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22 septembre 1960 – 22 septembre 2014 : Ombres et lumières d’une république

Le 22 Septembre 2014, le Mali comme un grand a eut ses 54 ans, que de chemins parcourus, que d’obstacles surmontés, que d’actes posés, mais aussi et surtout que d’espérances déçues et d’angoisses causées par des hommes qui ont laissé le destin de tout un peuple a été basculé entre leurs mains pendant un temps bien déterminé.

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Le Mali a été le berceau de trois grands empires : l’empire du Ghana, l’empire du Mali et l’empire songhaï. Il est par la suite une colonie française de 1895 à 1960. Quelques années après son indépendance, il subit la dictature de Moussa Traoré avant de connaître un régime démocratique (depuis le début des années 1990).

 

Chronique d’une histoire faite de hauts et de bas :

Le territoire malien, dénommé Haut-Sénégal-Niger devient, en 1895, une colonie française intégrée à l’Afrique-Occidentale française avec une portion de la Mauritanie, du Burkina Faso et du Niger. Kayes devient son chef-lieu pour laisser la place, en 1907, à Bamako. En 1920, elle est appelée Soudan français. Parmi les différents gouverneurs coloniaux, on peut citer Henri Terrasson de Fougères, qui fut Lieutenant-gouverneur du Haut-Sénégal-Niger en 1920-1922, gouverneur intérimaire en mars 1920, puis à nouveau le 21 août 1921 pour être ensuite nommé Gouverneur du Soudan français du 26 février 1924 à 1931.

 

En vue d’assurer sa domination sur les populations africaines, le colonisateur français met en place un système très centralisé. Des communes mixtes, prévues par un arrêté du gouverneur général du 1er janvier 1911 sont érigées dans un premier temps à Bamako et Kayes au 1er janvier 1919) puis à Mopti au 1er janvier 1920. Les communes de Ségou et Sikasso sont érigées respectivement en 1953 et 1954. Ces communes-mixtes sont gérées par un administrateur-maire nommé par arrêté du lieutenant-gouverneur, assisté d’une commission municipale du 1er degré composée de 8 membres titulaires (4 notables citoyens français, 4 notables sujets français) et 4 membres suppléants (2 citoyens français, 2 sujets français)

 

Le 18 novembre 1955, une loi permet à plusieurs communes africaines de devenir des communes de plein exercice. C’est le cas de Bamako, Kayes, Ségou et Mopti en 1956 et de Sikasso en 1959. Dans ces communes, un collège unique élit le conseil municipal qui désigne le maire en son sein. Modibo Keïta devient ainsi le premier maire élu de Bamako. Des communes de moyen exercice, où le maire est un fonctionnaire nommé par le chef de territoire, assisté d’un conseil municipal élu par un collège unique sont érigées en 1958 : Kita, Kati, Koulikoro, Koutiala, San, Tombouctou et Gao

 

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la vie politique reprend au Soudan français. La France souhaite l’intégration d’Africains à la vie politique. Deux collèges sont créés, un pour les citoyens français, les colons, l’autre pour les autochtones. Ce deuxième collège, plus important numériquement, comprend 4 groupes principaux d’électeurs: les fonctionnaires et les agents de l’administration ; les anciens militaires ; les notables et les chefs indigènes ; les titulaires d’un diplôme de l’enseignement à partir du Certificat d’études primaires.

 

 

MODIBO KEITA

La première élection se déroule le 21 octobre 1945, quatorze candidats se présentent. Fily Dabo Sissoko, instituteur soutenu par l’administration et les chefs traditionnels arrive en tête avec 10 406 voix, suivi de Mamadou Konaté (2 905 voix,), Ibrahim Sall (1 433 voix,) et Modibo Keïta (937 voix).

 

Le Parti démocratique soudanais, proche du Parti communiste français et le Bloc démocratique soudanais, officiellement proche de la SFIO mais qui se rapproche du PCF, sont créés respectivement les 6 et 26 janvier 1946. Le Parti progressiste soudanais (PSP) est créé le 13 février 1946, constitué essentiellement de notables locaux, les chefs de canton désignés par le colonisateur.

