de la très difficile situation sécuritaire, sociale, politique, économique et financière du pays. Sans oublier la forte adversité au sein du milieu douanier et les autres facteurs endogènes et exogènes.
Autre inquiétude de taille : à l’exception de Mahamet Doucara, tous ses prédécesseurs ont été soit directeur général adjoint, sous-directeur des enquêtes, soit chef du Bureau de contrôle interne, etc. avant d’occuper le poste de directeur général. Mahamet Doucara est donc le seul directeur général des douanes à ne pas avoir occupé l’un de ces postes. Le véritable poste de responsabilité qu’il a occupé est celui de directeur régional à Sikasso.
C’est cette particularité qui l’a incité à apporter sa touche à la douane en défiant tous les préjugés défavorables.
A l’heure du bilan, le moins que l’on puisse écrire après un deux ans de preuves et d’épreuves, c’est que l’inspecteur général des douanes de classe exceptionnelle, Mahamet Doucara, a relevé tous les défis possibles, à la grande satisfaction de sa hiérarchie directe (le ministre de l’Economie et des Finances), du chef de l’Etat et de la Banque mondiale.
En attendant le bilan à mi-parcours de 2020, pour l’exercice 2020, où l’inspecteur général des douanes Mahamet Doucara et son équipe, doivent mobiliser 713,580 milliards de F CFA, il convient de rappeler que le gouvernement avait fixé au finish pour l’année 2019 des objectifs de recettes de 621 milliards F CFA, donc des prévisions mensuelles de 51,75 milliards F CFA. Au mois de février 2019, les hommes de Doucara avait mobilisé 66 milliards de F CFA pour le compte du Trésor public.
Au-delà de la mobilisation des recettes, l’inspecteur général Doucara s’est également illustré dans l’apaisement du climat social à l’interne et dans l’environnement douanier. Il a pu éviter de justesse une grève (fatale) des douaniers, projetée du mercredi 30 octobre au vendredi 1er novembre 2019 ; tout comme il a pu rapprocher les vues entre le Conseil malien des chargeurs (CMC) et les opérateurs économiques et transitaires opposés et engagés dans une guerre qui pouvait être préjudiciable aux recettes douanières.
Sur une prévision de 567 milliards de Fcfa en 2020, la douane a fait une recette-record de 579 milliards 295,7 millions de Fcfa pour alimenter les caisses du Trésor public, soit un taux de réalisation de 102,17 %. Une performance rare que les autorités de la Transition entendent récompenser, en attribuant, pour la première fois depuis des années, des primes d’encouragement aux douaniers.
La Rédaction
Source: Aujourd’hui-Mali