Bamako, 23 sept (AMAP) Malgré le contexte particulier, les autorités maliennes ont tenu à marquer le caractère historique de la célébration de l’anniversaire de l’accession du pays à la souveraineté nationale et internationale. Les festivités, tout en gardant leur solennité, n’avaient pas l’éclat habituel.
Soixante ans après son indépendance, le Mali apparaît plus fragilisé que jamais par l’instabilité institutionnelle, le terrorisme, le communautarisme mortifère qui décime les populations de certaines régions… Le défi sécuritaire est si complexe qu’il ne pourrait être relevé que dans un sursaut national, avec l’appui des forces étrangères partenaires. D’où cet appel du président du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) : «Je demande au peuple malien de soutenir les forces de défense et de sécurité dans les efforts qu’elles déploient pour ramener la paix et la sécurité au Mali (…) de soutenir également les partenaires ».
Le colonel Assimi Goïta s’exprimait ainsi au terme du défilé militaire qu’il a présidé, mardi, sur la Place d’armes du 34è Bataillon du Génie militaire. Plusieurs personnalités y ont assisté, notamment des anciens Premier ministres et ministres, ainsi que des représentants d’organisations internationales et de pays accrédités dans notre pays.
À son arrivée, le président du CNSP a d’abord passé en revue les troupes appelées à défiler, sur les notes de la fanfare du génie militaire. Ensuite, des sections de corps militaires et paramilitaires ont paradé devant des officiels et d’une foule d’anonymes. Cette année, l’évènement était empreinte d’une certaine sobriété. Les effectifs ont été considérablement réduits : deux sections au maximum par corps. Et aucun véhicule motorisé.
À la fin du défilé, le colonel Assimi Goïta a rendu hommage aux pères de l’indépendance, tout en rappelant qu’il incombe à tous les Maliens de tenir le flambeau afin de léguer un Mali stable et prospère aux générations futures. Il a magnifié le courage des forces de défense et de sécurité qui œuvrent, au quotidien, pour assurer la sécurité des personnes et du territoire national.
Ainsi, a-t-il appelé à l’union sacrée autour du Mali et de ses forces armées et de sécurité, qui ont besoin du soutien de l’ensemble du peuple. Il a réclamé le même soutien pour les partenaires, tels que «Barkhane, la Force Takuba, la Minusma et la Force conjointe du G5 Sahel».
Le désormais vice-président du Mali a, par ailleurs, rappelé que le CNSP a toujours placé l’intérêt supérieur du Mali au-dessus de tout. Raison pour laquelle, il s’est soumis aux principes de la CEDEAO, en désignant un civil pour diriger la transition. «Je pense que dans les jours à venir la CEDEAO va lever les sanctions pour le bonheur de la population malienne», a-t-il espéré.
Après avoir été membre de la Fédération de l’Afrique occidentale française (AOF) jusqu’en 1958 et fait partie d’une éphémère fédération avec le Sénégal, le Mali, jadis connu sous le nom de Soudan français, a proclamé son indépendance le 22 septembre 1960. Soixante ans après, la question de l’indépendance est toujours d’actualité. Le pays est confronté à des problèmes d’ordre sécuritaire qui ont conduit à la présence de forces étrangères sur son territoire.
Ce qui fait dire à Issiaka Sacko, venu assister au défilé, que «le pays s’est détourné de ses promesses et n’est indépendant que sur le papier». Un autre compatriote pointe un doigt accusateur vers les politiques. Pour lui, « en 1991, l’avènement de la démocratie avait installé l’espoir d’un changement. Déjà alors, le Mali souffrait d’un sous-développement endémique. Pourtant, depuis trente ans, le pourrissement s’accentue ».
«La corruption s’est institutionnalisée», selon un sous-officier sous couvert de l’anonymat. Aussi alarmant que terrible, ce constat ne devrait pourtant pas décourager les Maliens qui veulent préparer une alternative positive. Les jeunes regardent l’avenir avec espérance. Mardi, ils étaient nombreux à acclamer les forces de défense et de sécurité.
«Tous ces problèmes sécuritaires ne seront, bientôt, que de mauvais souvenirs», nous a confié le jeune Mohamed Sidibé. Pour son camarade de classe, Adama, «la stabilité, la justice et l’État de droit doivent reprendre corps au Mali». Et le nouveau départ amorcé depuis le 18 août dernier est, de son avis, l’opportunité ultime.
ID/MD (AMAP)