 

Le Rassemblement démocratique africain (RDA) tient son congrès constitutif à Bamako du 18 au 21 octobre 1946 et le lendemain, sa section soudanaise, l’Union soudanaise-Rassemblement démocratique africain voit le jour par la fusion du Bloc démocratique soudanais et du Parti démocratique soudanais. Mamadou Konaté devient président et Modibo Keïta secrétaire général de ce nouveau parti14.

 

Le PSP de Fily Dabo Sissoko domine dans un premier temps grâce à son implantation sur l’ensemble du territoire. Aux élections législatives de novembre 1946, la liste du PSP obtient deux députés, et aux élections législatives trois députés contre un seul pour l’US-RDA15. Mais en quelques années, l’US-RDA va s’imposer. Il arrive en tête aux premières élections municipales organisées à Bamako le 12 avril 1953 ainsi qu’aux élections municipales du 18 novembre 1956. Modibo Keïta devient le premier maire élu de Bamako. Et aux élections pour l’Assemblée territoriale soudanaise de mai 1957, l’US-RDA obtient 35 députés, le PSP cinq. Dès 1959, une grande partie des membres du PSP décide de rejoindre l’US-RDA, faisant de ce dernier un parti unique de fait.

 

Le Soudan Français accéda à l’indépendance le 22 Septembre 1960 et devient la République du Mali après l’échec de l’éphémère Fédération avec le Sénégal de Léopold Sédar Senghor. Modibo devient le premier président de la république du Mali. Pendant huit ans le régime socialiste a œuvré pour la relance de l’économie et l’amélioration des conditions de vie des citoyens. Voici quelques grandes réalisations du régime de Modibo Keita En octobre 1960, la Société malienne d’importation et d’exportation (Somiex) est créée et se voit attribuer le monopole des exportations des productions locales et de l’importation des produits manufacturés et de biens alimentaires comme le sucre, le thé et le lait en poudre, et leur distribution à l’intérieur du pays

 

Le 1er juillet 1962, le gouvernement créé le Franc malien qui remplace le franc CFA. Le franc malien n’est pas convertible et la détention de l’ancienne devise est interdite. Cette décision aggrave les dissensions avec les commerçants. L’un d’eux est emprisonné pour détention de francs CFA. Le 20 juillet 1962, une manifestation de commerçant est violemment réprimée, faisant plusieurs morts. Fily Dabo Sissoko, Hamadoun Dicko, ancien responsable du Parti progressiste soudanais sont arrêtés avec Kassim Touré, chef de file des commerçants de Bamako. Ils sont jugés pour complot contre l’État par un tribunal populaire du 24 au 27 septembre 1962 qui les condamne à la peine de mort, peine commuée en condamnation à perpétuité. Ils mourront au bagne de Kidal dans le Nord du Mali. Le 22 janvier 1968, Modibo Keïta dissout l’Assemblée nationale et décide de gouverner par ordonnance27.

 

 

MOUSSA TRAORE

Le 19 novembre 1968 des officiers militaires, dont les capitaines Yoro Diakhité et Mamadou Cissoko et les lieutenants Youssouf Traoré, Kissima Doukara et Moussa Traoré renversent le régime de Modibo Keïta27. Le président est arrêté au retour d’un voyage officiel dans la région de Mopti.

 

Un Comité militaire de libération nationale (CMLN) est formé qui met en place un régime d’exception. Le 23 novembre 1968, un gouvernement placé sous l’autorité du CMLN est constitué avec le capitaine Yoro Diakité comme Premier ministre. Le capitaine Charles samba Cissokho et le chef d’escadron de gendarmerie Balla Koné sont nommés respectivement ministre de la Défense nationale et ministre de l’Intérieur, de l’Information et de la Sécurité. Deux personnalités modérées du régime de l’US-RDA font partie du gouvernement: Jean-Marie Koné qui a négocié les accords franco-malien, nommé ministre des Affaires étrangères et Louis Nègre qui conserve son poste de ministre des Finances auquel s’ajoute le Plan et les Affaires économiques.

 

Le 7 décembre 1968, la constitution du 22 septembre 1960 est abolie et remplacée par la Loi fondamentale. le CMLN est l’organe suprême du pays, son président, Moussa Traoré, est chef de l’État. Le CMLN promet l’adoption rapide d’une nouvelle constitution et des élections dans l’année à venir.

