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Safi Diabaté : «Dans mon single ‘Wadada’ je ne parle mal de personne»

Dans cette interview qui suit, l’étoile montante de la musique malienne, Safi Diabaté, dont l’album «Wadada» ne cesse d’émerveiller ses fans, nous parle de son parcours musical. Née à Kita Ségouna dans une famille griotte, Safi Diabaté est venue dans la musique à travers la chanson de son idole, Ami Koïta «Toulonté Sobésa».

Le Reporter Mag : qui est Safi Diabaté et  comment êtes-vous venue dans la musique ?

 Je suis fille de Moussa Diabaté et Fanta Kouyaté. Je viens de Kita Ségouna. Je suis mariée et j’ai deux enfants. Mon mari s’appelle Mamadou Diabaté dit Momo. Je suis née dans la musique parce que je suis griotte. Lorsque que je suis venue au monde, ma grande sœur, Mamou Djéman Diabaté, chantait déjà. Mais, mon amour pour la musique est venu de la chanson d’Ami Koïta intitulée «Toulonté Sobésa».

 

Combien d’Album avez-vous produit et quels sont les thèmes que vous évoquez ?

 J’ai produit trois albums. Le premier album s’appelle «Championnat». Dans cette chanson, je parle surtout aux gens qui refusent les choses anciennes au profit des nouvelles. Je parle aussi de la lutte pour quelque chose qu’on aime. Dans cet album, je donne des conseils aux femmes de ne pas prendre l’argent des hommes qu’elles n’aiment pas. Dans le 2ème album, «Koyoumandon», je parle de la reconnaissance de mes «Diatiguis». Un griot n’est rien sans son «Diatigui». Et le 3ème album qui  s’appelle «Wadada» parle des mauvaises et des bonnes personnes. J’évoque surtout dans cette chanson l’hypocrisie des gens, la mauvaise relation  parentale, les mauvais époux et épouses ainsi que l’égoïsme des gens.

 

Quelle est la signification de votre chanson phare «Wadada» ?

«Wadada» signifie original. C’est-à-dire les gens qui n’aiment pas l’hypocrisie, qui n’aiment pas commencer une chose sans la terminer, qui n’aiment pas la mauvaise compagnie ou une mauvaise relation dans le mariage et dans la parenté. Ce sont ces gens qu’on appelle «Wadada». Mais ceux qui sont des hypocrites, des mauvaises épouses,  des mauvais parents, des gens qui ne tiennent pas parole, des malhonnêtes, ce sont ceux-là qui sont des «photocopies», de «faux billets». Dans la chanson, je ne parle mal de personne.  Le jour où j’ai composé cette chanson, j’étais au Maroc pour un concert. C’est de retour  du Maroc, dans le métro, que j’ai composée la chanson. J’étais tellement contente de l’accueil qu’on m’a réservé au Maroc. La chanson a été composée plus de 6 mois avant que je n’entre en studio. Cette chanson est adressée à tout le monde. Ce sont des comportements dans notre société actuelle que je dénonce.

 

Quelles sont les difficultés rencontrées depuis que vous avez commencé à chanter ?

 Les difficultés sont nombreuses. Vous savez, il n’y pas un travail au monde dans lequel on ne rencontre pas des difficultés. Mais si on a l’amour du travail qu’on fait, on réussira toujours à surmonter ces difficultés. Sinon, j’ai eu beaucoup de difficultés par rapport à l’accès à la télévision et aux animateurs. Aujourd’hui, pour sortir à la télé, il faut payer de l’argent, alors que les artistes et les animateurs sont liés.  Il y aussi des difficultés par rapport à la production et au piratage de nos cassettes à travers des téléphones portables et autres.

 

Comment arrivez-vous à gérer votre vie professionnelle et votre vie de couple ?

Chaque jour, je prépare à la maison, si je ne suis pas en voyage. Personne ne prépare le repas à ma place pour mon mari, quand je suis à Bamako.  Mais, s’il y a aussi des concerts et des événements que je dois animer, j’y vais aussi. Je n’ai pas eu de problème par rapport à ma vie professionnelle et ma vie de couple. J’arrive toujours à les concilier sans problème. Même si je reviens d’un concert à 3h du matin, je me lève tôt le matin pour faire mon devoir d’épouse. Si je n’ai pas un concert ou une animation à donner, je ne sors jamais de la maison avant 14h. Et même si je sors aussi, avant le crépuscule, je rentre à la maison.

 

Que pensez-vous de la musique malienne ?

 Franchement, la musique malienne est en train de s’améliorer. Auparavant, il n’y avait rarement de musiques ‘chaudes’ (dansantes). Mais aujourd’hui, avec l’évolution du monde, on assiste à des musiques plus dansantes qui répondent aux aspirations des jeunes. Mais, cela ne devrait pas nous faire oublier nos anciennes musiques. Donc, il faut savoir mélanger la tradition et la modernité pour que chacun trouve son compte.

 

Qui est votre référence sur la scène musicale malienne ?

 Mon idole, c’est Kandia Kouyaté. C’est d’elle que vient mon inspiration. Pour que je puisse bien chanter, il faut que j’écoute d’abord les chansons de Kandia Kouyaté. Mais quand je dois faire des recherches pour telle ou telle chanson, je cherche aussi dans le domaine, celui qui est mieux placé pour ça. À part ça, c’est Kandia Kouyaté qui m’inspire en premier lieu et Kassé Mady Diabaté aussi.

 

 

Quels conseils avez-vous à donner à vos frères et sœurs artistes ?

 Je leur demande d’être à eux-mêmes. Surtout, je demande à mes frères et sœurs griots et artistes de «rester  nous-mêmes». Car un griot ne peut être qu’un griot. Il doit faire du bien, respecter son Diatigui et ne jamais prendre quelque chose qui ne lui appartient pas. Un griot ne doit pas dire ce qui n’est pas à dire. Il doit savoir où aller, où parler et où mettre pied. Être à nous-mêmes signifie respecter nos coutumes, nos mœurs, nos valeurs et nos traditions.

 

Avez-vous quelque chose pour clore cet entretien ?

Je dis aux producteurs que les artistes ont des difficultés. Je leur demande de nous aider. Je demande également à nos fans d’acheter nos cassettes afin de nous encourager à faire de nouveaux albums pour leur faire plaisir.

Diango COULIBALY

Source: Le Reporter

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