Le quatrième vice-président du Conseil national de transition, Issa Kaou N’Djim, a été inculpé et écroué hier jeudi à Bamako pour « troubles à l’ordre public », et doit être jugé aujourd’hui en flagrant délit :
C’est pour avoir dit « ses quatre vérités » à Choguel Maïga et pour avoir notamment estimé que le Premier Ministre malien « ne pourra pas tenir tête à la CEDEAO » qu’Issa Kaou N’Djim a été placé sous les verrous, déplore Nouvel Horizon. Lequel journal malien regrette que « l’incompréhension gagne du terrain » au Mali. Et Nouvel Horizon de souligner que le quatrième vice-président du CNT s’exprimait « en qualité de président de parti politique »…
… tout en se demandant si l’on va « vers un Etat policier en violation des textes au Mali », en référence, bien sûr, à l’immunité parlementaire que l’avocat d’Issa Kaou N’Djim, Maître Kassoum Tapo, invoque au profit de son client. « Pourquoi suffit-il qu’un militaire soit au pouvoir pour que la liberté d’expression soit sérieusement menacée ? », s’interroge encore Nouvel Horizon, cité par le journal en ligne Bamada.
À quoi il convient d’ajouter les protestations de l’ACRT, le parti d’Issa Kaou N’Djim, celles du Parena, le Parti de la renaissance nationale, lequel « dénonce avec force cette atteinte à la liberté d’opinion, ce crime attentatoire à une des libertés fondamentales conquises de haute lutte », ou encore celles de la Codem, la Convergence pour le Développement du Mali, toutes réactions citées par le quotidien malien Le Républicain.
A chacun sa vérité. Etant précisé ou rappelé qu’Issa Kaou N’Djim est le gendre de l’iman Dicko, le site Maliweb explique que, « depuis belle lurette », il « ne cessait de critiquer les Chefs du Gouvernement de la transition (Moctar Ouane et l’actuel Premier ministre Choguel Maïga), remarque Maliweb. Il passait tout son temps dans son bureau du CNT à dénigrer, vilipender même de traiter d’imposteur son ancien camarade de lutte dans le mouvement M5 quand ce dernier a été nommé Premier ministre suite à la destitution de Bah N’Daw ». Selon ce site Internet, c’est « la dernière vidéo d’Issa N’Djim (qui a donné) l’occasion à ses détracteurs de l’enfoncer pour de bon ». En conséquence, estime Maliweb, le président de la transition, le colonel Assimi Goïta « se verra dans l’obligation d’abroger le décret de nomination d’Issa N’Djim du CNT (…) seule option, selon ce journal malien en ligne, de se débarrasser de leur ancien complice. Comme dirait l’autre, la révolution finit toujours (par) bouffer ses propres enfants », formule Maliweb.
Parabellum à Khartoum
Au Soudan, on dénombre au moins onze morts depuis le coup d’Etat de lundi. La rue soudanaise demeure sous tension. Et demain, samedi, pourrait bien être une nouvelle journée cruciale dans la capitale. Une nouvelle marche dans les rues de Khartoum est annoncée pour demain… Marche pour dire « non » aux mutins.
Ce sera la réédition de « la marche du million », promet Wakat Sera, en référence à celle de mai 2019. Lequel quotidien burkinabè assure « qu’au Soudan, la rue a repris du service, elle qui, visiblement, dormait d’un seul œil. Elle s’était tue, juste le temps que les militaires renouent avec le diable assoiffé de pouvoir qui sommeille toujours en eux », déplore, dans un style fleuri, Wakat Sera.
Et tandis que le Soudan s’apprête à vivre cette nouvelle marche, donc, son confrère Le Pays s’interroge après que le conseil de sécurité de l’ONU ait réussi à s’entendre sur un texte qui réclame le retour des civils à la tête de la transition. « L’ONU sera-t-elle entendue ? Le général Al Burhan entendra-t-il raison ? Rien n’est moins sûr », soupire cet autre quotidien ouagalais car, selon Le Pays, « le simple fait que le texte soit édulcoré par la Russie, réduit la marge de manœuvre de l’ONU. C’est dire s’il ne faut pas trop compter sur cette institution pour obtenir le rétablissement de l’ordre constitutionnel au Soudan », prévient Le Pays.