 

Yoro Diakité est démis rapidement de ses fonctions de Premier ministre qui sont attribués au chef de l’État. Du 10 septembre au 26 novembre 1970 il occupe les fonctions de ministre de la Défense, de l’Intérieur et de la Sécurité. Il est démis de ces fonctions au profit de Kissima Doukara. Rayé des cadres de l’armée, il est arrêté pour tentative de coup d’État le 7 mars 1971 et condamné le 31 juillet aux travaux forcés à perpétuité dans une mine de sel où il meurt de mauvais traitement deux ans plus tard. Le capitaine Malick Diallo, ministre de l’Information est condamné en même temps à la même peine. En octobre 1971, Moussa Traoré prend le titre de colonel.

 

Moussa Traoré fait approuver le 2 juin 1974 une nouvelle constitution créant la 2e république par référendum. Le Oui l’emporte par 99,71 % mais l’opposition qualifie ce référendum de « farce ».

 

Le 30 mars 1976, le parti unique Union démocratique du peuple malien (UDPM) est créé. Le régime autoritaire met en place également l’Union nationale des jeunes du Mali afin de contrôler la jeunesse et réduire l’influence du syndicat étudiant, l’Union nationale des élèves et étudiants du Mali (UNEEM), qui avait des liens avec des partis clandestins comme le PMT, le Parti malien pour la démocratie et la révolution (PMDR) et le Comité de défense des libertés démocratiques au Mali (CDLDM).

 

Le 16 mai 1977, Modibo Keïta meurt, officiellement d’un œdème pulmonaire. Cependant, aucune autopsie n’ayant été pratiqué, les raisons de sa mort sont incertaines : manques de soin, empoisonnement sont des raisons invoqués par les proches de l’ancien président.

 

Le 27 juin 1990, un poste de gendarmerie est attaqué à Ménaka. C’est le point de départ de l’insurrection armée menée par le Mouvement populaire de l’Azawad de Iyad Ag Ghali.

 

Le 15 octobre 1990 est créée l’Association des jeunes pour la démocratie et le progrès (AJDP). Le 18 octobre 1990, le Comité nationale d’initiative démocratique (Cnid) est créée à Bamako par Mountaga Tall et Demba Diallo, afin d’agir à visage découvert pour le multipartisme. Une semaine plus tard, le 25 octobre 1990, l’Alliance pour la démocratie au Mali est créé par des militants du PMT, du PMDR, du FDPM et de l’US-RDA créent l’Alliance pour la démocratie au Mali (Adéma), présidée par Abdrahamane Baba Touré. Ces associations vont mobiliser la population, en organisant des marches à Bamako et dans d’autres villes du pays. Le 10 décembre 1990, le Cnid organise une manifestation pacifique qui réunit 10 000 personnes à Bamako. Le 30 décembre 1990 une marche unitaire est organisée par le Cnid et l’Adéma à Bamako. Entre 30 000 à 50 000 personnes y participent.

 

Le régime interdit d’activité l’Adéma et le Cnid le 18 janvier 1991. Le 18 janvier 1991, une nouvelle manifestation est organisée à Bamako. Mountaga Tall, le leader du Cnid est blessé par un tir de grenade lacrymogène. Le lendemain, une manifestation a lieu à Ségou. Le 3 mars 1991, une marche unitaire rassemble le Cnid, L’adéma, l’Association pour la justice, la démocratie et le progrès (AJDP) et la Jeunesse libre et démocratique (JLD). Le 17 mars 1991, l’Adema, le Cnid et l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM) organisent une marche silencieuse en souvenir de Cabral, leader étudiant assassiné le 17 mars 1980.

Le Comité de coordination des associations et des organisations démocratiques, communément appelé Mouvement démocratique voit le jour le 22 mars 1991. Il est constitué par le Cnid, l’Adéma, l’AJDP, la JLD, l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM), l’Association malienne des droits de l’homme (AMDH), l’AEEM et le barreau.

 

AMADOU TOUMANI TOURE

Le 26 mars 1991, Moussa Traoré est arrêté par le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré. Un comité de réconciliation nationale est formé par les militaires

 

Le Comité de réconciliation nationale rencontre les organisations démocratiques regroupées au sein du Comité de coordination des associations et des organisations démocratiques (CCAOD). Ils décident de constituer le Comité transitoire pour le salut du peuple (CTSP), qui comprend dix militaires et quinze représentants des organisations démocratiques dont 4 représentations des associations de jeunes et deux du mouvement de rébellion du nord. Le CTSP, présidé par Amadou Toumani Touré assume les fonctions de gouvernement provisoire31.

 

Le CTSP organise une conférence nationale du 29 juillet 1992 au 12 août 1992 afin d’élaborer une nouvelle constitution et définir le processus électoral. Le multipartisme est reconnu et une charte des partis politiques est établie par l’ordonnance CTSP du 10 octobre 1991. Les maliens approuvent par référendum le 12 janvier 1992 la nouvelle constitution. Le oui l’emporte avec 98,35 % des suffrages. Des élections municipales sont organisées la semaine suivante le 23 février et le 8 mars puis des élections législatives le 23 février et le 8 mars. Sur les 48 partis déjà créés, 22 participent aux élections et 10 obtiennent des élus. L’Adéma-Pasj, avec 76 députés sur 116, obtient une large majorité absolue. Le nouveau gouvernement signe un pacte national de réconciliation avec les Touaregs le 11 avril 1992 qui prévoit notamment : l’intégration des ex-rebelles dans les services publics (corps en uniforme et administration générale) et dans les activités socio économiques; l’allégement du dispositif militaire dans les régions du Nord; le retour de l’administration et des services techniques dans le Nord; la reprise des activités économiques et la mise en œuvre de programmes de développement socio-économique d’envergure pour le moyen et le long terme.

 

 

ALPHA OUMAR KONARE

L’élection présidentielle du 12 et 26 avril 1992 clôt le processus électoral de l’année 1992. Le candidat de l’Adéma-Pasj Alpha Oumar Konaré l’emporte au second tour face à Tiéoulé Mamadou Konaté, candidat de US-RDA et devient le premier président de la 3e république.

 

En février 1993, Moussa Traoré est condamné à mort (il sera gracié en 2002). Des élections législatives ont lieu au Mali en 1997, Un premier tour, organisé dans la confusion le 13 avril 1997, est invalidé par la Cour constitutionnelle. L’opposition réclame l’annulation du scrutin, la suspension du processus électoral, la démission du gouvernement et la dissolution de la Ceni47. La Cour constitutionnelle annule le scrutin mais le processus électoral se poursuit. L’opposition, qui se réunit au sein du Collectif des partis de l’opposition (Coppo), décide de boycotter les élections à venir. À l’élection présidentielle, le président Alpha Oumar Konaré se retrouve face à un seul candidat, Mamadou Maribatrou Diaby, candidat du petit Parti pour l’unité, la démocratie et le progrès (PUDP) et est réélu avec plus de 95 % des suffrages. Le 8 juin 1997, le président est investi pour un second mandat de cinq ans dans un climat tendu.

 

AMADOU TOUMANI TOURE

Le 1er septembre 2001, Amadou Toumani Touré, dit ATT, demande et obtient sa mise en retraite anticipée de l’armée pour pouvoir se présenter à l’élection présidentielle. Il est élu président du Mali en mai 2002 avec 64,35 % des voix au second tour. Son adversaire Soumaïla Cissé, ancien ministre, obtient 35,65 % des voix. Il nomme Ahmed Mohamed ag Hamani comme premier ministre en le chargeant de réunir un gouvernement de grande coalition. Le 29 avril 2007, Amadou Toumani Touré est réélu au premier tour avec 71,20 % des voix, mais cette élection est contestée par les principaux candidats de l’opposition.

 

 

AMADOU HAYA SANOGO

Le 22 Mars 2012 une insurrection en provenance du camp militaire de Kati et dirigée par le capitaine Amadou Haya Sanogo arrive à bout du régime d’Amadou Toumani Touré, à quelques jours de la fin de son deuxième et dernier mandat. Ce coup d’état, le plus ignoble de l’histoire du Mali, a précipité l’annexion par les indépendantistes et les narco- Djihadistes des 2/3 du territoire du Mali. Sous la pression de la communauté internationale la junte cède le pouvoir. Une nouvelle transition est organisée. Dioncounda Traoré Président de l’Assemblée au moment des faits est investi président de la Transition. Au moment où la communauté internationale volait au secours du Mali pour chasser les Djihadistes hors d’état de nuire, Bamako vivait au rythme des marches et de contestations. C’est d’ailleurs au cours d’une marche qu’une foule déchainée s’est rendue au palais de Koulouba pour agresser le président de la transition. Laissé pour mort par les manifestants, il sera évacué en France pour des soins. De retour au pays il reprend les choses en mains. Il reconduit le premier ministre Cheick Modibo Diarra et un gouvernement d’union nationale est composé. Cette stabilité ne sera pas de longue durée car Konna, considéré comme la ligne de démarcation entre le Nord sous occupation Djihadistes et le sud, tomba après un combat âpre entre les mains des djihadistes. Le Mali n’a dû son salut que grâce au soutien de la communauté internationale avec la France en tête.

 

 

IBRAHIM BOUBACAR KEITA

Après la normalisation de la situation, des accords préliminaires ont été signés le 18 juin à Ouagadougou entre les indépendantistes du MNLA et l’état Malien. Les élections ont été organisées, Ibrahim Boubacar Keita est élu avec 77,6%. L’espoir apparut de nouveau comme un arc-en-ciel à la fin de l’orage. L’on se disait partout que cette fois-ci était la bonne. L’erreur fondamentale de IBK est essentiellement de n’avoir pas compris que le plébiscite électoral qui fut le sien au sortir des élections, n’est pas pour sa personne, encore moins pour son parti mais avant tout l’expression du rejet d’un système d’État et surtout d’individus qui l’incarnaient plus que lui. L’annonce de la composition de son premier gouvernement doucha tant d’espoirs, un choc tétanisant! On se frotta les yeux pour bien réaliser que ce n’était pas un rêve. Les plus optimistes continuèrent à penser que ce n’était qu’un cauchemar passager. Loin de rassurer, les actes successifs posés furent pour la plupart, des actes manqués. Effrayé par le poids du jugement de l’histoire, son Premier Ministre décampa à toute allure. Lui avait compris, tout compris et il ne voulait pas partager, à juste raison, une si lourde responsabilité. C’est ainsi qu’il nomma Mara une autre erreur, ce dernier confond gestion de l’état et allégeance à un homme il commit des bourdes. Le changement attendu se transforma en mirage. Que reste-t-il encore de l’espérance des Maliennes et des Maliens? Quels sont aujourd’hui les risques encourus? Et surtout que faire? Existe-t-il encore une chance pour notre Pays de rebondir?

Youssouf SISSOKO

 

 

Encadré

Hommage au Père de la Nation : Modibo KEITA 1915-1977

Modibo Keita est né à Bamako d’une famille musulmane pratiquante issue d’un lignage malinké. Comme d’autres futurs leaders africains il fait ses études à l’école William-Ponty de Dakar dont il sort, en 1936, major de sa promotion d’instituteurs. I1 est alors noté comme un  » instituteur d’élite, très intelligent mais antifrançais, agitateur de haute classe, à surveiller de près « . Il enseigne dans les écoles de brousse puis à Bamako, Sikasso et Tombouctou. En 1937, animateur du groupe Art et Théâtre, il se moque, dans quelques-unes de ces piécettes qui font la joie du petit peuple des quartiers de la capitale, de la bourgeoisie et des représentants de l’autorité coloniale. Sur le mot d’ordre:  » Égalité avec les Blancs « , il crée, avec le Voltaïque Ouezzin Coulibaly, le Syndicat des enseignants d’A.O.F. (c’est en France la période du Front populaire). Il adhère au Bloc soudanais de Mamadou Konaté. Peu après se situe l’épisode auquel il fera souvent référence : un séjour de trois semaines à la prison de la Santé, initiation désormais classique à la lutte anticoloniale. Après le congrès de Bamako (1946), au cours duquel est créé le Rassemblement démocratique africain (R.D.A.) dont Houphouët-Boigny devient le président, il est nommé secrétaire général de l’Union soudanaise R.D.A., la section locale. En 1948, il est élu conseiller général du Soudan puis, en 1953, conseiller de 1’Union française.

 

En 1956 il est le premier Africain à siéger comme vice-président à l’Assemblée nationale française. Il est secrétaire d’État en France d’outre-mer dans le cabinet de Bourgès-Maunoury (juin 1957) et à la présidence du Conseil dans celui de Félix Gaillard (novembre 1957). ). Au congrès R.D.A. de Cotonou (août 1958), il penche pour les thèses fédéralistes du leader nigérien Djibo Bakary. Cette fascination pour l’unité sera illustrée par les dix-huit mois d’existence de la fédération du Mali dont il fut président dés sa création en janvier 1959. Mais la Fédération s’effrite avec le départ, au bout de trois mois de la Haute-Volta et du Dahomey. Le 3 juillet 1959 est créé à Dakar le Parti de la fédération africaine. Il en est le secrétaire général et Léopold Senghor le président. L’indépendance est proclamée le 20 juin 1960 et aux dires de Mamadou Dia, l’autre leader sénégalais qui fut son second, : « Modibo fut un élément déterminant, non seulement pour l’indépendance de la Fédération mais aussi pour celle de l’Afrique de l’Ouest…  » Au mois d’août, le retrait du Sénégal devient une réalité et son indépendance propre est déclarée après la destitution de Mamadou Dia par Modibo Keita. Sur le plan personnel, la rupture avec Léopold Senghor a aussi pour cause la désignation du chef du nouvel État fédéral indépendant. Modibo Keita devient alors président de la République malienne. De son rêve fédéraliste il a garde pour son pays, le Soudan, le nom de Mali, ancien empire médiéval de l’Ouest africain, et une solide rancune contre la France (rupture avec la Communauté le 22 septembre) à qui il reproche des arrière-pensées néo-colonialistes et une guerre d’Algérie à la frontière septentrionale de son pays.

 

On dit qu’il est  l’inventeur de 1’expression  » non-alignement « . En 1960, alors qu’il faut attendre encore un an pour que le dernier soldat français quitte le pays, il forme l’Union des États de 1’Afrique de l’Ouest avec la Guinée de Sékou Touré et le Ghana de Kwame Nkrumah. Il est l’un des rédacteurs de la charte de I’OUA (Organisation de l’Unité africaine) créée en 1963. Son prestige lui vaut de jouer un rô1e de conciliation auprès du Maroc et de l’Algérie engagés dans la  » guerre des Sables  » (1964). Il signe la charte de Casablanca. De 1965 à 1966, il normalise les relations du Mali avec ses voisins sénégalais, ivoiriens et voltaïques. Mais si son image a toujours été prestigieuse à l’extérieur du Mali, les difficultés économiques, la bureaucratisation grandissante et la mauvaise gestion administrative furent un obstacle à la participation de la majeure partie des couches populaires paysannes. Les exactions d’une milice répressive suscitent un mécontentement profond dans la population. Le 19 novembre 1968, un Comité militaire de libération nationale prend le pouvoir. Modibo Keita est envoyé dans une prison saharienne au camp de Kidal dans l’Adrar des Iforas à près de 1 500 kilomètres de la capitale, dans le nord-est du pays. Son procès, pourtant annoncé, n’aura jamais lieu. L’instituteur syndicaliste a été évincé par un ex-soldat de l’armée française, âgé de trente-deux ans, ancien enfant de troupe à l’école de Kati, le colone1 Moussa Traoré. Soumis à un isolement continuel, ne recevant que quatre courriers par an, I’ancien président refusa toujours d’être libéré contre la promesse d’abandonner toute activité politique. L’ancien président de la République malienne,  » instituteur en retraite  » selon la radio locale, Modibo Keita est mort le 16 mai 1977 à 1’hôpital de Bamako à l’âge de soixante-deux ans. Celui dont le général de Gaulle avait dit un jour, en raison de sa haute taille, qu’il était  » le seul chef d’État devant lequel il n’était pas obligé de baisser la tête pour lui parler  » était l’une des figures africaines les plus marquantes de la décolonisation et des années qui l’ont immédiatement suivie.

SOURCE: Inf@sept  du   24 sept 2014.
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